Page 100

DiscussãoLectures des francophones

Entre no LibraryThing para poder publicar.

Page 100

1BeaudH
Editado: Jan 7, 2014, 3:49 am

Bonjour à tous, je vous propose, en cette nouvelle année de répertorier un extrait de la page 100 de quelques œuvres que vous lirez. Cela donnera certainement des envies de lectures à quelques uns.

2BeaudH
Editado: Jan 7, 2014, 2:23 am

Sylvain Tesson - Dans les forêts de Siberie
Page 100 : extrait

"...Les hommes des bois sont très sceptiques à l'égard des projets de "villes citoyennes", autogérées, sans prisons ni police, où la liberté triomphante régnerait soudain parmi des foules devenues responsables. Ils voient dans ces utopies une antinomie grotesque, la ville est une inscription dans l'espace de la culture, de l'ordre et de leur fille naturelle, la coercition.
Seul le recours aux étendues infinies et dépeuplées autorise une anarchie pacifiste dont la viabilité est fondée sur un principe très simple : contrairement à ce qui advient en ville, le danger de la vie dans les bois provient de la NATURE et non de L'HOMME..."

3Cecilturtle
Jan 2, 2014, 7:39 pm

Quelle idée originale!

Je suis en train de lire Les racines du ciel par Romain Gary:

« À croire que, de cause perdue en cause perdue, de déception en déception, l'un d'eux était devenu amok, et ne sachant plus à qui se vouer, avait échoué en Afrique noire pour mourir aux côtés des derniers grands éléphants! Il y avait là évidemment une image de désespoir et de faillite qu'Orsini ne pouvait pas manquer. Mais il alla plus loin, encore plus loin, avec un comique irrésistible, et je me souviendrai toujours de sa dernière exclamation, comme d'un des bons moments de ma vie:
- Et je vais vous dire, Messieurs, je vais vous dire : c'est un humanitaire! »

Comme je lis beaucoup en anglais, je citerai en anglais si ça ne dérange pas...

4Louve_de_mer
Jan 4, 2014, 11:20 am

Bonne idée, mais pas de chance pour mon premier livre de cette année : il n'avait que 88 pages.

5Vassily
Jan 4, 2014, 11:55 am

Bonjour,
Actuellement j'écoute 22/11/63: Livre audio 3 CD MP3 in French (French Edition) de Stephen King, donc pour la 100ème page, c'est rapé.
Mais je viens de terminer Le bizarre incident du chien pendant la nuit de Mark Haddon que j'ai gardé à portée de main, et dont je vous livre un extrait :
"Mme Alexander a dit : "Tu es vraiment timide à ce point, Christopher ?"
J'ai dit : "Je n'ai pas le droit de vous parler."
Elle a dit : "Ne t'en fais pas. Je ne vais pas avertir la police. Et je n'en parlerai pas non plus à ton père, parce qu'il n'y a rien de mal à bavarder un peu. C'est plutôt sympathique, tu ne crois pas ?"
J'ai dit : " Je ne sais pas bavarder."
Alors, elle a dit : "Tu aimes les ordinateurs ?"

6Louve_de_mer
Editado: Jan 4, 2014, 12:56 pm

Je viens d'arriver à la page 100 du livre que j'ai en cours, Robinson Crusoé, de Daniel Defoe :
"Je passai tout le reste du jour à m'affliger de l'état affreux où j'étais réduit : sans nourriture, sans demeure, sans vêtements, sans lieu de refuge, sans aucune espèce de secours, je ne voyais rien devant moi que la mort, soit que je dusse être dévoré par les bêtes ou tué par les sauvages, ou que je dusse périr de faim."

7Cecilturtle
Editado: Jan 4, 2014, 4:21 pm

Je suis en train de lire The Storyteller par Jodi Picoult, l'histoire d'une jeune juive, qui a une grand-mere rescapee des camps de concentration, et de sa relation avec un vieillard, ancien SS.

extrait de la page 100:

Even knowing that there was a personal connection to my grandmother - or maybe because of that - I tended to view the Holocaust in the abstract, the way I viewed slavery: a series of horrors that happened a long time ago in a world markedly different from the one I lived in. Yes, those were bad times, but really, what did they have to do with me?

8BeaudH
Editado: Jan 7, 2014, 2:24 am

Ma lecture en cours : Josef Schovanec - Je suis à l'est

Page 100 : extrait

"Toutefois, il demeure vrai que les personnes avec autisme ont souvent des difficultés à s'adapter, à inventer des solutions de comportement dans des situations imprévues. Vous êtes à la boulangerie, vous voulez acheter une baguette, il n'y en a plus, vous devez chercher immédiatement une alternative, avoir une réaction, cela est très compliqué ..."

Ce passage nous fait un peu mieux comprendre les difficultés que peut rencontrer une personne autiste face aux petits problèmes de la vie de tous les jours.

9BeaudH
Editado: Jan 7, 2014, 7:19 am

Gregoire Delacourt - La liste de mes envies

Pour cet ouvrage, je ne résiste pas au plaisir de vous citer un extrait situé entre la page 101 et la page 102 :

"Être riche c'est voir tout ce qui est laid puisqu'on a l'arrogance de penser qu'on peut changer les choses. Qu'il suffit de payer pour ça.
Mais je ne suis pas riche. Je possède juste un chèque de dix-huit millions cinq cent quarante-sept mille trois cent un euros et vingt-huit centimes, plié en huit, caché au fond d'une chaussure. Je possède juste la tentation. Une autre vie possible. Une nouvelle maison. Une nouvelle télévision. Plein de choses nouvelles.
Mais rien de différent."

À méditer...

10greuh
Editado: Jan 7, 2014, 11:19 am

"Curtis is effectively an over-promoted middle manager." ~ Black Bag Jobs

Peu de texte, sur cette page. Désolé.

