Un des tous premiers films de Claude Chabrol (le 4ème pour être précis, le premier "Le beau Serge" ayant été tourné en 1958). Une fois n'est pas coutume : on y trouve Paris abondamment filmé et un style relevant de la Nouvelle vague ("A bout de souffle" sortait la même année). Le film ne raconte pas une histoire mais se propose de faire des portraits de femmes à travers une équipe de vendeuses qui s'ennuient ferme, de 9h à 19h, dans la boutique où elles travaillent.
Chabrol a souhaité en réalité exposer les comportement grossiers et stupides des hommes vis-à-vis des femmes.
Victimes de bonimenteurs aisément violeurs, de castrateurs aigres, d'abrutis en tous genre, y compris d'assassins, les "bonnes femmes" rêvent, s'ennuient, détalent ou tombent dans le piège.
A travers des termes misogynes, Chabrol a choisi de donner un titre ambigu au film. Celui-ci aurait pu tout aussi bien s'appeler "Les proies" ou "Les prédateurs", selon le point de vue privilégié.
Il ne s'agit pas d'un grand cru de Chabrol et on n'est pas mécontent qu'il se soit ensuite orienté vers un autre genre de cinéma. Pourtant, "Les bonnes femmes" intriguent et intéressent par le regard désapprobateur que porte le réalisateur sur la manière dont on traite les femmes, quelque 60 ans avant Metoo.
Chabrol a toujours été du côté des femmes dont il aimait extraire la puissance, dont celle des nombreuses meurtrières qui peuplent son cinéma (Violette Nozière, La Cérémonie, Les noces rouges, etc.). "Les bonnes femmes" les placent pour une fois du côté des victimes. ( )