Raton-Liseur - Lectures de 2010

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Raton-Liseur - Lectures de 2010

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1raton-liseur
Editado: Nov 15, 2010, 1:09 am

Bonjour !
Je suis nouvelle dans ce dédale de bibliothèques et j'ai déjà envie de m'y perdre !
Je commence ma liste de lecture pour cette année au début du mois de mai, car je n'arriverais pas à être exhaustive pour les quatre mois de 2010 déjà écoulés.

2raton-liseur
Editado: Nov 11, 2010, 6:35 am

1. The Palace of Illusions (Le Palais des Illusions) - Chitra Banerjee Divakaruni
Un nouvel opus de ma féministe indienne préférée, dans un registre différent des ouvrages précédents puisqu’il s’agit cette fois de la réécriture d’un passage d’un des grands livres de légende indiens (le Mâhâbhârata, dont l’importance historique et culturelle pourrait être comparée à l’Odyssée d’Homère).
Les évènements sont racontés du point de vue de Draupadi, une princesse indienne, personnage très secondaire dans la narration initiale, et sa vision ne manque ni de sel ni d’intérêt ! D’après ce que j’ai lu, tous les évènements racontés sont soit fidèles à la version initiale soit inventés pour boucher les trous d’une narration qui ne laisse guère de place aux femmes et à leurs pensées.
Une lecture plaisante, mais qui demande plus de concentration que les romans précédents de l’auteur, et peut-être un intérêt pré-existant pour la culture indienne.
Pour ceux résidant en France, ce livre est traduit en français chez Philippe Picquier, un éditeur que je ne peux que recommander.

3raton-liseur
Editado: Nov 11, 2010, 6:52 am

2. Syngue Sabour : Pierre de Patience - Atiq Rahimi
Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu de prix Goncourt, des livres qui trop souvent ne me ressemblent pas, mais celui-là m’attirait… J’ai mis du temps, j’ai laissé la poussière retomber après l’emballement médiatique... Je l’ai enfin lu il y a quelques semaines, et j’ai été déçue...
Faut-il que la vie des femmes dans les sociétés musulmanes se résume à la sexualité ? Est-ce réellement tout ? Est-ce même le facteur le plus important ? Il y a des livres sur cette même question qui me semblent faire sentir mieux la réalité et sa complexité, qui me semblent mieux réduire la distance (si cela est possible) et amener un peu de compréhension, comme Mille soleils splendides de Khaled Hosseini (même si l’ambition littéraire est moindre) ou Le Libraire de Kaboul de Åsne Seierstad (même s’il est écrit par une européenne, mais cela est-il important ?). On peut donc passer son chemin, et trouver ailleurs des livres plus riches et plus parlants.

4raton-liseur
Editado: Nov 11, 2010, 6:55 am

3. Le Goût âpre des kakis - Zoyâ Pirzâd
Un recueil de nouvelles toutes âpres, comme le fruit du titre, car elles parlent de couples qui se désunissent, dans un Iran où hommes et femmes balancent entre tradition et modernité.
Une écriture discrète, des histoires banales, qui nous rappelle notre condition commune. Un agréable moment de lecture.

5raton-liseur
Editado: Nov 18, 2010, 11:07 pm

4. Le Jeu des Perles de Verre - Hermann Hesse
Un week-end riche en lectures... J'ai fini ce gros roman. Critique dans les jours à venir (cf. message 23)!

6raton-liseur
Editado: Nov 11, 2010, 7:19 am

5. Les aventures d'une grenouille Népalaise - Kanak Mani Dixit
Après le Jeu des perles de verre, il me fallait un livre plus léger. Quoi de mieux qu'un livre pour enfants !
Ce livre, hélas probablement uniquement disponible au Népal, est très didactique et est agrémenté de très jolies illustrations en noir et blanc (la grenouille, Bhaktay, est vraiment craquante avec son topi, le chapeau traditionnel, sur la tête !).
Mais c'est avant tout un livre destiné aux enfants qui connaissent le Népal, un peu comme un livre de géographie ou un guide touristique pour les 6-8 ans, pour apprendre à être fier de son pays ou à en regarder les beautés et les particularités : paysages, animaux, phénomènes climatiques... Et ça marche ! J'ai le sac à dos qui me démange et je n'ai plus qu'une envie (parmi d'autres) : aller au Mustang, cette partie très reculée du Népal, et aller rendre visite aux marmottes de la borne n˚22 qui marque la frontière entre le Tibet et le Népal !

7raton-liseur
Editado: Nov 11, 2010, 7:34 am

6. Mal de pierres - Milena Agus
Une jeune fille qui brosse le portrait de sa grand-mère aimée et fantasque. On ne saura pas ce qui est vrai et ce qui l’est un peu moins...
Ce livre m’a fait penser à un hybride entre la Maison aux esprits de Isabel Allende pour son regard décalé sur une histoire familiale ancrée dans sa culture et les Invités de l’île* de Vonne van der Meer pour son écriture légère et discrète.
Un étrange mélange me direz-vous, et vous aurez raison ! Cela donne une tonalité particulière au livre, mais le mélange ne prend pas tout à fait à mon goût. Peut-être un peu trop incertain entre ces deux extrêmes pour que j’accroche réellement, mais le livre peut avoir son charme.

* Le système ne reconnaissant pas les accents, le lien pour ce livre est ici : Les Invites de l'ile.

8raton-liseur
Editado: Nov 11, 2010, 7:42 am

J'avais promis les lectures depuis début mai, donc il est temps que je rattrape un peu mon retard...

7. Thursday Next - Tome 4 - Sauvez Hamlet ! - Jasper Fforde
Le 4ème opus des aventures de la célèbre détective littéraire Thursday Next. La voilà à nouveau dans la réalité, jonglant comme toujours entre une vie privée pas tout à fait simple (quel euphémisme...) et les noirs desseins des méchants qui veulent dominer le monde. C’est une caricature ? Oui, mais l’histoire fonctionne malgré (ou grâce à) ces méchants vraiment méchants et cette gentille qui n’a pas froid aux yeux.
Moins de références littéraires cette fois, plus d’anomalies temporelles (tours et détours, hoquets, spirales et boucles...). Moins d’imagination débridée (pas de portail de la prose par exemple), juste l’utilisation des ressorts qui ont bien fonctionné jusqu’à présent. Et ça fonctionne... Encore une fois, le livre est avalé en un ou deux jours avec gourmandise. L’essoufflement du tome 3 ne se confirme pas, et vivement le cinquième (et probablement dernier) tome des aventures de la détective Thursday Next et de son dodo domestique Pickwick !

9raton-liseur
Editado: Nov 11, 2010, 7:47 am

8. C’est très bien comme ça - E. Annie Proulx
Ma première lecture de Annie Proulx, cet auteur rendue célèbre par l’adaptation d’une de ses nouvelles en film (le Secret de Brokeback Mountain, qui vaut le détour chez votre vidéothécaire !).
En bonne représentante du « nature writing » (ces écrivains qui situent leurs « intrigues » dans les Etats encore sauvages du centre des Etats-Unis, et qui souvent y vivent aussi), Annie Proulx est le chantre du Wyoming. Les nouvelles de cet opus sont parfois tristes, toujours âpres, rugueuses. Des nouvelles où la vie achoppe, toujours au même endroit, là où on ne s’y attend pas.

10raton-liseur
Editado: Nov 11, 2010, 7:54 am

9. Les Invités de l’île* & Le Bateau du soir - Vonne van der Meer
Des nouvelles qui ont une unité de lieu, une maison de vacances louée pendant la saison estivale sur une île située au large des côtes hollandaises. Un petit parfum iodé sur ces moments anodins de vies anodines qui sont pourtant à des tournants : crise de couple, désir d’enfant, adolescence, deuil... Toutes les situations ne seront pas résolues quand les invités de l’île s’en retourneront sur le continent, mais ils y verront peut-être un peu plus clair ou auront un peu plus de courage, peut-être pas.
Les couvertures de l’édition 10/18 témoignent bien de l’ambiance de ces nouvelles : d’un blanc lumineux et un peu beige, presque aveuglant et un peu flou... Un charme pastel et délicat, un peu suranné et fragile...

* Le système ne reconnaissant pas les accents, le lien pour ce livre est ici : Les Invites de l'ile.

11raton-liseur
Editado: Nov 11, 2010, 8:04 am

10. Les chemins de Katmandou - René Barjavel
Un livre publié début 1969, peut-être un peu trop vite et à chaud après le mois de mai de l’année précédent. Ce livre sent un peu trop la frilosité bourgeoise et conservatrice (sans vouloir blesser qui que ce soit par ces termes, et je précise que je ne suis ni anarchiste ni révolutionnaire !). Les personnages n’ont guère de substance ou de crédibilité et il y a bien peu d’analyse du phénomène « flower power » des années 60 et de ses excès.
Cet auteur a fait mieux et certains de ses livres de science-fiction ont des messages bien plus intéressants (que l’on soit d’accord ou non avec la polygamie prônée dans Ravage, mais c’est un autre sujet !)

12raton-liseur
Editado: Nov 11, 2010, 11:12 pm

11. The Guernsey Literary and Potato peel pie Society (Le Cercle Littéraire des Amateurs d'épluchures de patates) - Mary Ann Shaffer
J’ai ouvert ce livre en me demandant quel pouvait bien être le rapport entre littérature et pommes de terre. Je ne suis pas plus avancée, sinon que peut-être les deux sont aussi nécessaires pour vivre (à Guernesey comme pour la Bretonne que je suis !).
Un roman sans prétention, pour juste passer un moment agréable et un peu fleur bleue, ce que j’appelle un bon roman de gare, ce qui n’est pas du tout péjoratif : être un bon compagnon de voyage tout en gardant un ton léger n’est pas chose aisée.

13raton-liseur
Editado: Nov 11, 2010, 11:19 pm

12. The Bookseller of Kabul (Le Libraire de Kaboul) - Åsne Seierstad
Ce livre ne raconte pas une histoire, mais est plus une série de portraits d’hommes et de femmes, une série d’instants capturés sur le papier. Tous ces personnages appartiennent à la famille élargie de Sultan Khan, un des plus importants libraires de Kaboul. Toutes ces anecdotes, ces moments de vie, se passent au printemps 2002, quelques mois après la chute des Talibans, quand le pays se met, d’abord timidement, à espérer à nouveau et à oser braver les interdictions extrémistes. C’est le temps où la musique revient, ou le vernis à ongles est à nouveau licite...
Des trois mois qu’elle a partagés avec la famille de Sultan Khan, la journaliste Åsne Seierstad nous livre ce reportage en forme de courts chapitres que l’on pourrait presque lire indépendamment les uns des autres. Son témoignage me semble essayer d’être aussi objectif que possible, et j’aimerais notamment relever sa façon de traiter le sujet de la condition féminine. Ses sentiments personnels ne sont évoqués que dans son introduction, tandis que dans le livre en lui-même elle fait un gros effort pour rendre aussi fidèlement que possible le point de vue des femmes de la famille, faisant la part entre les restrictions talibanes qu’elles rejettent avec plaisir ou soulagement et les traditions, croyances et façon de vivre auxquelles elles adhèrent, avec plus ou moins de bonheur certes mais sans jamais réellement les remettre en cause. La ligne entre les deux n’est pas là où beaucoup d’entre nous la croient, et c’est tout l’enjeu du demain de l’Afghanistan.
Un livre sans thèse, qui ne cherche qu’à mieux cerner une réalité que l’on nous présente souvent de façon trop simpliste. Un témoignage intéressant, qui se lit facilement et que je recommande non pour ses qualités littéraires mais pour l’éclairage qu’il apporte. On se demande, en refermant ce livre ce que cette famille est devenue, comment elle a fait face à la période des espoirs déçus qui a suivi cette sorte d’état de grâce qu’a représenté le printemps 2002.