11greuh
Jan 8, 2014, 8:30 am

La rébellion zapatiste
"Les zapatistes ont placé au centre de leur action : 'la lutte pour l'humanité et contre le néolibéralisme', et c'est au nom de celle-ci qu'ils ont lancé les convocations à plusieurs rencontres continentales et intercontinentales, dont la principale s'est tenue au Chiapas en juillet - août 1996. Plus qu'un slogan, cette formule est la définition concise et articulée des perspectives d'un combat. La relation entre les deux éléments qui la composent en est l'aspect déterminant. Car revendiquer la lutte pour l'humanité n'a de sens que si l'on nomme en même temps l'adversaire qui fait obstacle à cette lutte et la rend nécessaire. Faute de quoi on ne saurait sauver les mots "humain" ou "humanité" d'un usage {purement rhétorique, d'un humanisme bon teint qui, ne faisant de tort à personne, est complice de toutes les oppressions et se réduit à l'éthique molle des droits de l'homme, devenue trop souvent aujourd'hui l'adjuvant du triomphe de la démocratie de marché.}
N.B : j'ai laissé la fin de la longue phrase qui se terminait page 101.

12raton-liseur
Editado: Jan 8, 2014, 9:22 am

C'est une sacrée contrainte de trouver une citation, pertinente en soi ou bien représentative du livre sur une page fixée à l'avance ! Mais cela promet d'être amusant donc je vais m'y essayer, et je vais commencer par le seul livre de plus de 100 pages achevé cette année, ainsi que celui en cours !

13raton-liseur
Editado: Jan 8, 2014, 9:21 am

Une Mer de lin bleu - Joël Raguénès
Ils s’arrêtèrent à l’entrée de Lannion, dans une auberge qui ne payait pas de mine. « Il ne faut jamais se fier aux apparences », rappela Jan à ses neveux, et un moment plus tard, tous trois se délectaient d’un cochon rôti aux navets et panais, que leur avait servi une servante accorte.
(p. 100, Chapitre 11, Partie 1, “Automne 1671, une si jolie petite fleur”).

14raton-liseur
Jan 8, 2014, 9:21 am

Agaguk - Yves Thériault
Aussi calme qu’un instant auparavant il avait été comme une bête fauve, Agaguk se redressa, aperçut l’enfant blotti entre les cuisses d’Iriook. Il se pencha, prit le corps inerte. D’un coup de dent rapide il trancha le cordon.
(p. 100, Chapitre 14, “Erngnik - Le fils”).

15BeaudH
Editado: Jan 11, 2014, 8:43 am

L'insomnie des étoiles - Marc Dugain

Page 100 extrait :

- La veille deux policiers se sont déplacés pour voir les meubles et les bêtes. Ils sont revenus le soir.
- Pour quoi faire ?
- Pour me violer, répondit-elle très naturellement.
- Pour te violer?
- Oui, je les ai entendus arriver. Je me suis cachée. Et j'ai compris à ce qu'ils disaient qu'ils avaient l'intention de profiter de moi. Mais ils ne m'ont pas trouvée. Le lendemain, ils ont débarqué pour tout prendre avec des manutentionnaires. Le policier qui, la veille, m'avait témoigné un peu de considération, est parti le premier une fois son camion chargé. Le second policier est resté avec le deuxième manutentionnaire, et il l'a tué.

Contexte du roman : la fin de la deuxième guerre mondiale dans l'Allemagne occupée par les Français.

16Cecilturtle
Jan 11, 2014, 3:33 pm

Je viens de terminer A Wrinkle in Time, le classique jeunesse de Madeleine L'Engle.
Elle écrit au sujet de l'ombre qui recouvre la galaxie:

All through the universe it's being fought, all through the cosmos, and my, but it's a grand an exciting battle.

17Cecilturtle
Editado: Jan 12, 2014, 4:51 pm

Je suis aussi en train de lire un livre roumain par Adina Rosetti, Deadline.

Malheureusement la page 100 n'est pas très typique du livre qui parle d'une jeune femme morte de surménage. Dans cet extrait, le livre part en tangente pour mieux présenter un des collègues de la jeune femme en question. Enfant, il a fini une bouteille de Cinzano avec un copain et en voici le résultat :

« Je suis resté allongé sur mon lit, en proie à mon unique gueule de bois, deux jours durant, vomissant tout ce que j'avais à vomir, âme comprise, et, quand je me suis senti mieux, j'ai reçu de la part de mes parents une punition de toute beauté : pas de télé, pas de jeux, pas de sorties jusqu'aux vacances d'été. Nous étions en avril en plein carême... »

18raton-liseur
Jan 11, 2014, 5:43 pm

Pour moi non plus, une page 100 pas tout à fait représentative. Les pirates sont ici à terre et lutinent les filles.

A bord de l'Etoile Matutine - Pierre Mac Orlan
Nous bûmes. Les coupes roulèrent sur l'herbe. Marceau essaya encore sans succès de dominer les filles. Il ne put y réussir. Nous ne le vîmes pas tel que nous l'imaginions, en mer. Et pourtant, tous nos espoirs allaient vers lui. Montre-leur, pensions-nous, montre-leur donc, ce que nous sommes, à ces marques vérolées.
(p. 100-101, Chapitre 11).

19Cecilturtle
Jan 12, 2014, 12:55 pm

Pour Noël, une amie m'a offert un livre de motivation, Amazing Things Will Happen par CC Champan, qui est fort quétaine comme on dit par chez nous. La page 100 nous le prouve :

« There are people in our lives who, no matter how much we love them, act in ways that upset us. Maybe you have one of these people in your life who is a constant doubter. Or a pessimist who constantly sees the world as never getting better.
Since we can't get rid of them, we've got to learn to live with them.
You've got accept that none of the people are going to change. They are not going to go away either.
The way you are going to survive this is by being a duck.
Ever watch a duck in a pond? They swim around without a care in the world. Have you noticed what they do when it starts raining? Most ducks will keep on swimming; they are already in the water after all. They keep on swimming as if nothing has changed.
This is what I mean when I tell you to be a duck. »

20BeaudH
Editado: Jan 14, 2014, 10:16 am

Gerard Treves : Marcher pour apprendre à aimer : Témoignage de 4000 km à pied sur le chemin des étoiles...

