> LA FOI DES DÉMONS OU L’ATHÉISME DÉPASSÉ, de Fabrice Hadjadj (Albin Michel, 2009). — L’athéisme en tant qu’il nie l’existence de Dieu ou la divinité de Jésus n’est pas le pire refus de Dieu possible. Le démoniaque n’est pas tant de vouloir le mal, que de vouloir faire le bien sans obéir à un autre, de vouloir faire le bien par ses seules forces, dans un don qui prétend ne rien recevoir, dans une espèce de générosité qui coïncide avec le plus fin orgueil. (Espaces libres)

> Babelio : https://www.babelio.com/livres/Hadjadj-La-foi-des-demons-ou-latheisme-depasse/17...
> Études (revue) : https://www.revue-etudes.com/article/la-foi-des-demons-ou-l-atheisme-depasse-129...
> Critiques Libres : http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/21056

> LA FOI DES DÉMONS OU L'ATHÉISME DÉPASSÉ, ESSAI De Fabrice Hadjadj. (Salvator, 304p., 20€). — Que le grand Huysmans n'en prenne pas ombrage: à s'aventurer Là-bas, dans les régions infernales, le philosophe et dramaturge Fabrice Hadjadj dément le caractère systématiquement démoniaque de ce qui est A rebours . La preuve? Il n'hésite pas à retourner nos a priori pour en montrer la fausseté. « Pour tout dire, écrit-il, le vrai problème est le suivant : Satan est très spirituel. Sa nature est même d'un esprit pur. Pas une once de matière en lui. Aucun penchant personnel pour le matérialisme. Alors, la spiritualité, on peut le croire, c'est son truc. » Dans ces pages, l'auteur explore les tours et les détours des abîmes, l'Ennemi surgissant où on ne l'attend pas, jusque dans les fausses vertus, protestant... de leur bonne foi. Une seule conclusion s'impose: Fabrice Hadjadj est très malin. (Rémi SOULIÉ)
—Publié le 16/05/2009 (Le Figaro)

Rien de tel qu'un converti pour souffler sur les braises attiédies des croyants « de souche ». Avec ce livre, Fabrice Hadjadj nous convie à une promenade en enfer ! Comme cet endroit pavé de bonnes intentions est fort glissant, il s'accroche fermement à la doctrine classique et reste vissé à l'Evangile. Il emprunte cependant le sentier escarpé du combat de la foi. Là, les tentations sont plus pour les croyants que les athées, libertins, luxurieux et agnostiques.

La première partie du livre porte sur la foi forte des démons qui savent avec toute leur intelligence la nature du Christ et refusent cette reconnaissance. Le point de friction majeur avec Dieu est cette liaison d'amour miséricordieux avec l'Homme, que le démon cherchera à fausser par les tentations. Ainsi, l'amour des pauvres peut devenir humanitarisme, l'abandon à la providence du quiétisme, l'annonce de la Bonne nouvelle de l'activisme évangélique. Très facile d'éviter l'Amour pour tomber dans l'amour-propre.

La seconde partie traite des différentes pièces sur l'échiquier de l'erreur. Pour cela, l'auteur reprend le dialogue fondateur du jardin d'Eden où la femme sera mise en travers de Satan par Dieu, en sa qualité de "mère des vivants". Fabrice Hadjadj souligne combien la voie démoniaque est une voie de torsion des réalités spirituelles que le croyant doit avant tout remettre à l'endroit, surtout dans les réalités physiques et charnelles. L'Evangile est chemin physique autant que spirituel, mais d'abord enraciné dans le réel !

La troisième partie porte sur le soleil de Satan et la nuit de la foi. La radicalité de l'Evangile incite le chrétien à approfondir sa relation avec le Christ, au risque de l'obscurité sur un chemin pavé de doutes, de silences, d'absences. La nuit de la foi est au cœur de cette relation fondée non pas sur un code moral, ni pénal, mais sur cette confiance de l'amour qui nait durant cette enfance que Satan ne connaît pas, pour ne l'avoir jamais vécue. C'est pourquoi elle est une des principales armes spirituelles. Retrouver l'esprit d'enfance (pas l'infantilisme !) est un chemin évangélique essentiel. Par là, Fabrice Hadjadj montre une sensibilité Théresienne évidente.

L'écriture de ce livre est simple, abordable en général. On n'en tire pas des nouveautés mais peut-être un retour à la simplicité. ( )