14raton-liseur
Editado: Nov 12, 2010, 3:03 am

13. La Reine Népalaise - Bernard Grandjean
Ce livre est basé sur la vie de Brikhouti Devi, épouse népalaise du roi du Tibet Songtsen Gampo (v.609-613 - 650), sorte de roi éclairé qui introduisit l’écriture et le bouddhisme au Tibet. Les faits relatés sont inspirés de ce que l’on connaît de cette période, et le roman fait appel autant aux sources historiques qu’aux légendes, la frontière entre les deux étant bien floue puisque certains mettent en doute l’existence même de Brikhouti Devi.
Si le livre est intéressant d’un point de vue historique (je comprends mieux l’importance des démons dans le panthéon du bouddhisme tibétain), les personnages n’ont guère de relief et la reine narratrice parle trop de “vraie foi”, et se prend trop pour une sainte aux idées pures (même si ses actes ne le sont pas toujours). Cela ressemble trop à une image d’Epinal d’un martyr chrétien à Rome ou à une histoire biaisée de la conversion des Amériques pour que le personnage ne m’énerve pas.
Dommage, car j’attendais beaucoup de cet auteur, dont le précédent roman historique, Le Jardin des mensonges, qui retrace la vie du fantasque VIème Dalai Lama (1683-1706), est absolument magique, dépaysant et agréable à lire (une de ces petites surprises délicieuses quand on achète un livre un peu par hasard et qu’il se révèle être une petite pépite) ! Je préfère donc rester sur le souvenir de ma précédente lecture de cet auteur et recommande chaudement Le Jardin des mensonges (et bien moins chaudement la Reine népalaise).

En passant, un petit mot sur les éditions Kailash, qui publient cet auteur. C’est une maison peu connue, basée en partie à Paris et en partie à Pondichéry. Un catalogue exclusivement asiatique et original, que je vais continuer à explorer (en espérant moins de coquilles que dans la reine népalaise...). Les livres de ces éditions sont disponibles dans de nombreuses librairies asiatiques (je peux vous donner une adresse au Népal ou au Sri Lanka si vous en avez besoin...), en France (bureaux proches du Panthéon à Paris), peut-être en commandant chez votre libraire, ou bien par Amazon.fr (j’ai vérifié, Le jardin des mensonges est disponible !).
Note: Je n’ai aucun intérêt dans cette maison d’édition ni dans le secteur du livre en général, mais j’aime, en tant que lectrice, les librairies indépendantes et les petites maisons d’édition qui proposent un catalogue original, nous offrant de la diversité et souvent des bonnes surprises ! Publicité complètement gratuite donc !

15raton-liseur
Editado: Nov 12, 2010, 3:04 am

14. Les jours, les mois, les années - Yan Lianke
Une vraie leçon d’agronomie, c’est ce que j’ai pensé à la lecture de ce livre. Toute l’ingéniosité d’un vieux paysan chinois livrant une bataille désespérée contre la sécheresse, déployant toute son ingéniosité et son savoir pour sauver ne serait-ce que ce dernier pied de maïs, car c’est l’avenir. Un seul épi de maïs, ce sont les semences de demain…
Mais ce n’est pas faire honneur à ce livre que de le réduire à cette seule dimension. Il y a certes cette connaissance viscérale de la terre, mais c’est aussi et surtout une ode à l’inébranlable entêtement humain, à celui qui nous fait traverser les siècles, qui nous fait perdurer, génération après génération.
Ce livre se veut une fable intemporelle et universelle : il n’y a aucune indication explicite de lieu ou de temps, même si un peu de connaissance d’histoire agricole pourrait permettre de deviner la région de Chine et la décennie, je ne m’y suis pas risquée. Je préfère conserver l’universalité de ce petit livre, poétique et triste, d’une tristesse résignée et transfigurée par la dignité de qui ne s’avoue jamais vaincu.
Je ne sais pas comment décrire ce genre de livre, trop poétique, trop subtil pour mon écriture, et c’est dommage car je ne suis pas sûre de lui faire justice et d’arriver à communiquer l’envie de le lire. Un livre à lire un après-midi d’été, quand le soleil tape tellement que l’on sent le poids de ses rayons…

16raton-liseur
Editado: Nov 12, 2010, 3:06 am

15. Peace (Paix) - Richard Bausch
Ce livre m’a laissé une impression mitigée. Je n’ai pas vu la « complexité morale » de la guerre dont il est question sur la 4ème de couverture, et je trouve les réactions des soldats aux évènements extérieurs peu vraisemblables. Ils semblent retournés par des actes somme toute mineurs au regard de ce que la guerre peut produire (sans pour autant que je minimise le côté répréhensible de tels actes), comme si l’auteur avait voulu protéger le lecteur des atrocités qui peuvent effectivement être perpétrées. C’est dommage, car en voulant épargner le lecteur, Richard Bausch écorne un peu trop la vraisemblance de son récit.
J’aurais préféré un texte plus épuré, une absence plus totale d’intrigue, qui aurait mieux mis en relief les pensées des soldats et leurs débats intérieurs. Car c’est là que j’ai aimé ce livre, dans sa capacité à montrer les pensées et sensations de ces hommes pour qui la guerre n’est pas une évidence. La peur, la foi, la famille, le courage, la solidarité, l’avenir... Des pensées simples, qui évoluent au gré des situations, et qui semblent sonner toujours justes, exprimant mieux qu’une analyse comment les évènements de la guerre affectent ces hommes (probablement le fruit de l’expérience de l’auteur...).
Je comprends que ce livre puisse plaire, même s’il m’a laissée sur ma faim.

17domguyane
Jun 13, 2010, 11:53 am

# 11 En fait ce livre de René Barjavel est tiré du scénario qu'il a coécrit avec André Cayatte, le réalisateur du film du même nom, musique de Gainsbourg, avec Jane Birkin. On ne peut effectivement pas dire de lui qu'il était un 68ard, puisqu'à l'époque il était déjà sexagénaire ...

18raton-liseur
Editado: Nov 12, 2010, 3:06 am

#17 - Merci pour l'info, domguyane. Cela explique peut-être un peu le fait que l’intrigue soit si légère. Mais cela n’excuse pas à mon avis le manque de réalisme des situations décrites et l’absence d’analyse (qu’est ce qui pousse tant de personnes à partir sur ces chemins de Katmandou ou d’ailleurs ?). On peut être opposé à ce qu’il s’est passé à cette époque, ne pas approuver les choix de toute une partie de cette génération (et Barjavel est loin d’être le seul de cet avis) et tout de même proposer une vision plus construite. Je suppose que j’attendais trop de ce livre, en tout cas mon attente n’était visiblement pas en accord avec ce que l’auteur se proposait de faire...

19raton-liseur
Editado: Nov 12, 2010, 3:08 am

16. Lord of the Flies (Sa Majesté des Mouches) - William Golding
Un livre passionnant… Un anglais un petit peu au-dessus de mes compétences (surtout dans les descriptions du premier et du dernier chapitre), qui me fait peut-être regretter de ne pas l’avoir lu en français.
Un livre que je recommanderai facilement, bien qu’il sape toute illusion sur la nature humaine. Une allégorie tellement réaliste, et tellement possible, de ce que peut être (est) la société humaine. Nos choix et leurs ressorts, la place de la morale et de la peur... Je ne veux pas trop en dire car l’histoire gagne à se découvrir au fil des pages.
Je m’étonne juste que ce livre soit considéré comme un livre pour enfant. Trop plausible à mon sens...

20raton-liseur
Editado: Nov 12, 2010, 3:09 am

17. La Route - Cormac McCarthy
Pas un livre fait pour moi... Je n’aime pas du tout ce style monocorde, haché, lapidaire, plein de non-dits, tant dans les dialogues que dans les descriptions.
L’idée est très intéressante, la phrase citée sur la 4ème de couverture laissait beaucoup espérer : « Comment saurait-on que l’on est le dernier homme sur terre ? », et pourtant ce livre m’a déçue. Les questions sont posées, les ingrédients sont là : comment survivre quand on ne peut plus penser vivre, comment être un père quand il n’y a qu’un monde disparu à transmettre, comment rester humain quand seule l’absence de scrupules laisse une chance. Comment, tout simplement, rester du côté des gentils...
Mais le livre n’apporte guère d’élément de réponse. Et l’on se retrouve à la fin du livre comme au début, juste un peu plus déprimé (c’est probablement un euphémisme...). Car il faut au moins reconnaître cela à ce livre : le gris morne des paysages, les traces de la défaite irrémédiable de notre civilisation et la bataille constante des personnages pour (sur)vivre ne serait-ce que quelques heures de plus, ne serait-ce que jusqu’à la prochaine désillusion, le prochain jour sans lendemain, tout cela finit par déteindre sur le lecteur, et mon pessimisme viscéral est sorti de ce livre renforcé au-delà de l’acceptable !...

Petite note complémentaire : Le film a les mêmes défauts que le livre, ne faisant qu’effleurer les questions intéressantes, mais ré-agence les faits de façon plus forte. Les 10 ou 20 premières minutes sont très bonnes, notamment la scène de la grange (qui n’est pas dans le livre !), mais le reste du film ne tient pas à mon avis la promesse initiale.

21raton-liseur
Editado: Nov 12, 2010, 3:11 am

18. The Storyteller's tale (Le Conteur) - Omair Ahmad
Il me fallait une lecture légère après les lectures sombres de ces deux dernières semaines...
Ce petit livre m’a effectivement offert une lecture facile, mais qui ne manque pas d’intérêt pour autant. La seconde moitié du livre notamment est bien menée et m’a bien plue.
L’« intrigue » est basée sur un duel de contes, où la même histoire est racontée par trois fois, selon des points de vue différents, donnant à chaque fois à mieux comprendre la signification de l’histoire, ainsi que les sentiments qui animent les conteurs. Je pourrais dire que la vérité n’est qu’une illusion, mais ce serait aller trop loin par rapport aux intentions de l’auteur je pense.
Quelques pages (120 pages écrites assez gros), presque dignes d’un livre pour enfant, que je pourrais conseiller pour une après-midi dans un hamac ou sur le sable (c’est de saison) !