Page 100 : Conversation imaginaire entre le pèlerin (surnommé la tortue) et l'oiseau ou prise de conscience d'un paysage abîmé par la modernité :

"- Tu vois, petite tortue, autour de toi, c'est notre jardin. Ici les fleurs poussent en harmonie sans se gêner.
En effet, j'admire ce beau parterre multicolore : des genêts jaunes, des bruyères blanches et violettes, des fleurs bleues qui ressemblent à des véroniques petit-chêne.
- Ne trouves-tu pas cela agréable et harmonieux dit l'oiseau.
Une pensée de Charles de Foucauld me vient à l'esprit, je la dis à haute voix : "Je veux habituer tous les habitants de la terre, chrétiens, musulmans, juifs et idolâtres à me regarder comme leur frère universel..."
- C'est très joli me dit le petit oiseau, vous les hommes vous avez toujours de bonnes intentions : pourtant regarde ce que vous avez fait à la nature!
De son bec, il m'indique la montagne en face :
- Tu vois là-bas ces blessures dans la montagne (il me montre les pare-feu) et plus loin regarde encore à l'horizon...
Deux énormes cheminées crachent une épaisse fumée grise, deux autres ressemblent à des statues de sel!
- Voilà ce que les hommes ont fait de cette belle région, c'est tellement dommage! ... Regarde là-haut tous ces poteaux électriques..."

21Vassily
Jan 14, 2014, 12:46 pm

Bonjour,

Travaillons dans la joie avec Dilbert par Scott Adams :
"Toute allusion à un possible remplacement de vos systèmes actuels par des systèmes plus récents devrait recevoir un accueil à peu près aussi chaleureux que celui qu'on réserve d'habitude aux criminels de guerre ou aux députés".

Si vous ne connaissez pas Scott Adams, je vous encourage à découvrir d'urgence ses manuels de survie en entreprise hilarants, surtout si vous dépendez d'un patron ou que vos collègues sont des fouines :-D

22Louve_de_mer
Jan 14, 2014, 2:09 pm

J'ai profité d'un trajet en train pour lire d'une traite Le voleur d'enfants de Jules Supervielle et voici un extrait de la page 100 :
Durant le repas, le colonel ne dit mot, le visage comme un torrent à sec. Il épiait Joseph qui mangeait effroyablement, comme d'habitude, et avec un si grand naturel que Bigua commençait à se demander si la disparition de la clé et ce bruit de la nuit précédente avaient vraiment quelque importance.
Il se décida à regarder du côté de Marcelle. Aussitôt, chez la jeune fille, un petit tremblement nerveux de la joue ou de l’œil (mais vraiment il allait de la joue à l’œil, en zigzagant comme un éclair) avertit le colonel qu'il s'était bien passé quelque chose de grave.

23raton-liseur
Jan 16, 2014, 9:14 am

Un paragraphe à cheval sur les pages 99 et 100 qui, s’il n’est pas complètement représentatif du livre puisqu’il ne parle pas des jumeaux du titre (mais de leur mère, Mary), donne bien une idée de l’atmosphère pesante dans cette famille paysanne à la frontière du Pays du Galles au début du XXème siècle.

Les Jumeaux de Black Hill - Bruce Chatwin
Mary ne voyait pas la fin de ses épreuves. Elle se regardait dans le miroir et voyait un visage plus gris et craquelé que la surface piquetée de la glace. Elle désirait mourir mais savait qu’elle devait vivre pour les jumeaux. Pour se distraire, elle lisait les romans qu’elle avait aimés dans sa jeunesse, se cachant d’Amos qui, dans son état d’esprit, les aurait brûlés. Un après-midi d’hiver, alors qu’elle somnolait auprès du feu, Les Hauts de Hurlevent ouvert sur les genoux, Amos entra, la réveilla brutalement… et le coin du livre heurta l’œil de Mary…
(p. 99-100, Chapitre 17).

24BeaudH
Editado: Jan 24, 2014, 9:56 am

Pierre Gleizes - Rainbow Warrior mon amour

Désert du Nevada (États-Unis) : action de Greenpeace contre les essais nucléaires américains en 1983.

"Nous reprenons nos marches dans le désert. Alors que l'aube se lève sur une deuxième nuit blanche, j'entraîne Harald à l'écart. Tout le monde a bien vu que j'ai du mal à passer à la vitesse supérieure. Je l'informe que, par amour, j'ai décidé de ne pas me joindre à eux.
Je suis réellement malheureux de les planter comme ça une semaine avant l'action. Même si les craintes de ma compagne sont compréhensibles, je m'en veux de ne pas avoir réfléchi à toutes ces questions avant de monter dans l'avion..."

Je n'ai pas dépassé la page 100 de ce livre. Il était plein de promesses mais je l'ai trouvé trop répétitif et l'ai carrément éliminé de mes lectures 2014.

25Louve_de_mer
Editado: Jan 17, 2014, 3:08 am

Le plan Q par Djuro Luy.
A la page 100, difficile de trouver une phrase qui donne l'ambiance du livre. Celle-ci, peut-être ?
Il va pas recommencer avec son Mozart, pitié !

26Louve_de_mer
Jan 17, 2014, 3:08 am

52 méditations pour vivre par Luc Templier
Ce livre étant plutôt un livre à feuilleter qu'à lire en continu, je vais directement à la page 100 et je vous en livre la phrase principale :
C'est que plus il s'approche de la lumière et plus il se découvre plein d'ombre.

27greuh
Jan 17, 2014, 5:00 am

The armitage files
"Et l'allée venteuse qui descend vers les docks, et le sang, et les crabes qui grouillent, les CREATURES ASYMETRIQUES RAMENEES DANS LES FILETS, GROUILLANTES
que dieu me vienne en aide. je vois le futur.
et c'est le passé."
(c'est de l'écriture manuscrite d'un homme qui n'a plus toute sa tête)

28Cecilturtle
Jan 18, 2014, 10:47 pm

D'Aliocha par Henri Troyat, son très émouvant roman jeunesse (pp. 99-100)

« ... sans il sût au juste ce qui lui faisait plus plaisir : l'approbation de son ami ou la pensée que ses parents eussent été contents de savoir qu'il avait évoqué, en classe, parmi des Français, leur tragique exode en Russie. Cependant, un étrange réflexe de pudeur, une fois renté à la maison il ne fit pas allusion devant eux au sujet qu'il avait choisi pour son récit de la semaine. »

