Ainsi en va-t-il de Ouagadougou, capitale des coups d' tat, o l'on imprime plus de tracts de propagande que de bulletins de vote: dans la nuit du 17 mai 1983, un nouveau putsch se pr pare, le ni me depuis l'ind pendance. Thomas Sankara, simple capitaine devenu premier ministre, va tre cart du pouvoir. videmment, la France s'en m le. On murmure que le monsieur Afrique de l' lys e, surnomm l'arracheur de dents, a fait le d placement depuis Paris. Les pantalons blancs, Grandville le financier moiti aveugle, Ezz l'aviateur, Vittorio l'arpenteur du d sert font enfler la rumeur. M me Weller, le journaliste revenu de tout, y va de son commentaire, relay par la Tantie J'ai Faim qui r gne sur un bruyan essaim de jolies bordelles, et tous les petits bana-bana des quartiers mis reux. Les sarcasmes fusent plus que les coups de feu. Et pourtant Malgr leur esprit railleur et fataliste, Noirs et Blancs confondus, tousse d sesp rent. Les uns r vent d'une Afrique enfi n d barrass e de ses oppresseurs. Les autres auraient peut- tre pr f r na tre du c t des opprim s. Le continent vit en eux plus encore qu'ils n'y vivent.Car on ne se remet jamais des cr puscules sous le tropique, quand le rouge de la lat rite r pond au ciel ensanglant . Avec son choeur (le petit peuple de Ouaga), son h ros sacrifi (Sankara) et la main implacable du destin (la politique trang re de la France), ce roman m le l' rudition au parler populaire d'Afrique de l'Ouest pour raconter par le menu la s rie de coups d' tats qui transformera la Haute-Volta en Burkina Faso.Jean Billeter est l'auteur de trois romans parus chez Jacqueline Chambon. N en Suisse, il s'est install Paris apr s avoir v cu en Afrique.