22raton-liseur
Editado: Nov 12, 2010, 3:15 am

19. Nothing by Chance (Il n’existe pas de hasard*) - Richard Bach
Je ne savais pas que Richard Bach avait écrit autre chose que Jonathan Livingstone le Goéland (et Le Messie récalcitrant, mais avec un tel titre je n’ai toujours pas pu me résoudre à ouvrir ce livre). Les touristes qui viennent de par chez nous semblent pourtant beaucoup apprécier cet auteur, car on trouve ses livres dans toutes les librairies d’occasion du coin !
Cet opus est autobiographique et décrit l’été 1966, que Richard Bach a passé à faire du « barnstorming », allant de villages en villages dans l’Amérique profonde (comprenez rurale, les vrais gens en somme) avec son vieux biplan de 1929 pour offrir quelques tours dans le ciel à une population qui a d’habitude les deux pieds bien sur terre. Un été itinérant et saltimbanque, à vivre principalement de l’air du temps (et de gasoil !).
Richard Bach n’a pas la facilité d’écriture (ni la profondeur de pensée) des grands aventuriers auquel il aimerait probablement se comparer. Et surtout, il a une propension à juger les gens (ceux qui ne partent pas même s’ils en rêvent, ceux qui ont peur...), à se croire au-dessus de la masse du fait de sa vie qui diffère de la norme. C’est comme s’il avait tout compris à tout, qu’il n’y a qu’un choix qui soit valable et que lui l’a fait, ce qui lui donnerait le droit de nous asséner ses vérités.
Il en oublie que sa belle liberté n’est possible que parce qu’il y a des gens qui le font tourner, ce système qu’il méprise, des gens qui peuvent dépenser 3 dollars pour quelques minutes de rêves à bord de son avion. Si tout le monde faisait du « barnstorming », il n’y aurait plus de client! Il me semble plus juste, quelques soient nos choix, de se sentir partie du monde, ni mieux ni moins bien que les autres, plutôt que supérieur. Le choix de rester dans le rang est aussi un choix courageux, même si ce n’est pas souvent dit, un choix que l’on doit respecter, que l’on peut admirer aussi parfois. Richard Bach manque de l’humilité suffisante pour pouvoir voir cela.

* A ma connaissance ce livre n’a pas été traduit en français. La traduction du titre est donc ma propre invention…

23raton-liseur
Editado: Nov 23, 2010, 12:24 am

Petit retour en arrière... J’ai enfin écrit la "critique" du Jeu des Perles de Verre promise il y a plusieurs semaines (cf. message 5).

4. Le Jeu des Perles de Verre – Hermann Hesse
Un gros livre, à la structure un peu déroutante : d’abord une biographie d’un personnage fictif, le Magister Ludi Joseph Valet, puis deux parties courtes contenant les écrits de jeunesse de ce même personnage, des poèmes d’abord puis des biographies imaginaires (étrange mise en abyme...).
Le livre fait montre d’un étalage de connaissances dans des domaines aussi variés que la musique, la religion hindoue ou la philosophie. Peut-être n’ai-je pas perçu toutes les subtilités et les sous-entendus, mais il ne m’a pas semblé que l’absence de connaissances approfondies dans ces domaines soit un obstacle à la compréhension du livre et au plaisir, un peu ardu et suranné certes, de sa lecture.
Dernier livre écrit par Hermann Hesse, cette oeuvre se veut probablement une sorte de testament. L’aboutissement de sa réflexion sur le sens à donner à sa vie, sur le meilleur usage que l’on puisse faire de son temps sur terre. Même si c’est la somme d’une vie de réflexion, il est intéressant de voir que le livre (et donc son auteur ?) ne tranche pas. Il n’y a ni thèse radicale ni slogan. Peut-être le plus important est-il de trouver sa propre voie, son propre équilibre, et de s’y tenir, de trouver et d’accepter sa place dans le monde. Si c’est bien le message de ce livre, c’est une philosophie finalement assez proche du Tao que nous propose Hermann Hesse : trouver sa place dans le flot du monde et se laisser porter plutôt que lutter inutilement.
Sous cette philosophie qui peut paraître fataliste à l’aune de la culture occidentale, on sent aussi une certaine désillusion dans le regard qu’Hermann Hesse porte sur le monde qui l’entoure, peut-être l’influence de la chape de plomb qui pesait sur la société allemande lors de la montée du Nazisme (le livre a été publié pour la première fois en 1943 en Suisse). J’ai le sentiment, peut-être erroné, que pour Hermann Hesse, la première moitié du XXème siècle a été marquée pas une décadence à la fois intellectuelle et morale, et il semble en être profondément affecté. (Cela me renvoie à un sentiment que j’ai éprouvé à la lecture du Tour du Malheur de Joseph Kessel, bien que les deux livres soient très différents l’un de l’autre tant dans leur écriture que dans leur propos).
C’est probablement cette désillusion qui a amené Hermann Hesse à se réfugier dans un futur rêvé (bien que pas idéal). Le Jeu des Perles de Verre se déroule en effet dans une province d’Allemagne fictive, la Castalie, probablement au cours du XXIIème siècle, malgré une atmosphère digne du XIXème siècle. Un peu comme un fragile âge d’or retrouvé. Ce flou temporel fait de ce livre un roman d’anticipation lors de sa parution (l’après-guerre), et une sorte d’uchronie aujourd’hui (comment nous aurions pu reconstruire le monde si nous avions tiré les enseignements des innombrables guerres du siècle passé).
Le Jeu des Perles de Verre est comme une personnification de cet âge d’or. Il rassemble beaucoup des thèmes chers à Hermann Hesse : la notion d’universalisme, l’équilibre entre art et science, l’excellence, la notion de service... C’est aussi une tentative pour réconcilier notre culture européenne et la fascination pour les cultures asiatiques « découvertes » par les intellectuels du XIXème siècle, avec l’idée de renouveler la vitalité de notre culture par ces nouveaux apports.
Ne me demandez pas de vous expliquer les règles de ce jeu qui donne son titre au livre. Après toutes ces centaines de pages, je ne sais toujours pas ce que c’est. Tout sauf un jeu... Les parties sont écrites à l’avance, composées plutôt, comme une partition de musique ; il y a plusieurs joueurs mais rien n’indique qu’ils soient adversaires... Et le fait de dire que « jeu des perles de verre » est l’un des noms du jeu de go ne fait que brouiller un peu plus les pistes, car n’est pas un « simple » jeu de stratégie. Est-ce d’ailleurs même un jeu ? Ce jeu est plus un succédané de rituel religieux dans l’Ordre castalien, qui, lui, est laïc. C’est aussi la quintessence de cet Ordre centré sur l’universalisme du savoir, sur l’étude et la recherche de correspondances entre des disciplines aussi diverses que la musique et les mathématiques. La pratique de la méditation y est aussi centrale.
Ce jeu est donc plutôt une métaphore d’un idéal de vie, guidé par une grande rigueur intellectuelle et une volonté d’exemplarité. Il peut aussi symboliser la recherche d’une vérité unique ou unificatrice du monde. Et la biographie de ce fictif joueur est pour Hermann Hesse une réflexion sur la place qu’un homme a dans le monde. Il y a un parallèle intéressant avec la philosophie du Tao ou avec la notion de destruction / reconstruction de l’hindouisme (telle que personnifiée par Shiva), et il est intéressant de voir comment ces notions, apparemment si étrangères voire antagonistes à notre culture occidentale, sont incorporées, digérées, réarrangées.
En conclusion, Le Jeu des Perles de Verre est un livre à lire plutôt comme un document que comme un bon roman qu’on lit avec gourmandise sous la couette, mais c’est un exercice intéressant, qui me donne envie de relire des livres de mon adolescence, comme Siddharta ou le Loup des Steppes.

24raton-liseur
Editado: Nov 12, 2010, 3:19 am

20. Dragonkeeper (Liu et le Vieux Dragon) - Carole Wilkinson
Je n’ai jamais vraiment arrêté de lire des livres pour enfants. Ma dernière tentative, Sa Majesté des Mouches, m’avait laissée sur ma faim : un bon livre, mais vraiment pas destiné aux enfants. Dragonkeeper, lui, est bien un livre pour enfants, pas de doute. Et un bon !
La petite Ping (transformée en Liu dans la traduction française semble-t-il) est un personnage très attachant, une héroïne qui se construit sous nos yeux, au fil des pages. Certes, c’est une petite fille têtue dès le début, mais elle n’est pas un héros dès sa naissance (rien à voir avec un Harry Potter). Elle n’aime pas voler sur le dos d’un dragon, elle a peur de l’inconnu de l’aventure... Mais elle vole quand même, elle part quand même, un peu contre son gré, mais elle saura faire face, elle apprendra à prendre soin d’un dragon, et elle construira sa force, son savoir et sa détermination petit à petit, à la force de sa volonté. C’est presque dommage que Ping acquière des pouvoirs magiques sur la fin, son côté petite fille comme les autres (et plutôt mal partie dans la vie) qui prend sa vie et son courage à deux mains est ce qui la rend attachante.
L’histoire est assez simple, voire parfois prévisible, mais c’est un livre pour enfants, c’est normal ! Le seul « hic » est le côté didactique du livre qui est parfois trop apparent. On pourrait enseigner les maths, la botanique, la chimie, la géologie et bien plus avec ce livre (une mine pour un instit !), et bien sûr l’histoire. La documentation sur cette période de l’histoire chinoise (la dynastie Han, en 141 avant J.C.) semble rigoureuse et le livre fourmille de détails (les chaussures, la fréquence des bains, l’évacuation des eaux usées, l’agriculture...) et je regrette de ne pas avoir une édition illustrée de ce livre, pour prolonger le voyage à travers les différents paysages de la Chine, des déserts à l’océan, et à travers les différentes pièces et jardins des palais impériaux.
Ce livre est un régal pour rêver, transporté dans le temps et l’espace sur les ailes d’un dragon, et pour apprendre sans (trop) s’en apercevoir. A lire seul ou accompagné d’un beau livre d’histoire sur la Chine des Han et leur fabuleuse civilisation. Un livre qui fera de futurs passionnés de la Chine et de l’Asie !

25raton-liseur
Editado: Nov 12, 2010, 3:22 am

21. Le Soleil des Scorta - Laurent Gaudé
Un livre agréable et simple, sans grande originalité. J’ai préféré d’autres livres de cet auteur, plus complexes et souvent plus noirs (le célèbre La Mort du Roi Tsongor, mais aussi les quatre nouvelles de Dans la nuit Mozambique par exemple).
Ce livre reste cependant un bon moment de lecture, un intermède ensoleillé (le soleil des Pouilles), sur le thème souvent traité du clan familial.

26raton-liseur
Editado: Nov 12, 2010, 3:24 am

22. Le Convoi de l'eau - Akira Yoshimura
J’ai beaucoup aimé le premier livre de Akira Yoshimura que j’ai lu il y a plusieurs années maintenant, Naufrages. Je n’ai jamais retrouvé un aussi bon libre de cet auteur par la suite.
Le Convoi de l’eau est toutefois un livre intéressant. Très japonais dans sa facture, où la description des scènes ou des paysages est presque plus importante que l’histoire en elle-même, mais moins glauque que certains autres auteurs de cette île extrême-orientale (Kawabata par exemple avec Les Belles endormies ou Murakami, dont le succès de Kafka sur le rivage m’étonne encore, sont beaucoup trop glauques à mon goût…).
Le Convoi de l’eau raconte l’étrange histoire d’un village condamné à s’exiler du fait de la construction d’un barrage, et comment leur façon de réagir, mêlant résignation et tradition, est perçue par un des ouvriers du chantier. Il est question de mort et de culte des ancêtres, d’honneur et de rédemption. Un livre court et sans fioriture, qui ouvre une fenêtre sur cette société aux codes si spécifiques.