29greuh
Editado: Jan 21, 2014, 9:10 am

""A l'est, il faut une semaine de marche pour atteindre le gué de Passdorn. A l'ouest, il y a un passage plus proche, c'est vrai. Il y aussi les troupes des jarls de Barnen et de Mann qui se préparent à leur match annuel pour s'assurer de qui est le plus bête des deux. Je ne dis pas que vous êtes forcés de prendre mon bac pour traverser. Je ne dis pas non plus que vous êtes obligés de trouver mes prix honnêtes. Tout ce que je dis, c'est qu'à moins de savoir marcher sur l'eau, vous devriez réfléchir à ma proposition au lieu de gueuler comme un putois. Ou alors, il y a la nage, c'est une option aussi. Ca nage plutôt bien, les putois, à ce qu'on dit." - Jad Adden, Passeuse sur le fleuve gris"

Bloodlust metal

30raton-liseur
Jan 23, 2014, 5:48 pm

La réaction des tahitiens à la première célébration de l’Eucharistie à laquelle ils assistent. Un bel exemple d’incompréhension réciproque, en germe dans cette citation.

Les immémoriaux - Victor Segalen
Haamanihi tourna vers les impatients un visage émerveillé, et désignant les hommes à peaux blêmes : – « Ceux-là vont manger leur dieu ! » Tout aussitôt, il réclama sa part du festin.
(p. 100, Chapitre 3, “Les Maîtres-du-jouir”, Partie 1).

31Louve_de_mer
Jan 25, 2014, 8:05 am

Je suis à l'est, de Josef Schovanec

Pour que ce soit compréhensible, j'ai mis entre parenthèses les deux dernières phrases de la page 99.
(L'un des meilleurs moments, toujours vu avec le recul, fut ce jour où ce psychiatre m'a proposé de me placer dans un institut. L'Institut des jeunes aveugles.) Alors, et malgré les produits que j'avalais, même en étant prêt à tous les diagnostics, j'avais eu un moment de surprise, et je lui avais demandé pourquoi cette orientation. Il me répondit franchement : "J'ai pensé à L'Institut des jeunes aveugles parce que vous ne me regardez pas dans les yeux."

32Louve_de_mer
Editado: Jan 25, 2014, 9:52 am

Ma première femme, de Yann Queffélec
Elle s'était assise à ma tête de lit, et à la manière dont elle me regardait, en suppliant, on aurait dit que c'était moi qui venais d'annoncer mon départ.

33Louve_de_mer
Editado: Jan 26, 2014, 1:18 pm

L'île au trésor, de Robert Louis Stevenson
Nous n'avions jamais eu à l'Amiral Benbow une seule nuit qui m'ait donné tant d'ouvrage et j'étais épuisé de fatigue lorsque, un peu avant l'aube, le maître d'équipage donna le coup de sifflet et les hommes commencèrent à se placer aux barres du cabestan. Mais même si j'avais été deux fois plus fatigué je n'aurais pas quitté le pont.
Tout était pour moi si nouveau et si intéressant : les ordres brefs, la note stridente du sifflet, les hommes se hâtant vers leurs places à la lueur des lanternes.

34Cecilturtle
Editado: Jan 26, 2014, 7:52 pm

La promesse de l'aube par Romain Gary

L'auteur a longtemps menti sur le fait qu'il allait au lycée français de Varsovie. Sa mère n'avait l'argent pour lui payer ses études.

« Je mens assez peu, car le mensonge a pour moi un goût douçâtre d'impuissance: il me laisse trop loin du but. Mais lorsqu'on me demande où, à Varsovie, j'ai fait des études, je réponds toujours : au lycée français. C'est une question de principe. Ma mère avait fait de son mieux et je ne vois pas pourquoi je la priverai du fruit de son labeur. »

35BeaudH
Jan 28, 2014, 11:30 am

Raphaël Jerusalmy : La confrérie des chasseurs de livres

La page 100 se trouve à la fin d'un chapitre. L’extrait ci-dessous est donc situé à la page 99 et pour la dernière phrase à la page 100.

Contexte : en Terre Sainte entre voyages et bivouacs.

"Moussa pique dans un bol d'olives, les deux hommes viennent s'asseoir auprès de lui . Il claque des mains. Aïcha apparaît aussitôt. Le forgeron lui ordonne d'aller chercher des dattes, du raisin et une calebasse. Lorsqu'elle revient déposer fruits et boissons, la jeune femme sent le regard de Villon se poser sur elle. Elle lui décoche une œillade furtive, malicieuse. Ses doigts lui frôlent la main. Moussa observe ce manège d'un air sévère.
- Une esclave berbère dit le forgeron, une sauvageonne de Kabylie. Pas à vendre.
Colin entonne une cantilène bourguignonne. Sa voix de baryton fait détaler taupes et mulots. François hume l'air de la nuit, caressant l’écorce polie, bombée de la calebasse, avec des gestes langoureux qui exaspèrent Moussa."

36Louve_de_mer
Jan 30, 2014, 2:08 pm

Le maître de l'aube, de France Adine
Fervalles demeura silencieux. Sa méchante humeur ne cédait pas. Il en voulait à Brigitte d'accorder à quelqu'un la grâce d'un sentiment quelconque, amitié, sympathie, ou même pitié.

37Louve_de_mer
Jan 30, 2014, 2:49 pm

Divorcer d'un manipulateur, de Christel Petitcollin
Voilà comment on éduque les filles à manquer d'ambition professionnelle. Voilà aussi comment on fait croire aux femmes qu'il y aura toujours un homme pour les prendre financièrement en charge. Voilà surtout comment on fait croire aux femmes qu'un homme qui vous traite longtemps en putain, peut un jour brusquement décider de vous traiter en princesse.

38BeaudH
Fev 1, 2014, 4:38 am

Georges Jean : L'écriture, mémoire des hommes

L'extrait proposé se trouve en page 101, je trouve qu'il reflète bien une partie de l'histoire du livre, en rapport avec l'écriture :

"En cette fin de XVIème siècle, quand la Contre-Réforme et l'Inquisition prennent le dessus et pourchassent les idées nouvelles, la Hollande protestante devient terre d'asile du livre, des typographes et des imprimeurs d'Europe où l'absolutisme royal s’accommode mal de l'indépendance d'esprit de ces hommes érudits qui, dès 1550, délaissant le latin, s'emploient à imprimer et diffuser les classiques grecs et latins dans les langues nationales."