Le deuxième meilleur livre (à ce point de mes lectures) de cet auteur peu prolifique décédé en 2006, mais dont les éditions Actes Sud ont la bonne idée de traduire l’œuvre, à raison d’un ou deux livres par an. A suivre…

27raton-liseur
Editado: Nov 12, 2010, 5:50 am

23. L’Ombre de ce que nous avons été - Luis Sepúlveda
Un très joli petit livre. Beaucoup de nostalgie, une bonne dose d’humour déjanté… Un vrai plaisir de lecture, comme il n’y en a que trop rarement !
L’ombre de ce que nous avons été est, sous couvert d’une réunion d’anciens gauchistes de toutes tendances contraints de fuir leur pays, le Chili, après le coup d’Etat contre Allende et récemment revenus d’exil, un livre sur la difficulté de l’exil et du retour, sur les idéaux de jeunesse à l’épreuve du temps qui passe et de la bedaine qui pointe.
Il y a parfois quelques maladresses dans l’écriture, mais elles sont vite oubliées grâce aux personnages qui sonnent juste, et avec lesquels il est agréable de faire un bout de chemin !
Dommage que je ne puisse raconter l’histoire, j’aurais aimé relever certains passages et certaines anecdotes qui m’ont plus plus que les autres, mais je préfère vous laisser le plaisir de la découverte !

28raton-liseur
Editado: Nov 23, 2010, 12:53 am

Une fois n’est pas coutume, une critique en anglais. J’ai eu la chance de lire un roman encore non publié, Ebocloud, pour lequel l’auteur recherchait des critiques. Une première pour moi, et une expérience intéressante ! (Traduction disponible dans le message 31).

24. Ebocloud - Rick Moss
Blimey! Is it what we have become?
In a not-so-distant future, a group of friends witnesses the emergence of a new technology based on computerised social networks, supposedly meant to make all of us happier, more altruistic, and live in a wonderful land ever after… The characters are at this crucial turning point, when everything is still possible, and where the hero is always supposed to make the right choice for humankind. But I won’t talk more about the plot, it is too good to spoil!
This unpublished first novel has some great potential and I feel privileged to have been able to read it at this stage. Two important aspects of the novel that I would like to underline…
First, it takes place at a rather unusual moment for a near-future fiction: usually the oppressive system is in place, and a hero ends up figuring out that the system is not as good as it is said to be, hence intends to destroy it and free humankind (yes, I am being emphatic here!). In Ebocloud, interestingly, the plot is much earlier and depicts the time when the system is put in place (not necessarily with the aim of being oppressive). You’ve always wanted to know how we ended up in 1984? You’ve always thought a Brave New World was just not possible? Think twice… It is as simple as an Ebocloud…
Second, I want to mention the constant irony I have enjoyed throughout the book. The characters’ reasoning are always full of sophisms and are so short-sighted that it becomes really funny. Is it what we have become? Incapable of critical analysis, so shallow, so happy to give away our free will…? As the author has made the choice of remaining neutral, I have not found even one indication to know if the book should be read literally or with a pinch of salt. I trust Rick Moss, the author, did this on purpose, and I hope readers will catch this. Else, it will prove that this novel is not set in the future, but in today’s life. How scary…
I think the novel still needs a bit of polishing, and I can see a few areas for improvement, but as I said, I think it has great potential, as a non-conventional futuristic and light novel, and I really enjoyed the read. So I wish the best to this new author, hopefully soon-to-be-published!

29raton-liseur
Editado: Nov 12, 2010, 6:38 am

25. Belek, une chasse dans le Haut-Altaï - Galtsan Tschinag
Deux longues nouvelles venues des steppes mongoles. Deux vies qui ont, chacune à leur manière, traversé le siècle et vu les changements profonds qui l’ont jalonné. Deux vies qui n’ont guère en commun, sinon le théâtre dans lequel elles se déroulent et, surtout peut-être, la tristesse simple qu’elles véhiculent. Tristesse d’une vie qui n’a pas tenu ses promesses, tristesse de regrets sans fin.
Nostalgie, paysage, nature, relations humaines… Galtsan Tschinag a la poésie tranquille qui traduit l’universalité et la particularité d’une vie, à la fois ancrée dans son environnement naturel et social et si compréhensible et partageable.
Un joli petit livre qui s’accorde bien avec les vents frais de fin de mousson qui balayaient ma terrasse en cette fin d’après-midi de lecture.

30raton-liseur
Editado: Nov 23, 2010, 12:58 am

C’est la première fois que je gagne un livre avec les « Critiques en avant-première », et hélas ce n’est pas une réussite. J’espère avoir plus de chance la prochaine fois ! (Traduction disponible dans le message 32).

26. A princess of Passyunk - Maya Kaathryn Bohnhoff
A book mixing a lot of interesting themes: cultural identity in a migrant family, the existence of magics in the real world… But I can’t help thinking that it never came together. It is difficult to point what is missing, I just could not find something that made me feel close to the story, neither the story, nor the characters, nor the style.

31raton-liseur
Editado: Nov 23, 2010, 4:08 am

Deux critiques en anglais à dix jours d’intervalle dans cette liste de lecture, c’est plutôt inadmissible. Il est temps de faire un effort de traduction… Donc voici les critiques 24 et 26 traduites (respectivement message 28 et message 30) !

24. Ebocloud (Ebocloud*) - Rick Moss
Mince alors ! Est-ce donc cela que nous sommes devenus ?
Dans un avenir pas si lointain que cela, un groupe d'amis assiste à l'émergence d'une nouvelle technologie basée sur les réseaux sociaux informatisés, prétendument destinée à nous rendre tous plus heureux, plus altruistes, et à nous permettre de vivre pour toujours dans un pays merveilleux... Les personnages sont à ce tournant crucial, où tout est encore possible, et où le héros est toujours censé faire le bon choix pour l'humanité. Mais je ne veux pas en dire plus à propos de l'intrigue, elle est trop bonne pour vous gaffer la surprise !
Ce premier roman encore non publié a un potentiel certain et j’ai de la chance d’avoir pu le lire à ce stade. Deux aspects importants du roman que je tiens à souligner...
D’abord, ce roman se déroule à un moment plutôt inhabituel pour une fiction dans un futur proche : en général le système oppressif est en place, et un héros s’aperçoit soudain que le système n'est pas aussi bon qu'on le dit, et il se lance donc dans une quête pour le détruire et libérer ainsi l'humanité (oui, je suis légèrement ironique…). Dans Ebocloud, par contre, l'intrigue se situe beaucoup plus tôt, alors que le système se met en place (pas nécessairement avec l’idée d’être oppressif d’ailleurs). Vous avez toujours voulu savoir comment nous nous sommes retrouvés en 1984? Vous avez toujours pensé que le Meilleur des mondes n'était tout simplement pas possible? Réfléchissez à deux fois ... C’est simple comme un Ebocloud...
Deuxièmement, j’aimerais mentionner l’incessante ironie que j'ai appréciée tout au long du livre. Les raisonnements des personnages sont bourrés de sophismes et sont tellement à courte vue qu'il en deviennent véritablement drôles. Est-ce donc cela que nous sommes devenus ? Dépourvus du moindre sens critique, si superficiels, si contents (peut-être soulagés) de renoncer à notre libre arbitre...? L'auteur ayant fait le choix de rester neutre, je n'ai pas trouvé une seule indication pour savoir si le livre devait être lu littéralement ou au deuxième degré. Je suis persuadée que l’auteur, Rick Moss, a fait cela à dessein, et que les lecteurs s’en apercevront. Si ce n’est pas le cas, cela prouvera que ce roman ne se situe pas tant dans l'avenir que dans notre présent. A faire froid dans le dos...
Je pense que ce roman a encore besoin d’un peu de travail, et je vois plusieurs points d’amélioration possibles. Mais comme je l'ai dit, je pense qu'il y a du potentiel, en tant que roman futuriste non conventionnel et léger. J'ai réellement apprécié cette lecture et je souhaite le meilleur à ce nouvel auteur, bientôt publié, espérons-le !

* Ce livre non publié n’a bien sûr pas été traduit en français. La traduction du titre est donc ma propre invention…

32raton-liseur
Editado: Nov 12, 2010, 6:41 am

26. A princess of Passyunk (Une princesse à Passyunk*) - Maya Kaathryn Bohnhoff
Un livre avec plusieurs thèmes intéressants: l'identité culturelle dans une famille de migrants, la place de la magie et du rêve dans le monde réel ... Mais je ne peux m'empêcher de penser que la mayonnaise ne prend pas. Je ne saurais dire exactement ce qui manque, mais je n’ai rien trouvé dans ce livre qui me fasse me sentir proche du roman, ni l'histoire, ni les personnages, ni le style.

* A ma connaissance ce livre n’a pas été traduit en français. La traduction du titre est donc ma propre invention…

33domguyane
Set 22, 2010, 5:41 am

le titre c'est lecture des francophones, pas lectures en français, alors ya pas de mal !

34raton-liseur
Set 23, 2010, 2:25 am

Bonjour Donguyane,
Et merci pour le clin d'oeil!

35raton-liseur
Editado: Nov 12, 2010, 6:43 am

Voilà plusieurs semaines que cette liste de lecture est en sommeil. Et pourtant, ce n'est pas faute de lire. Mais quelques semaines de vacances loin de l'ordinateur m'ont fait prendre beaucoup de retard, qu'il va me falloir combler peu à peu. Il y a près d'une dizaine de livres en attente de leur critique, alors autant s'y mettre tout de suite !

36raton-liseur
Editado: Nov 12, 2010, 6:47 am

27. Comme tous les après-midi - Zoyâ Pirzâd
La même poésie simple que Le Goût âpre des kakis que j’ai lu plus tôt dans l’année (cf. message 4 plus haut). Mais ici, plutôt que des instants-clefs de la vie des femmes qui sont au centre de ses nouvelles, c’est plus une synthèse de leur existence que Zoyâ Pirzâd nous livre, en quelques pages simples et quelques fleurs d’amandiers. Des vies simples, chaque jour identiques, comme dans « La Tache », ou suivant son chemin tout tracé comme dans « L’Hiver » ou « Une vie ». Le titre du recueil, qui est aussi celui d’une des nouvelles, résume bien le lisse de ces vies, que Zoyâ Pirzâd restitue avec une jolie tendresse et beaucoup de douceur. Et, dans cette simplicité, il est beaucoup question de transmission, que ce soit symbolisé par une jolie robe verte ou un couvre-lit tricoté à quatre mains.
Beaucoup de tendresse dans ces petites nouvelles qui fondent sous la langue et que l’on finit tranquillement de sucer pendant quelques minutes avant de tourner la page pour commencer la suivante. Comme des bonbons sucrés, même si les dernières nouvelles, avec des femmes qui ne rentrent pas dans ce modèle de vie, pour un instant ou pour plus longtemps, laisse entrevoir qu’il existe autre chose, ni mieux ni moins bien. Juste d’autres choix possibles.

37raton-liseur
Editado: Nov 12, 2010, 6:48 am

28. Firmin -Autobiographie d'un grignoteur de livres - Sam Savage
Me prenant moi-même pour un raton-liseur, je ne pouvais que me sentir attirée par ce roman sur un de mes cousins présumés. Quelle déception !
J’ai trouvé ce livre vide, sans intérêt. Pourquoi ce rat lit-il, qu’en retire-t-il ? Les actes manqués, les espoirs déçus, la vie plus rêvée que vécue, ce sont des ressorts classiques de la littérature, que j’apprécie souvent. Ici, pourtant, ce rat est pathétique, et rien dans l’écriture ne le rend sympathique, ou intéressant, ou n’importe quoi d’autre que donnerait du relief à ce livre.
Nulle part je n’y ai vu de fable, ni de « fabuleux trait d'union entre littérature, exclusion et résistance » comme clamé par l’éditeur sur la quatrième de couverture. Je suis peut-être passée à côté de l’allégorie (très certainement au vu des nombreuses critiques beaucoup plus élogieuses…), peut-être n’ai-je rien compris à cette lecture qui m’a laissée de marbre… Une lecture à oublier, pour passer à des pages plus réjouissantes !

38raton-liseur
Editado: Nov 12, 2010, 6:49 am

29. Les Enquêtes de Mary Lester - Casa del Amor - Jean Failler
Ecrire avec en toile de fond la Bretagne n’excuse pas toutes les faiblesses. Ce n’est en tout cas pas suffisant pour justifier une intrigue bien légère, voire inexistante, dans un roman policier. (Surtout que celui-ci, une première dans cette série, s’exile à Noirmoutier).
C’est la seconde fois que je lis une des enquêtes de Mary Lester, et c’est la même déception. On ne m’y reprendra plus !

39raton-liseur
Editado: Nov 12, 2010, 6:52 am

30. Koblenz - Thierry Robin
Tome 1/4 - Le Désespoir d’une ombre
Tome 2/4 - Marcher dans Carthage une nuit sans lune
Tome 3/4 - Dernier hiver à Ishiyama
Tome 4/4 - M pour anarchie

Quatre tomes dans cette série centrée autour d’un personnage énigmatique, dont on ne percera pas le mystère. Des époques différentes, de Carthage à la révolution industrielle, des lieux parfois lointains comme le Japon de l’époque Meiji… Et un thème commun, celui du surnaturel et de son irruption soudaine dans notre monde rationnel.
Chaque volume peut se lire indépendamment, et j’ai une préférence pour les deux derniers tomes, qui me semblent un peu plus fouillés (« complexes » serait peut-être un peu trop fort…). Une lecture de détente, sans plus…

40raton-liseur
Editado: Nov 12, 2010, 6:54 am

31. La Quête de l’oiseau du temps - Serge Le Tendre (Scénario) & Régis Loisel (Dessins)
Tome 1/4 – La Conque de Ramor
Tome 2/4 – Le Temple de l'oubli
Tome 3/4 – Le Rige
Tome 4/4 - L'Œuf des ténèbres (Le système ne reconnaissant pas les accents, le lien pour ce livre est ici : oeuf des tenebres)

Un grand classique de la bande-dessinée, et un agréable moment en couleur. Une histoire somme toute assez classique, mais avec de nombreux rebondissements qui donnent son ton propre à cette fresque fantastique. Pleins de petites créatures mignonnes, avec le fameux fourreux tout bleu (que j’ai, sans grande imagination, baptisé Drü, le seul mot qu’il sait dire), mais aussi le moins connu mais vraiment drôle Fol du Dol.
Il est dommage que certains personnages secondaires ne soient pas plus fouillés, comme l’énigmatique Bulrog dont les motivations restent incompréhensibles (il va falloir, je suppose, que je lise le cycle suivant, qui se situe en fait chronologiquement avant ce cycle comme son nom, « Avant la Quête », l’indique et que je surveille le nouveau cycle qui va bientôt commencer et qui lui se situe « Après la Quête »…).
Et puis bien sûr, cette bande-dessinée n’échappe pas aux clichés du genre : héroïnes aux formes pulpeuses, de nombreux « mondes » (ici appelés « marches ») traversés… Mais elle joue aussi avec le genre : le chevalier à la retraite, l’auto-dérision par moment…
Tout ceci pour une après-midi de joyeuse escapade féerique !

41raton-liseur
Editado: Nov 12, 2010, 6:57 am

Vous allez finir par trouver qu’il y a beaucoup de bandes-dessinées ces derniers temps dans ma liste de lecture. Et vous n’aurez pas tort… J’ai retrouvé avec plaisir de nombreux volumes achetés il y a longtemps mais restés dans mes bibliothèques disséminées en France. Mes récentes vacances m’ont permis d’en lire quelques tomes !

32. Couleur de peau : miel* - Jung 11 Novembre 2010
Une bande-dessinée autobiographique, par un maintenant adulte adopté en Corée du Sud il y a trois ou quatre décennies, qui revient sur son enfance : ses quelques souvenirs d’orphelinat en Corée puis sa vie dans sa nouvelle famille de la banlieue de Bruxelles.
Les dessins, crayonnés en noir et blanc, sont travaillés ; ils sont très beaux et très doux à la fois. Les mélanges entre dessins d’inspiration asiatique (les pruniers, les temples, mais aussi goldorak !) montrent à eux seuls la coexistence de ces deux cultures et sont finalement peut-être le signe que Jung s’est réconcilié avec son double héritage et son identité complexe.
Les évènements racontés sont toujours factuels, avec le ressenti du petit Jung pour seul éclairage. Cela donne un livre sans thèse, dans lequel il n’est pas question de juger l’adoption, mais plus d’en montrer les difficultés, qui sont parfois les mêmes que celles de tout enfant quelque soit son mode de filiation et parfois plus spécifiques.
C’est donc un ouvrage qui permet de réfléchir, de se faire sa propre opinion, à partir d’une expérience spécifique, et qui pose, au-delà de l’adoption, la question de l’identité, de l’héritage culturel et aussi tout simplement de l’éducation.

* Le lien pour le second tome de cette bande-dessinée est ici : Couleur de peau : miel.

42raton-liseur
Nov 12, 2010, 2:59 am

33. L’Homme qui rit - Victor Hugo
Un livre qui m’a coupé le souffle… Peut-être à cause des grandes phrases et des amples descriptions, mais surtout pour le côté envoûtant de sa lecture.
Une lecture qui n’est pas facile, un livre qui se gagne à la force du poignet… J’ai pu y rester plongée, happée pendant des heures et m’apercevoir que je n’avais pas parcouru 100 pages (d’un pavé qui en compte plus de 600 dans mon édition de poche). Mais que c’est agréable, que cela fait du bien à l’esprit de lire ces lignes érudites, travaillées, intelligentes (ne me croyez pas pédante ou élitiste ou intellectualiste, je ne pense être rien de tout ça, j’aime juste, de temps à autre, que l’on s’adresse à mon intelligence, qu’une lecture soit ardue, mais que cela en vaille la peine)…
C’est vrai que les longues digressions, les énumérations des lords et de leurs titres, possessions ou privilèges peuvent parfois être rébarbatives et il m’a fallu un peu de volonté parfois pour ne pas sauter quelques pages assommantes. Mais L’Homme qui rit n’en reste pas moins un livre prenant et passionnant.
Arrivée à ce point de ma critique, il faut que je confesse que ceci est en fait le premier livre de Victor Hugo que je lis (à l’exception d’une version abrégée des Misérables* il y a bien longtemps et du survol d’un ou deux ouvrages…). Je ne sais trop comment j’ai entendu parler de ce livre, certes pas l’un des plus connus de Victor Hugo, mas je me souviens avoir tenté de le lire lorsque j’avais 16 ou 17 ans. C’est donc une relecture que j’ai faite ici, plus longue, plus attentive, où les digressions ne m’ont pas gênée dans mon envie de connaître la suite de l’histoire.
Et ce qui m’a le plus frappée, peut-être, c’est le sarcasme permanent dont Victor Hugo tisse son récit et ses descriptions du système politique anglais. Une royauté, où le bon vouloir du roi fait office de loi… Comment Victor Hugo, le pourfendeur de Napoléon peut-il en faire l’apologie, si ce n’est sur le ton de l’ironie mordante, où chaque phrase est un dard acéré planté dans le plumage de l’aigle fossoyeur de la Révolution et de ses idéaux. Je ne m’attendais pas à ce ton ironique, à cette écriture sempiternellement au second degré de la part d’un auteur que l’on pare d’habitude de tous les oripeaux du sérieux et de la gravité. Cela rend cette lecture jubilatoire, pleine de sourires en coin et de petits rires sous cape, certainement pas ce à quoi je m’attendais de la part d’un des monstres sacrés de notre littérature nationale !

Un mot de l’intrigue tout de même. L’Homme qui rit est Gwynplaine, enlevé enfant et défiguré afin d’en faire un animal de foire, et ce sur ordre du roi du fait d’une filiation gênante. Mais Gwynplaine vit heureux, ignorant ses origines, adopté par un philosophe bourru et son loup, aimé d’un amour pur par l’aveugle Déa. Les évènements, la fatalité, les jalousies et les mesquineries des grands de ce monde viendront troubler ce bonheur simple, le spectacle d’autrui se débattant dans la toile d’un difficile destin étant le remède préféré des aristocrates pour occuper leur oisiveté ostentatoire et leur mépris sans borne de ceux qui ne se sont pas donné la même peine qu’eux pour naître là où il fallait. Vient alors le temps des choix, mais aussi celui des désillusions quand celui qui se croit un destin, une mission, s’aperçoit qu’il ne peut rien contre la bêtise ou l’institution en place.
Une intrigue aux ressorts usés et re-usés dans la littérature, le gentil homme du peuple opposé aux aristocrates pervertis, mais Victor Hugo sait donner un tour particulier à son histoire et sait nous tenir en haleine, soit par des retournements de situation bien menés soir par des digressions au verbe maîtrisé. Et ne nous y trompons pas, sous couvert d’un roman historique, Victor Hugo parle bien de son présent, mais de notre présent aussi. Les systèmes politiques ont évolué en apparence, mais pas toujours dans les faits et cette œuvre demeure d’une grande actualité.
Une très belle lecture pour de longues après-midi faites de solitude et de concentration. Je ne peux que recommander, encore et encore.

* Le système ne reconnaissant pas les accents, le lien pour ce livre est ici : Les Miserables.

43raton-liseur
Nov 14, 2010, 10:56 pm

34. Le Petit Prince - Le grand livre pop-up - Antoine de Saint-Exupéry
Tout le monde connaît Le Petit Prince, sa rose, son renard… et je ne me lancerai pas ici dans une critique de ce livre. Il s’avère que je collectionne les éditions du Petit Prince dans différentes langues, et je voudrais ici signaler une très belle édition (en français), parue l’année dernière (et qui doit ressortir ce mois-ci d’ailleurs).
Le texte est fidèlement celui de Saint-Exupéry, seuls les dessins ont été légèrement modifiés : ce sont toujours les dessins originaux de l’auteur, le même trait, les mêmes couleurs douces, mais ils ont pris du volume, et se déploient lorsque l’on tourne les pages, donnant, au propre comme au figuré, plus de volume aux rêves que suscite cette fable. Je crois bien que j’ai eu des étoiles dans les yeux pendant la grande heure que j’ai passée à tourner avec délicatesse les pages de ce livre, et pendant bien longtemps après l’avoir refermé !
C’est une très belle édition (il est juste dommage qu’elle s’appelle « pop-up » plutôt que la traduction usuelle de « livre animé » ou bien « livre en relief » par exemple), un très beau cadeau pour des grands enfants (il faut être soigneux…) et une jolie façon de se reprendre à rêver sur une histoire simple et belle qui fait le bonheur des enfants de tous âges.

44raton-liseur
Editado: Nov 14, 2010, 11:04 pm

35. Un îlot de bonheur, précédé de Quelques jours d'été - Christophe Chabouté
Il est plus difficile d’écrire une critique sur les beaux livres que sur les autres, et c’est le cas pour cette bande dessinée de Chabouté. Des dessins en noir et blanc, lisses, sans nuance de gris, qui semblent tout juste esquissés dans leur simplicité, mais qui véhiculent des sensations, des sentiments mieux que des mots. Il y a d’ailleurs de nombreuses planches sans un seul mot : juste des dessins, des aplats de noir et de blanc qui m’on fait monter les larmes aux yeux.
Jamais une bande dessinée ne m’avait autant émue. Probablement ce mélange de tristesse et de tendresse qui émane des grands yeux étonnés de ce garçon malheureux, ou cette résignation bravache dans les yeux fatigués de ce clochard paternel.
Une histoire toute simple, un petit îlot de bonheur, pas plus, que Chabouté a voulu partager avec nous. Et c’est finalement l’impossible entêtement de l’espoir (le mot « optimisme » serait trop fort) qui est si poignant.