39Louve_de_mer
Fev 2, 2014, 4:39 am

Les perroquets de la place d'Arezzo, d'Eric-Emmanuel Schmitt
Cette fois, l'extrait est de la page 102 parce qu'il n'y avait rien de représentatif à la page 100.
Selon Meg, Oxana appartenait à une autre espèce. Comment pouvait-on être ça, ce corps interminable sans un gramme de graisse ? Comment pouvait-on avoir des jambes aussi longues ? un bassin si haut, si étroit ? Comment pouvait-on digérer avec un ventre en creux - il n'y avait sûrement pas la place d'y loger des intestins ? Selon Meg, Oxana ne ressemblait pas à une femme mais à un mannequin - ce qu'elle était d'ailleurs. Un mannequin, c'est-à-dire une race hybride, entre l'enfant et la girafe. En ce moment, appuyée au chambranle, Meg contemplait un espace zoologique, une cage dans laquelle une chevelure montée sur pattes, obsédée par ses mèches tombantes, courait, molle, d'un sac à une valise.

40Cecilturtle
Fev 2, 2014, 8:55 pm

Je viens de terminer un très beau roman dans le style du réalisme magique, The Silence of Bonaventure Arrow par Rita Leganski, situé dans le Sud américain dans les années 1950.

« Trinidad wanted to wash the travel dust from her face, hands and feet. She found a fountain but no designation. This made her very nervous. She knew the boundaries. »

41BeaudH
Fev 5, 2014, 12:54 pm

Le livre à lire... dans une bibliotheque par Paul Ernst

Chapitre : les boissons à choisir en fonction du livre que vous lisez

Page 100 :
Le Champagne
Imaginons un livre, une bouteille de champagne, peut-être quelques amis et une lecture à voix haute. Une date, importante ou non. Un moment inoubliable dans le cérémonial du plaisir. Laissons à chacun le soin de choisir le livre de ce moment.

42BeaudH
Fev 8, 2014, 12:56 pm

Je suis en train de lire Les abeilles et la vie de Didier van Cauwelaert
Les pages 99 et 100 sont des pages illustrées, donc je vous délivre le texte de la page 98 :
"Les faux bourdons et les apiculteurs proposent, la reine dispose. C'est uniquement en vol que Sa Majesté consent à copuler. La dizaine de prétendants qui auront le privilège d'emplir la "spermatheque" de leur cavalière survivront rarement à leur exploit. Et dans la ruche le sexe fort ne sera plus qu'une bouche inutile. Incapables de se nourrir tout seuls en prélevant du nectar (leur trompe est trop courte), les pauvres mâles sans ressource et sans défense seront expulsés en fin de saison."

43Louve_de_mer
Fev 8, 2014, 2:53 pm

Dans JFK Affaire non classée, de Jim Garrison :
Ils avaient abouti à la conclusion que l'assassinat du Président Kennedy était le fruit d'une conspiration et ils pensaient que mes efforts allaient dans le bon sens.

44Louve_de_mer
Fev 13, 2014, 8:27 am

Dans Les raisins verts, de Pierre-Henri Simon
Mais aussi, quand Denis concluait qu'il n'avait rien à prendre dans ce composé d'élévations poétiques et d'attitudes mondaines que j'appelais une religion, que pouvais-je lui objecter sans présumer de moi-même ? Ce qu'il méprisait, ce n'était pas la lumière mais, à travers les opacités de mon âme, son reflet obscurci.

45BeaudH
Editado: Fev 15, 2014, 4:49 pm

Je suis en train de lire un beau roman que j'appellerai inter-génération : Les arbres voyagent la nuit de Aude Le Corff

Manon 8 ans et Anatole qui se définit comme "vieux" se rencontrent alors que la maman de Manon est partie laissant tout derrière elle. Manon lit à Anatole la lettre qu'elle a reçue:

"Mon trésor, la peine que j'ai pu t'infliger me fend le cœur. J'espère que Papa te câline pour deux, pour dix, pour mille. J'aurai voulu être une meilleure maman, pouvoir rester à tes côtés. Cela m'a été impossible. Un jour tu comprendras j'espère que ce n'est pas toi que je fuyais, mais la vie que je menais."

46Cecilturtle
Fev 15, 2014, 8:58 pm

Je viens de terminer L'Immoraliste par André Gide:

« Moktir ne se savait pas observé et me croyait plongé dans sa lecture. Je le vis s'approcher sans bruit d'une table où Marceline avait posé, près d'un ouvrage, une paire de petits ciseaux, s'en emparer furtivement, et d'un coup les engouffrer dans son burnous. Mon cœur battit avec force un instant, mais les plus sages raisonnements ne purent faire aboutir en moi le moindre sentiment de révolte. »

47BeaudH
Editado: Fev 24, 2014, 11:35 am

Paule Amblard - Un pèlerinage intérieur

Ce récit est un voyage à l'intérieur d'un livre enluminé, édité au XIVeme siècle.

"J'étais sur un nuage en suivant le voyageur tout éclatant de feu. Je voulais tant l'interroger. Mais à l'image suivante un nouveau personnage me ramena vite sur terre.
C'était une petite femme à l'apparence simple. Elle ne portait aucun atour mais une sobre robe bleue. Aucun bijou pour orner son vêtement, aucun scintillement n'émanait d'elle. Elle sortit d'une tourelle verte et aussitôt pointa son index sur le beau voyageur..."

48Louve_de_mer
Fev 24, 2014, 12:32 pm

Mondes en collision, d'Immanuel Velikovsky
Au long de la côte orientale de la mer Rouge, s'élève une chaîne montagneuse, avec plusieurs cratères de volcans maintenant éteints. Certains, cependant, étaient encore en activité il n'y a guère que quelques siècles. On prétend habituellement qu'un de ces volcans est le mont où Dieu donna sa loi à Moïse.

49Cecilturtle
Editado: Mar 1, 2014, 6:36 pm

Le parfum de la Dame en noir de Gaston Leroux

Ce n'est pas très typique de l'intrigue, mais bien du style qui alterne entre la description un peu ampoulée et l'analyse mathématique.