45Cecilturtle
Nov 15, 2010, 6:02 pm

#43 - tu aimeras peut-être Le Petit Prince retrouvé. Jean-Pierre Davidts a eu pour mission d'écrire une suite au Petit Prince. Évidemment, ça ne se fait pas! Mais il a quand même relevé le défi. Le livre n'a pas eu grand succès, je crois, mais je l'ai plutôt trouvé dans le ton et dans le style de l'original.
Davidts est un auteur ontarien (Canada) qui vit à Ottawa et écrit surtout des livres de science fiction. Il est aussi traducteur... c'est comme ça que je l'ai connu!

46raton-liseur
Editado: Nov 16, 2010, 1:35 am

#45 - Merci Cecilturtle !
Décidemment, moi qui avais l’impression que nous avions des goûts littéraires diamétralement opposés (comme en témoignent nos critiques de La Route et de Firmin…), voilà que je trouve en l’espace de quelques jours deux suggestions très intéressantes de ta part !
Je suis en général assez peu attirée par les « suites », mais je suis assez intriguée pour voir ce à quoi un tel projet peut aboutir avec le Petit Prince, qui est en quelque sorte mon livre fétiche (je sais, ce n’est guère original !). D’après la couverture du Petit Prince retrouvé, il semblerait que le mouton soit sorti de sa boîte, j’espère qu’il n’ira pas brouter la rose !
Hélas, comme Du bon usage des étoiles repéré dans dans ta liste de lecture, Le Petit Prince retrouvé ne semble pas non plus être disponible en France… Il va devenir urgent que je me renseigne sur la possibilité de trouver les éditions canadiennes de ce côté-ci de l’Atlantique !

47raton-liseur
Nov 16, 2010, 2:31 am

Encore un livre reçu d’un écrivain qui hante les couloirs de BiblioChose à la recherche de lecteurs pour son roman à peine sorti de presse… Je m’amuse bien avec cette partie du site ! La critique originale est en anglais, en voici la traduction pour cette liste de lecture.

36. My Sparkling misfortune (Une Etincelante malchance*) - Laura Lond
Un méchant ! J’adore les livres sur les méchants ! C’est toujours tellement jubilatoire de ne pas avoir, au moins pour un instant, à se préoccuper de principes, de morale, d’éthique et tout le toutim. Et d’ailleurs, comme le souligne avec à-propos ce méchant, Sire Arkus du Château de la Rivière Noire : « il n’y aurait pas de héros sans nous, les méchants puisqu’ils n’auraient personne aux dépens de qui crâner. »
Il faut bien admettre que cette histoire montre à quel point il est difficile d’être méchant et de rester à la hauteur de sa réputation. Il y a des règles, des choses à faire et à ne pas faire… Ce n’est pas aussi facile que je le pensais (dommage, je vais devoir me trouver une autre carrière…). Hélas, Sire Arkus n’est finalement pas un si bon exemple de méchant : il lui arrive de se laisser prendre au piège de choses aussi affreuses que l’amitié ou le respect de la parole donnée… Navrant !
Plus sérieusement, comme vous l’aurez deviné au ton de cette critique, j’ai bien aimé ce livre pour enfants (à recommander aux alentours de 8 ans je pense) : une lecture facile mais avec un humour rafraîchissant, une intrigue simple mais pas simpliste. Et une morale simple mais importante : les méchants ne sont pas toujours ceux que l’on croit, et l’on devrait toujours regarder au-delà des apparences.
Merci à Laura Lond, l’auteur, de m’avoir envoyé ce livre. Et comme je veux savoir ce qu’il arrive à cet étrange méchant et à l’énigmatique Jarvi, je vais maintenant devoir attendre qu’elle écrive le deuxième tome. N’est-ce pas en fait Mme Lond la méchante, qui nous fait mariner en attendant la suite ?

* A ma connaissance ce livre n’a pas été traduit en français. La traduction du titre est donc ma propre invention…

48raton-liseur
Nov 16, 2010, 2:34 am

37. Comptine matinale dans les brins d’herbe - Thor Vilhjálmsson
Un livre au titre bien trompeur, car plus guerrier que bucolique ! L’histoire est une réécriture d’un passage d’une célèbre saga islandaise, la « saga des Sturlungar » relatée par Snori Sturlurson, centré autour de Sturla Sighvatsson (1199-1238) et de sa vie mouvementée.
Le livre touche à tout : les luttes de pouvoir entre grandes familles islandaises, l’emprise grandissante de la religion chrétienne, et un personnage qui se débat, en actes et en pensées, dans ce contexte en pleine mutation.
Si le sujet est intéressant, son traitement peut être assez déroutant et mon manque de connaissance de l’histoire et de la culture islandaise m’a clairement faut défaut, Thor Vilhjálmsson ne s’attardant pas à expliquer le contexte ou bien des éléments de l’histoire qu’il considère probablement comme allant de soi (heureusement, quelques notes du traducteur, Régis Boyer, viennent combler les principales lacunes) ou se promenant allègrement dans la chronologie (heureusement les chapitres sont datés pour aider à s’y retrouver).
Il n’est pas anodin non plus de relever que Thor Vilhjálmsson a commencé sa carrière littéraire comme poète surréaliste ; le traitement de certaines situations, comme la rencontre avec le Pape, ou certaines descriptions, notamment des scènes de champs de bataille, semblent en effet fortement influencés par l’esthétique surréaliste.
Cela donne aussi un livre qui rend bien la complexité de l’Europe chrétienne au Moyen-âge, avec par exemple des juxtapositions saisissantes d’un chapitre sur la sérénité de moines suivant la règle de Saint François d’Assise suivi d’une description détaillée et réaliste d’un charnier. Cette complexité se retrouve dans l’esprit du personnage principal, Sturla, qui oscille entre valeurs chrétiennes et rêve de pouvoir, qui peine à réconcilier tradition et nouvelle religion.
Si l’histoire m’est demeurée quelque peu obscure, ce livre a cependant de très belles descriptions de paysages, de tempêtes de neiges et porte les mille couleurs des saisons islandaises. Ce fut donc une lecture déroutante, mais certainement pas dénuée d’intérêt !

49raton-liseur
Editado: Nov 24, 2010, 3:46 am

38. Pereira maintains (Pereira affirme*) - Antonio Tabucchi
J’ai lu ce livre en anglais, gracieuseté des « critiques en avant-première » de BiblioChose. Ma première réflexion est que j’aurais traduit le titre en français par « Pereira affirme », plutôt que le choix du traducteur pour « Pereira prétend » (Le verbe « prétendre » induit un soupçon de mensonge qui ne me semble pas cadrer avec le ton et le propos du livre et qu’il ne me semble pas que l’auteur, Antonio Tabucchi, ait voulu). Et ce n’est pas un détail, car ces deux mots, ce bout de phrase, revient comme un leitmotiv dans la narration, et ce au rythme de plusieurs fois par page. A cause de cela, je me suis imaginée ce livre comme la déposition d’un officier de police devant un tribunal, rapportant les propos tenus pas ce fameux Pereira lors d’une déposition.
Ce qui cadre bien avec roman qui se passe dans une atmosphère étouffante (au propre comme au figuré, avec d’une part l’été caniculaire de Lisbonne et d’autre part une censure bien présente). Dans ce Portugal de l’été 1938, tout reste tout de même feutré, le mot dictature n’est qu’à peine esquissé. Et si le ton ressemble à un rapport de police, tout est lisse et Pereira, à aucun moment, ne semble avoir été forcé de faire des révélations contre son gré. Ainsi, certains actes de Pereira ne sont pas expliqués, soit qu’il n’en comprenne pas lui-même la raison (comme son cœur d’artichaut face au jeune Monteiro Rossi), soit qu’il déclare calmement que cela n’a rien à voir avec l’affaire (des souvenirs d’enfance qui remontent à la surface par exemple). Pas trace de pression, encore moins de torture. Ce n’est pas ce pan de la montée des fascismes en Europe que Tabucchi dénonce ici. Le livre ne révèlera d’ailleurs pas le pourquoi de ce style si spécifique, au lecteur de s’en faire sa propre idée.

D’ailleurs, que cherche-t-il à dénoncer ? Je ne suis pas sûre qu’il soit question de dénonciation ici, même si le personnage de Pereira semble avoir incarné l’opposition à Berlusconi pendant la campagne électorale de 1995 (le livre se passe au Portugal, un pays que connaît Tabucchi et théâtre de nombre de ses écrits, mais c’est un auteur italien et le livre, paru en 1994, est bien écrit en italien).
Il me semble que le livre traite plutôt de la notion de prise de position, et de résistance s’il en est besoin. Non pas la résistance au sens de prendre les armes et de lutter, mais la résistance comme contraire de la passivité, la résistance comme ne pas rentrer les épaules, ne pas détourner le regard, ne pas attendre que cela se passe. Même pour cela, qui ne vous gagnera pas de médaille ou de place sur la liste d’un monument aux morts, il y a un prix à payer, mais la passivité aussi coûte cher en petits accommodements avec soi-même. Et tant pis si un acte de résistance est unique et s’il est au fond bien vain, le prix pour jeter le masque aux orties et pouvoir à nouveau respirer librement n’est jamais trop élevé.

* Comme expliqué dans cette critique, le titre de la traduction en français est « Pereira prétend », mais je lui préfère la traduction « Pereira affirme » qui me semble plus en accord avec l’intention de l’auteur.

50raton-liseur
Nov 17, 2010, 1:58 am

39. La Secte des Egoïstes - Eric-Emmanuel Schmitt
Le monde qui nous entoure n’est-il que l’émanation de notre pensée ? Une idée qui a probablement traversé l’esprit de tout un chacun, un vertigineux postulat… Mais qu’advient-il lorsque l’on accepte cette idée, que l’on en fait le fondement de sa philosophie et le principe d’organisation de sa vie ? Pour son premier roman, l’agrégé de philosophie Eric-Emmanuel Schmitt s’aventure dans les méandres du solipsisme.
Et s’y perd. L’idée est bonne mais l’histoire ne mène nulle part, la promesse d’une écriture savante et distrayante n’est pas tenue. Le livre est sans intérêt, et moi je suis déçue.

51raton-liseur
Nov 18, 2010, 12:47 am

40. Le Goût des pépins de pomme - Katharina Hagena
Souvent présenté comme un livre sur la mémoire, Le Goût des pépins de pomme est aussi un livre sur la transmission, ici symbolisée par une maison et son merveilleux jardin qui traversent la vie de trois générations de femmes. La transmission est vue sous ses différents aspects : l’inscription dans des relations et une histoire familiale, avec ses zones d’ombres et ses douleurs, l’acceptation du passage du temps et de la succession des générations. Et bien sûr, allant de paire avec cela, la mémoire, l’oubli, la réécriture du passé et comment ces trois aspects se combinent pour créer une historiographie familiale, mais aussi comment elles balisent le chemin vers la vieillesse et la mort, comme si peut-être les deux (histoire familiale et mort) étaient indissociables car toutes deux l’expression du temps écoulé.
Mémoire et transmission ; générations et vieillesse. Des thèmes difficiles et lourds, que l’écriture effleure plus qu’elle ne les affronte, faisant de ce livre un texte pudique et évocateur, qui donne plus le goût des choses que des réponses.
Il y a de très belles descriptions de la maison, des fleurs et des arbres. Fait marquant, les cinq sens sont chacun très présents dans ce livre, traversé par une odeur de pomme tenace et par le craquement du parquet. Ces descriptions m’ont fait m’identifier au personnage principal comme cela ne m’était pas arrivé depuis longtemps, lorsqu’elle redécouvre la maison familiale où elle a passé les étés de son enfance et dans son questionnement sur la place qu’elle veut occuper dans la lignée familiale et comme porteuse de son histoire.
La petite intrigue amoureuse et les dialogues un peu bêtas auxquels elle donne lieu (mais ne sommes-nous pas tous un peu gauches dans ces moments-là ?) peuvent vite être oubliés, ils parasitent presque un peu la lecture et ce n’est pas là le cœur du livre. Je préfère garder comme souvenir de ce livre le contact rugueux des murs de brique de la maison et l’odeur de la compote lorsqu’on en pousse la porte.

52raton-liseur
Nov 18, 2010, 12:51 am

41. Notre besoin de consolation est impossible à rassasier - Stig Dagerman
Un livre qu’il m’est difficile de critiquer car ce n’est probablement pas par ce bout-là qu’il faudrait aborder cet auteur.
Sombre, hanté par la peur d’écrire et par l’idée de l’absurdité de la vie (au sens de Camus), ce livre laisse l’angoisse submerger l’auteur et son lecteur.
Impossible à rassasier, Stig Dagerman, pourtant considéré comme un écrivain important, s’est suicidé peu après avoir écrit ce court texte qui est l’un de ses derniers. Certains y ont vu un testament, c’est surtout un cri de douleur, d’un homme qui n’a pu se réconcilier avec l’absurde de la vie et qui demeure inconsolable.
Je ne sais trop quelle opinion me faire de ce cours texte. A relire après d’autres écrits de l’auteur ? Ou bien relire Le Mythe de Sisyphe pour me souvenir comment Camus, refusant le suicide, propose la « révolte » comme moyen de vivre en acceptant l’absurdité de la condition humaine ?

53raton-liseur
Editado: Dez 27, 2010, 2:25 am

42. Blackberry Wine (Le Vin de Bohême) - Joanne Harris
Peut-être attendais-je trop de ce livre, après avoir vu le film Chocolat, une de ces romances qui se laissent regarder avec plaisir et qui font preuve de juste ce qu’il faut d’originalité pour passer un bon moment sans avoir l’impression d’être réduit à du temps de cerveau disponible (« private joke » pour les Français, je m’excuse…). J’espérais un roman à la fois léger et intelligent, loin des formules mille fois répétées de la « chick lit ».
Certes, ce n’est pas de la « chick lit », mais si ce roman partait d’une bonne idée, le résultat est plat. L’écriture est poussive (j’ai sauté beaucoup de pages, ce que je fais rarement ces temps-ci), l’intrigue est plus que prévisible, et les démons du passé auxquels sont confrontés les personnages sont pour l’un invraisemblable et pour l’autre bien inconsistant.
J’ai aussi très peu apprécié les références à Chocolat, le grand succès de l’auteur (si je ne me trompe, cette histoire se passe effectivement dans le même petit village français). Elles n’apportent rien à l’histoire et apparaissent surtout comme une complaisance de l’auteur vis-à-vis d'elle-même ou vis-à-vis des lecteurs trop facilement flattés de pouvoir les identifier.
J’ai crédité ce livre d’une étoile, mais il a frôlé le 0,5 que je n’attribue qu’aux livres que je ne finis pas...

Il y a des lectures faciles et roses qui valent bien mieux, comme les livres de Chitra Banerjee Divakaruni dont j’ai déjà parlé ici (cf. message 2 - La maîtresse des épices* étant un des livres de cette auteur que je préfère) ou Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates lu plus tôt cette année (cf. message 12).

* Le système ne reconnaissant pas les accents, le lien pour ce livre est ici : La maitresse des epices.

54raton-liseur
Editado: Dez 29, 2010, 3:07 am

Deux livres reçus l'un gratuitement directement de l’auteur et l'autre via un « member giveaway ». J’ai écrit la critique en anglais et j’en mets une traduction ci-dessous. Décidemment, traduire, même dans sa langue maternelle et même lorsque le texte est de soi-même est un exercice bien périlleux et je crains que les deux textes ci-dessous ne semblent un peu bancals, ce qui m’amène au passage à tirer mon chapeau aux traducteurs, un métier bien difficile…

43. The Storyteller Series - Volume 1/3 - Storyteller (Le raconteur d’histoires*) - G.R. Grove
Le Pays de Galles au 6ème siècle de notre ère, peu après la fin du règne du Roi Arthur (si vous pensez que le Roi Arthur était Gallois, mais ceci est un autre débat...).
Gwernin est un raconteur d’histoires, jeune au temps où se déroule cette histoire, âgé au moment de les raconter. Il raconte d’ailleurs ses histoires comme le ferait un de ces conteurs que l’on imagine, il y a plus de mille ans ou tout simplement quelques décennies, alors que toute la maisonnée est rassemblée autour de la cheminée un soir d'hiver sombre, froid et humide.
Chaque chapitre du livre est tel une de ces veillées, au cours de laquelle Gwernin, maintenant un conteur émérite, se remémore un épisode de ses débuts, du temps où il n’était qu’un jeune aspirant conteur. Ses souvenirs sont racontés dans l'ordre chronologique, mais sous forme de courtes vignettes, le conteur se concentrant uniquement sur les péripéties qui valent la peine d’être racontées... A la fin de la veillée (désolée, je voulais dire le chapitre...), Gwernin clôt son histoire avec la même phrase: « Mais ceci, ô mes enfants, est une histoire pour une autre fois », comme une porte entre le temps (et la réalité) de l'histoire et le temps (et la réalité) d'aller se coucher en se demandant quelle histoire nous apportera le lendemain. Ce rituel du conte est partie intégrante de l’art de conter telle qu'il est pratiqué par de nombreux conteurs traditionnels et il m'a aidé à entrer dans l'histoire et l'écouter plutôt que la lire ...
Et il est probablement important d'écouter, car l'auteur a réalisé un important travail en cherchant à utiliser les structures grammaticales du Gallois tout en écrivant avec des mots anglais. Cela confère à l’ouvrage une mélodie toute particulière. De même, l'utilisation de mots gallois, juste assez pour donner une couleur locale à l'histoire sans en entraver la compréhension, est agréable, et j'ai aimé reconnaître certains mots qui me sont un peu familiers !
Un livre à lire pour sa mélodie douce et surannée, et pour se souvenir d'un temps plus accessible par l’imaginaire que par les faits historiques. Une imagination qui nous permet de nous rapprocher d’une époque mythique et bien peu documentée directement. Peut-être est-ce pour cela qu’elle conserve d’ailleurs une place si importante dans notre mémoire collective.

* A ma connaissance ce livre n’a pas été traduit en français. La traduction du titre est donc ma propre invention…

55raton-liseur
Dez 29, 2010, 1:06 am

44. The Storyteller Series - Volume 2/3 - Flight of the Hawk (Le vol du faucon*) - G.R. Grove
Le deuxième tome des aventures de Gwernin en chemin pour devenir conteur et barde. Les mêmes phrases finement ciselées, la même candeur des personnages.
Cette fois, l’ouvrage est réellement un roman (malgré la phrase finale rituelle à la fin de chaque chapitre) et j'ai quelque peu regretté le format de « vignettes » du premier tome. Il m’a fallu imaginer ce livre comme si Gwernin l’ancien (le narrateur) hivernait dans un llys (la cour d'un roi de province en gallois) et racontait à un auditoire ainsi captif une longue histoire, un épisode à chaque veillée.
Le roman raconte le voyage que Gwernin et son ami Neirin entreprennent depuis le Pays de Galles jusqu’aux régions les plus septentrionales du territoire saxon. Il n'y a pas de véritable intrigue, et malgré le but du voyage (en savoir plus sur la situation politique et les alliances dans ces zones et en ces temps instables), le lecteur n'en apprend pas beaucoup sur la question. Cet ouvrage est avant tout plaisant pour ses descriptions de paysages et pour l’écriture, avec des mots gallois parsemés ici et là et l’exotisme des phrases construites selon les règles de la grammaire galloise.
Ce livre devrait être lu non comme un roman, mais comme le monologue d'un ami qui vient de rentrer du « voyage de sa vie » et qui ne peut s'empêcher d’en partager chaque détail avec vous ! A prendre au second degré bien sûr, car c’est un monologue très bien écrit, où les phrases et la description des paysages peuvent valoir un petit détour !

* A ma connaissance ce livre n’a pas été traduit en français. La traduction du titre est donc ma propre invention…

56raton-liseur
Editado: Mar 12, 2011, 10:28 am

Une petite d’histoire afin d’introduire ce livre. Il m’a été recommandé il y a de cela plusieurs années par des collègues lors de mon bref passage dans une organisation irlandaise. A l’époque, je ne lisais pas encore de romans en anglais, et me suis donc dit que j’attendrai la parution en français. Lorsqu’elle a enfin été disponible, j’ai décidé qu’il serait mieux de le lire en anglais, et je me suis mise à le chercher dans cette langue. Malgré sa popularité, il n’était disponible dans aucune des librairies que je fréquente régulièrement. Et c’est seulement en septembre dernier que je suis tombée sur ce livre, alors que je ne le cherchais pas, dans la librairie de l’aéroport de Karachi, alors que j’attendais l’avion pour rentrer chez moi. Il n’y en avait qu’un exemplaire, d’occasion, avec quelques pages un peu gondolées d’humidité dans le coin supérieur. Mais c’était le livre que je cherchais depuis si longtemps, dans l’édition que je voulais. Je n’ai fait ni une ni deux et ai payé les quelques cent ou deux cent roupies qui en étaient demandés pour emporter ce trésor si longtemps convoité.
Un livre que j’ai cherché avec tant d’acharnement, un « best seller » en plus, le scénario d’une déception était en place. Pourtant rien de tel, et en plus ce livre est tout sauf ce à quoi je m’attendais. Une véritable pépite de lecture, à la hauteur de l’attente et de mon plaisir anticipé !