Il n'y a plus de toit à cette chapelle. Et elle n'a plus de murs... Il ne reste plus d'elle que ce morceau de dentelle de pierre qu'un miracle d'équilibre retient suspendu dans l'air du soir...

50Cecilturtle
Editado: Mar 1, 2014, 6:37 pm

Lâche pas ma main de Michel Bussi

Suspens très réussi et facile à lire:

Sofa prend la pause pourtant, plisse le front, passe sa main dans ses longs cheveux. Singeant sa mère, remarque Martial, lorsqu'elle se rend au musée ou dans une exposition. Il s'étonne de respirer plus calmement depuis quelques minutes, d'apprécier l'instant malgré les flics à ses trousses.

51Cecilturtle
Mar 2, 2014, 11:39 am

Condescendance et poignées d'amour par Antoine Ross Trempe, humoriste québécois.

Il doit se rendre à l'évidence qu'avec un bébé, se préparer pour aller jouer au parc ou se préparer pour partir pour toujours prend très exactement le même temps.

52Cecilturtle
Mar 4, 2014, 8:25 pm

Stone Island par Alexis Aubenque

un autre suspens dans un cadre exotique fictif, calqué de près sur les Îles Cook :

- L'homme était habillé en costume cérémonial ma'ohi, et possédait toute une galerie de tatouages sur le torse et sur les bras.
- Un extrémiste ma'ohi?
- Fort possible. Ce qui veut dire que nous n'avons peut-être pas affaire à une banale histoire de jalousie ni de gros sous, mais seulement à un malade mental qui se prend pour un justicier et qui s'attaque aux Ma'ohis pervertis dans l'Occident, et dans ce cas, tu comprends ce que cela implique?

53Dilara86
Mar 5, 2014, 5:47 am

Je peux jouer ? :-)

Les filles d'Allah de Nedim Gürsel, traduit par Jean Descat

Ce roman alterne souvenirs d'enfance du narrateur principal (comme dans l'extrait ci-dessous), souvenirs de guerre de son grand-père, récits oraux traditionnels, récits religieux, extraits du Coran, et "souvenirs" des anciennes déesses dont les idoles résidaient dans la Ka'aba.

Parfois les filles, délaissant la marelle, arrivaient en agitant les mains et en disant "Je vends de l'huile ! Je vends du miel !" D'abord, vous n'y faisiez même pas attention, ou même vous les chassiez. Mais vous finissiez par céder et vous joindre à elles.

54greuh
Mar 5, 2014, 8:31 am

(Lith vient d'envoyer Liane chercher la moitié de sa tapisserie qui a été volée. Quelques temps après qu'il soit parti en quête, une voix résonne à la porte: )

"Ce soir, ô Lith, ce soir il y a deux longs fils brillants pour toi. Deux, parce que les yeux étaient si grands, si beaux, si dorés..."
Lith demeura assise. Elle attendit une heure, puis se glissa jusqu'à l'entrée pour écouter. Aucune présence n'était perceptible. Non loin, une grenouille se mit à coasser.
Elle entrouvrit, trouva les fils, et referma la porte. Elle courut à sa tapisserie dorée et les inséra dans la trame déchirée.
Et elle contempla la vallée dorée, le coeur malade de nostalgie pour Ariventa. Des larmes vinrent brouiller la paisible rivière, la calme forêt d'or. "La toile s'élargit lentement... Un jour ce sera fini, et je rentrerai chez moi..."

Jack Vance - La Terre Mourante

55BeaudH
Mar 5, 2014, 1:41 pm

#53
Bienvenue Dilara86. Toute contribution est bienvenue, il est toujours sympa de découvrir les lectures des autres.

56Dilara86
Mar 6, 2014, 8:28 am

>55 BeaudH: Merci pour l'accueil, BeaudH :-)

57Dilara86
Mar 10, 2014, 4:56 am

No longer at ease ("Le malaise" en version française) de Chinua Achebe, deuxième roman de sa trilogie africaine.

Obi, brillant jeune diplômé parti faire des études en Angleterre, décroche un poste à responsabilité dans un Nigeria à la veille de l'indépendance. Son salaire est très confortable, mais ses dépenses semblent incompressibles : il a un rang à tenir, des dettes à rembourser, une famille à soutenir... Tout autour de lui, la corruption est endémique.

Extrait :
As soon as he finished his lunch he immediately set about introducing sweeping economy measures in his flat. His new stewart boy, Sebastian, stood by, no doubt wondering what had possessed his master. He had started off his lunch by complaining that there was too much meat in the soup.

58BeaudH
Editado: Mar 12, 2014, 1:54 pm

Alan Stivell - Sur la route des plus belles légendes celtes

Le chant de Tahesin

Les hommes de Katraeth debout avec le jour
Autour du prince, maître de la bataille et du bétail
Lui, Irien, le chef renommé
Jusqu'à l'angoisse de la mort, mon bonheur sera de louer Irien
J'ai chanté et j'ai chanté,
Ce n'est pas moi qui ne chante pas,
J'ai chanté des arbrisseaux le combat,
Le combat des branches et des buissons
Devant le chef des Bretons
Plus de sang sur les champs
Plus de sang dans nos chants
Mais un combat nouveau
Un chant nouveau
Que prédisait le chant très vieux
Du combat des arbrisseaux :
Les aulnes en tête de ligne
Seront les premiers
Les saules et les sorbiers
Viendront tard à l'armée.
Les groseilliers épineux
Et les néfliers vigoureux
Vaincront toute opposition.

59Louve_de_mer
Editado: Mar 12, 2014, 12:38 pm

Ninon de Lenclos, femme d'esprit, homme de cœur, de France Roche
Ninon écoutait en bâillant cet homme* si poilu que son dos et son ventre ressemblent à des tapis.
Le proverbe latin "Vir pilosus aut fortis aut libidinosus**" lui revenant en mémoire, Ninon soupira, un matin que le duc se décidait à passer des paroles à un acte vélléitaire : "Ah ! Monseigneur, lui dit-elle, que vous devez être courageux !"