45. Star of the Sea (L’Etoile des mers) - Joseph O’Connor
Un livre époustouflant, marquant. Il se présente comme le récit d’une traversée d’Irlande en Amérique, à bord d’un paquebot, racontée par un des passagers, journaliste de profession et américain de nationalité (lui conférant ainsi une neutralité toute relative dans la relation entre Irlande et Angleterre). Le récit est émaillé de nombreux « flash-back » (ou « retours en arrière ») et une intrigue se noue rapidement lorsque l’on découvre que certains passagers sont liés par bien plus que leur seule présence sur un même bateau. Il est question de meurtre, d’amour, de trahisons, de déceptions, d’espoir aussi. Une véritable épopée à taille humaine, dont les personnages ont des failles, petites ou grandes, et des sursauts de volonté inespérés. Le livre est construit comme une anticipation d’un évènement tragique, sans que l’on sache de façon certaine ce que sera le climax de ce huis clos maritime (même s’il est possible de le deviner, mais le ressort principal du livre n’est pas dans le suspens…).
Mais la petite histoire, petite malgré ses péripéties incessantes, n’est que le prétexte d’un écrivain (le narrateur, Dixon, et non l’auteur…) pour capter l’attention de son lectorat pour parler d’autre chose, de l’histoire, la grande, celle qui mériterait une « grand H » bien qu’elle ne soit guère glorieuse.
Et il est vrai que l’on apprend beaucoup dans ce livre. D’abord, moi qui ne comprenait guère le conflit Irlando-Anglais (réduit en général dans les médias à une question d’obédience religieuse, mais la religion n’est jamais qu’un prétexte dans les guerres, pour masquer les questions plus épineuses, moins manichéennes, et pour polariser plus facilement l’attention et les haines), j’en entrevois maintenant les racines, les oppositions et les rancœurs profondes. Qu’importe que les uns prient la Vierge et que les autres n’aient jamais utilisé un rosaire, la question fondamentale est celle de la terre, du fruit du labeur, et de la dignité humaine. Que les mouvements d’indépendance commencent avec l’augmentation des fermages (et ici c’est à mon tour de simplifier), voilà qu je commence à mieux comprendre certains antagonismes et l’irréductibilité de certains mouvements (j’écris bien « comprendre », certainement pas « approuver »).
Mais au-delà de l’histoire personnelle des passagers de ce bateau et de l’histoire de l’Irlande au siècle de la Grande Famine, ce livre offre un troisième niveau de lecture. Car ce n’est pas seulement la famine irlandaise que l’auteur donne à voir mais, à travers cet exemple qui le touche personnellement, ce livre est comme un archétype de toutes ces autres famines et catastrophes humanitaires qui font ou ne font pas la une de nos journaux. La question de l’aide, de la morale, de la dignité de ceux qui en sont réduits aux derniers expédients… Les mêmes questions, les mêmes réponses hélas. Les Irlandais d’alors étaient paresseux comme nos chômeurs aujourd’hui ; les New-yorkais voyaient d’un très mauvais œil le flot continu de migrants irlandais déversés par les paquebots transatlantiques comme nous fronçons les sourcils à chaque radeau de clandestins qui s’échoue sur nos rives.
Cette phrase que O’Connor met sous la plume du narrateur dans l’épilogue est censée être écrite au début du XXème siècle, alors que le narrateur, maintenant au soir de sa vie, revient une dernière fois sur les évènements tragiques de la traversée du Star of the Sea en novembre 1847, semble tellement s’adapter à tous les drames, ceux de l’Irlande au XIXème comme tous ceux du XXème et XXIème siècles :
We still tell each other than we are lucky to be alive, when our being alive has almost nothing to do with luck, but with geography, pigmentation and international exchange rates.*

Un livre impressionnant, d’une construction très maîtrisée, d’une belle écriture, avec des personnages bien construits (j’aime beaucoup le Capitaine, Josias Lockwood, avec son cœur sur la main mais aussi sa grande naïveté, deux qualités trop peu répandues dans le monde d’aujourd’hui comme d’hier) et d’une réelle profondeur. Il laisse songeur, pas nécessairement plus optimiste, mais peut-être plus réaliste hélas, avec la triste consolation que finalement la géopolitique d’aujourd’hui n’est pas pire que celle d’hier. Un livre que je recommande vivement, quelque soit le lieu où vous résidez, votre pigmentation et le taux de change de votre devise.

* Tentative de traduction personnelle : « Nous nous disons toujours les uns les autres que nous sommes chanceux d’être en vie, alors que le fait d’être en vie n’a pas grand-chose à voir avec la chance, mais plutôt avec la géographie, la pigmentation et les taux de change internationaux. »

57Louve_de_mer
Dez 29, 2010, 1:35 pm

Penses-tu que ce dernier livre intéressera un ex-marin qui ne lit que des récits de voyages en mer ou des romans qui se passent sur un bateau, ou ce lieu et son ambiance tout à fait spéciale sont-ils vraiment trop peu évoqués?

(Merci de tes conseils au sujet des touchstones pour les titres. Y a-t-il l'équivalent pour les noms des auteurs?)

58raton-liseur
Dez 29, 2010, 11:50 pm

Bonjour Cathcartes.
#57 – C’est une bonne question…
A voir ta bibliothèque maritime (une remarque au passage, nous sommes les deux seules à posséder Je suis ne deux fois d’Alain Kalita !), ma première réaction est de répondre « non ».
Dans Star of the Sea, la traversée est avant tout un prétexte, un procédé narratif presque. Elle donne une unité de lieu et de temps (contournée par de nombreux retours en arrière, c’est commode !) qui ajoute à la dimension dramatique, tout comme la notion de huis clos. La traversée, qui se déroule en 26 jours, donne aussi l’idée de transition, de passage d’un monde à l’autre (de l’Irlande de la faim aux espoirs de l’Amérique), de coupure, de nouvelle chance peut-être.
Il n’est pas question de mer, de manœuvres, de vie de l’équipage, à part quelques descriptions des conditions de vie des passagers de 3ème classe.
Mais c’est peut-être une bonne façon de tendre un piège à ce lecteur pour étendre ses horizons de lecture… Certains chapitres sont censés être des extraits du journal de bord du capitaine, Josias Lockwood. D’après certaines critiques, certains lecteurs trouvent ces passages longs et ennuyeux. Ce sont ceux qui décrivent le plus la vie à bord. Ils commencent par les relevés de vent, vitesse, cap, etc. puis continuent par un compte-rendu des évènements de la vie à bord, avec une candeur que j’ai trouvée rafraîchissante dans ce livre dans l’ensemble assez sombre.
Je ne suis pas certaine d’avoir vraiment répondu à la question, mais bon, chacun l’aura compris, je recommande chaudement ce livre, aux marins comme aux non-marins ! Bonne navigation !

59raton-liseur
Editado: Dez 30, 2010, 10:47 pm

# 57 à nouveau - Quant à la question sur les « touchstones », oui il est possible de « forcer » les touchstones sur les livres comme sur les auteurs. Mais j’ai été moins chanceuse avec les auteurs et je ne me sers plus des touchstones auteur si je cite un de ses titres : il apparaît alors automatiquement dans la colonne de droite et peut être accédé par ce biais.
Un exemple quand même, en utilisant le livre que je cite plus haut :
- Pour le livre, il faut utiliser le code du livre, qui apparaît dans l’adresse html de la page après work/ A noter, on ne peut pas mettre d’accent ou autre signe de ponctuation dans la dénomination du livre :
{9943214::Je suis ne deux fois} donne, après avoir remplacé les crochets par ceux à angles droits : Je suis ne deux fois
- Pour l’auteur, il faut utiliser le nom de l’auteur tel qu’il apparaît dans l’adresse html de la page, après author/ (on s’en serait douté…). Encore une fois, pas d’accent.
{{kalitaalain::Alain Kalita}} permet donc d’obtenir Alain Kalita.

Puisqu’il est question de mise en page, je signale cette liste de discussion, Basic HTML qui m’a été utile plus d’une fois pour mettre en forme quelques aspects de cette liste de lecture !

60Louve_de_mer
Dez 30, 2010, 3:17 pm

#58: Oui, tu réponds à ma question. Je vais l'acheter... sans doute plus pour moi que pour mon mari. ;-)

#59: Merci pour le lien vers la discussion, je vais finir par arriver à refaire ce que j'avais avant, par exemple les images de couvertures sur mon profil. Pour celles-ci une membre australienne qui utilise le nouveau code me l'a envoyé (je suis restée longtemps éloignée de LT et c'est difficile de reprendre pied, il y a eu pas mal de changements).

61raton-liseur
Dez 31, 2010, 4:12 am

45 livres depuis fin avril et ma découverte de BiblioChose, cela fait un peu plus d’un livre par semaine en moyenne. Je me suis toujours demandée à quel rythme je lisais, je commence à en avoir une meilleure idée !

A l’heure des bilans de fin d’année (et à l’heure de clore cette liste de lecture pour en ouvrir une autre), je me retourne sur ces premiers mois de pratique de BiblioChose…
D’abord, le fait de cataloguer mes lires dans les premiers mois m’a fait me souvenir d’ouvrages qui attendent toujours d’être lus et qui s’étaient faits trop discrets sur mes étagères. Je m’aperçois que je n’ai pas tant besoin d’acheter des livres, car il y en a beaucoup qui m’attendent déjà dans ma bibliothèque, et certains semblent prometteurs. J’ai aujourd’hui l’impression d’être plus sélective dans mes achats, et je peux ressortir d’une librairie sans livre sous le bras, un comble pour moi ! « Pourquoi pas » m’est plus un argument suffisant pour que je ramène un livre à la maison. Est-ce que la qualité de mes lectures s’en est ressentie, il est peut-être trop tôt pour le dire. J’ai en tout cas une plus grande envie de lire des classiques, et je pense que cela continuera au cours de l’année prochaine (avec notamment le projet ambitieux de lire enfin La Guerre et la Paix)…
Et puis il y a tout simplement l’idée réconfortante de pouvoir musarder parmi mes livres, de revoir leur couverture, même si les neuf dixièmes de ma bibliothèque sont physiquement à quelques 7 ou 8 000 kilomètres de moi. Et rien que pour cette visite virtuelle de mes étagères, je suis récompensée du temps passé à cataloguer les livres et à leur attribuer la bonne couverture (un effort encore en cours pour ce dernier point).

Enfin, et ce n’est pas le moindre des changements apportés par BiblioChose, je me suis mise à écrire des “critiques” (je crois que je préfère le mot “commentaire”, moins présomptueux…). Parfois quelques lignes seulement, parfois un peu plus. Je crois que cela rend ma lecture plus riche, en me poussant à réfléchir activement à un livre, et parfois même à faire quelques recherches. Je me surprends bien plus souvent à m’attarder sur le style de l’auteur, sur le choix des mots que je ne le faisais avant. Je crois aussi que je me souviens mieux de mes lectures, qu’elles restent plus vivaces dans ma mémoire (et relire une critique quelques mois plus tard est parfois assez amusant !). Je commence aussi à mieux comprendre comment je choisis mes livres et comment les lectures s’enchaînent les unes aux autres, c’est instructif ! Et puis je m’aperçois aussi de mes tics de langage (ou d’écriture plutôt), avec les mots “jubilatoire” et “ suranné” qui reviennent plus souvent qu’à leur tour…

Ce fut donc une première année de BiblioChose riche de plaisirs livresques. Pas de grande révolution dans mes pratiques bibliophiles, plus un catalyseur de changements qui étaient déjà en germe. J’espère donc bien continuer sur ce même chemin, si la vraie vie et les livres en vrai papier attendant d’être lus m’en laissent le temps !
Et rendez-vous bientôt pour une nouvelle liste de lecture ! Bon vagabondage livresque à tous !

62domguyane
Jan 3, 2011, 3:28 am

je crois que je peux faire le même bilan que toi, après 2 ans de suivi de mes lectures. Bonne année à toi et rendez-vous en 2011 !

63grimm
Jan 6, 2011, 5:12 am

Belle conclusion. Je te rejoins sur l'effet d'avoir écrit des commentaires sur mes lectures : ça force à réfléchir et cela affirme l'impression que laisse une lecture, bonne ou mauvaise. Les relire quelques mois ou années après est parfois une surprise! Bonne année 2011 !

64raton-liseur
Fev 2, 2011, 2:05 pm

Merci pour ces mots de conclusion et d’encouragement, auxquels je réponds un peu tard !
Le chapitre suivant se trouve ici : Lectures de 2011 !
A bientôt, et bon vagabondage livresque !

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