* Le Grand Condé
** L'homme velu est ou bien très courageux ou bien très amoureux

60Louve_de_mer
Mar 12, 2014, 12:43 pm

Des relations de plage, de Jean-Pierre Ferrière
Tandis que Serge nageait vers le large à la poursuite du ballon, Guillaume sauta soudain sur Christine et bascula avec elle au creux d'un semblant de vague. Peut-être restèrent-ils invisibles plus longtemps que ne l'aurait souhaité la jeune femme, toujours est-il qu'à leur retour à la verticale, Christine toussait et crachait affreusement et que le maillot de Guillaume était anormalement bombé. Il s'accroupit dès qu'il se rendit compte de la flagrance de son émoi, mais pas assez vite pour qu'il échappât à Gabriel.

61Dilara86
Mar 12, 2014, 3:24 pm

L'empreinte à Crusoé de Patrick Chamoiseau

Ne vous étonnez pas de ne pas voir de majuscules ou de points dans mon extrait: le roman est écrit comme ça...

un vif sentiment de surprise me faisait éclater de rire ; je redécouvris le rire, mon rire ; ce phénomène commença un jour que je m'avançais à pas prudents vers une touffe de broussailles odorantes ; mon regard désormais attentif y avait repéré un minuscule nid, constitué d'une irisation semblable à une rencontre de la lumière avec des fils d'or ; l'oiseau paraissait piocher dans un trésor de pirate quelque part sur la côte, et il tissait avec son fabuleux logis ;

62Cecilturtle
Mar 13, 2014, 6:53 pm

Les manipulateurs sont parmi nous par Isabelle Nazare-Aga m'a été recommandé par une amie alors que je lui contait les effets néfastes d'un collègue dans mon équipe.

« Certaines personnes s'exprimant de manière floue peuvent mal comprendre votre souci de clarification, et s'en trouver irritées. Les manipulateurs en font partie. En agissant ainsi, vous leur enlevez une arme usuelle et les obligez à se positionner clairement. La manipulation fonctionne quand elle opère dans le domaine du mystère. Lorsque vous demandez un complément d'informations, le manipulateur peut réagir de manière ironique et vous donner l'impression que votre question est idiote. Il vous rétorque que cela est évident. »

63Louve_de_mer
Mar 14, 2014, 4:43 am

>62 Cecilturtle: : LE livre qui m'a ouvert les yeux, prêté par un ami qui avait vu clair.

64Louve_de_mer
Mar 14, 2014, 4:55 am

La vie sexuelle à Rome, de Géraldine Puccini-Delbey
Apulée campe, dans son roman, une héroïne qui illustre par son comportement l'idéologie traditionnelle remise en vigueur dans les classes aristocratiques au second siècle de notre ère. Son couple conjugal se fonde sur la fidélité sexuelle et la fécondité de la femme. "Plotine, femme d'une rare fidélité et d'une chasteté exemplaire, avait fondé le foyer de son mari par dix maternités."

65Dilara86
Mar 14, 2014, 2:01 pm

Riwan de Ken Bugul

Sokha Mame Faye était donc arrivée, toute jeune, chez son oncle. Celui-ci venait juste de se marier et elle, elle venait à peine d'être sevrée. C'était la tradition. Un enfant n'appartenait pas à ceux qui l'avaient conçu, mais à toute la famille élargie, à la communauté, à la société. Il était d'usage de donner son enfant à son oncle maternel, à sa tante maternelle, à sa tante paternelle, ou à son Serigne. Cette pratique en général, avait contribué à la formation d'êtres endurcis.

66raton-liseur
Mar 17, 2014, 3:01 pm

Le livre que j'ai lu après les Immémoriaux n'avait pas de page 100, alors je passe directement à celui-là, avec un peu (beaucoup) de retard.
C'est un recueil de nouvelles, il est donc difficile de considérer cette citation comme représentative.

La Lampe d’Aladino, et autres histoires pour vaincre l’oubli - Luis Sepúlveda
Les jours se faisaient plus courts, l’obscurité hivernale gagnait du terrain mais l’homme ne se résigne pas à perdre la lumière.
(p. 100, “L’île”).

67Dilara86
Mar 19, 2014, 9:56 am

Wizard of the Crow de Ngũgĩ wa Thiong'o

"Don't forget to take down your bundle of magic, unless you want to continue advertising that here dwelt, for one night, the mighty wizard whose power brought down all birds, even crows, from the sky!"

68raton-liseur
Mar 19, 2014, 2:24 pm

Ce n'est pas que le livre suivant n'avait pas de page 100, c'est que je n'ai pas tenu jusque-là... Alors je passe directement à celui, une lecture bien plus agréable !

Vie et passion d’un gastronome chinois - Lu Wenfu
Tu serines qu’il faut libérer les pauvres masses, mais une fois libérées, elles n’agissent pas comme tu le voudrais. Tu es gêné quand quelqu’un te demande un plat de crevettes sautées, qu’il paie, et qu’il est content de te faire gagner de l’argent.
(p. 100, Chapitre 6, “Le goût chez les hommes”).

69BeaudH
Editado: Mar 20, 2014, 5:46 pm

Un parfum de cannelle de Samar Yazbek
Un roman traduit du syrien qui porte un regard peu condescendant sur les secrets d'alcôves et décrit les différences de conditions de vie entre la "jet-society" issue de grandes familles et les habitants des bidonvilles :

"Intriguée, la petite Alya l'épiait derrière les rideaux, par les trous de serrures. Bondissant comme un singe parmi les objets de la maison, elle disparaissait derrière les meubles à son approche. Comme elle avait peur de rester avec la cuisinière, elle enveloppait son repas dans un torchon spécial et s'installait par terre près de son lit. Elle avait honte de manger devant les gens."

70greuh
Mar 20, 2014, 6:05 am

Baltimore de David Simon

"... fusillade, fusillade, mort suspecte, coup de couteau, arrestation/meurtre, fusillade grave, meurtre, meurtre/fusillade grave, suicide, vol/coup de couteau, mort suspecte/possible overdose, braquage, fusillade..."
Morts, agonisants ou simple blessés, il y a un formulaire 78/151 pour chaque victime de la ville de Baltimore.

Un livre époustouflant sur la brigade criminelle de Baltimore dans la fin des années 80, alors la ville la plus dangereuse des US.

71Louve_de_mer
Mar 21, 2014, 10:16 am

Comprendre les personnes autistes de haut niveau, de Peter Vermeulen
Le monde est pour les personnes atteintes d'autisme une source de questionnements sans fin. Que se passera-t-il ? Pourquoi cela se passe maintenant ? Comment faire alors ? Qu'est-ce qu'ils veulent dire ?

72Dilara86
Mar 21, 2014, 4:55 pm

Je suis très tentée par le roman du poste >68 raton-liseur: !

Sociologie de la bourgeoisie de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot.

Cela contraste avec la satisfaction qu'éprouvent les grands bourgeois à souligner l'intensité de leur sociabilité. Ils sont fiers de l'appartenance à plusieurs cercles, déplorent volontiers que le temps leur manque, compte tenu de toutes les obligations sociales auxquelles ils doivent satisfaire. Trop centrés sur l'accumulation du seul capital économique, les nouveaux entrepreneurs n'ont pas encore admis pour eux-mêmes l'importance des enjeux du capital social hors du champ des affaires.

73raton-liseur
Mar 22, 2014, 2:11 pm

#72 - Dilara86 : note de lecture à venir d'ici quelques jours, quand elle aura bien mijoté...
C'est en effet un livre agréablement assaisonné, et qui vaut le détour si l'on s'intéresse un peu à la Chine du XXème siècle.

74Cecilturtle
Editado: Mar 22, 2014, 4:07 pm

Dans Je suis comme je suis, Isabelle Nazare-Aga nous décrit la valeur Loyauté (Loyalisme):

« Vous appréciez être « guidé » par un homme (ou une femme) reconnu par d'autres comme « quelqu'un qui sait ». Vous pouvez avoir volontairement choisi de consulter quelqu'un qui a une bonne renommée ou qui est souvent invitée par les médias. S'il n'est finalement pas aussi compétent qu'on le dit, vous ne le percevez pas clairement, trop tendu vers votre besoin d'exprimer votre gratitude par loyauté. Cette loyauté peut se manifester vis-à-vis de la personne qui vous a donné les coordonnées du « professionnel » mais envers le « professionnel » lui-même. »

75Dilara86
Mar 22, 2014, 4:42 pm

>73 raton-liseur:
Super ! J'attends la note avec impatience ;-)

76Cecilturtle
Editado: Mar 23, 2014, 3:24 pm

Je viens de terminer Thérèse Desqueyroux

« Thérèse mit beaucoup de bonne volonté à la relayer auprès des pauvres gens d'Argelouse. Elle fit le tour des métairies, s'occupa, comme sa tante, de faire exécuter les ordonnances, paya de sa bourse les remèdes. »

77Louve_de_mer
Mar 24, 2014, 3:43 am

Comment pense une personne autiste ?, de Peter Vermeulen
Chez les personnes atteintes d'autisme, la cohérence centrale ne se développe pas suffisamment. Elles traitent les informations reçues par leur cerveau comme le font les ordinateurs, comme des données "absolues" et non comme des données relatives.

78Dilara86
Mar 24, 2014, 10:03 am

La noce d'Anna de Nathacha Appanah
Une mère, écrivaine d'origine mauritienne (comme l'auteure), évoque son passé de mère célibataire et sa relation avec sa fille, Anna, alors que cette dernière se marie en grande pompe.

A l'accueil, elle était là, les joues mouillées, le pouce dans la bouche. Je me suis lancée pour la prendre dans mes bras, la serrer, lui demander pardon, pardon, mais là, arrêtant d'un coup mon élan, un grand type avec des grosses mains que je n'avais pas remarqué. D'une voix grosse, forcément grosse, il m'a demandé :
- Qui êtes-vous ?

79Louve_de_mer
Mar 26, 2014, 4:41 am

Je pense trop, de Christel Petitcollin
D'ailleurs, qu'est-ce qu'être intelligent ? Est-ce être doué pour quelque chose en particulier ? Les études, la musique, les affaires ? Quelle place donne-t-on à l'intelligence du cœur et au QE (Quotient émotionnel) ? Que penser d'un intellectuel brillant, mais froid et égoïste ? Et d'une mère de famille simple mais instinctive et pleine de bon sens ?

80Dilara86
Mar 27, 2014, 1:51 pm

Le livre de Blam d'Alexandre Tišma (Aleksandar Tišma)

La pièce dans laquelle il pénètre est remplie d'une obscurité d'encre, tellement les volets en sont soigneusement fermés ; mais il connaît le chemin, il le connaît mieux même que dans la pièce où il vit, car, ici, tout est disposé logiquement, comme à l'origine, selon un ordre éternel qu'on devine instinctivement.


81BeaudH
Mar 28, 2014, 4:10 am

La décision de Isabelle Pandazopoulos

Louise, 18 ans, vient d'abandonner Noé son fils né après un déni de grossesse.

"... Les larmes coulaient le long de mes joues, je les essuyais du dos de ma main, je ne voulais plus pleurer. Il fallait au contraire attiser cette rage qui m'agitait tout entière, l'entretenir, la laisser se déployer, m'appuyer sur elle et continuer debout.
- Quitte à tout perdre, me suis-je dit à mi-voix, avant de me rendre compte que j'avais déjà tout perdu."

82raton-liseur
Mar 28, 2014, 6:17 pm

Il me manque une citation pour Une journée d’Ivan Denissovitch de Soljenitsyne, et je n'ai plus le livre sous les yeux.
Je passe donc directement au livre suivant, un recueil de nouvelles. La citation n'est pas la plus représentative du propos, mais c'est, sur cette page, celle qui me semble le mieux illustrer le style de l'auteur et sa capacité à planter un décor ou croquer un personnage.

Les Lunes de Jupiter - Alice Munro
Herb Abbott était grand, solide, bien en chair. Ses cheveux bruns et clairsemés, en pointe sur le front, étaient rejetés droit en arrière et ses yeux paraissaient un peu bridés, de sorte qu’il ressemblait à un Chinois pâle et aux images du Diable, mis à part le fait qu’il avait le viage glabre et qu’il était affable.
(p. 100, “La saison des dindes”).

83BeaudH
Mar 30, 2014, 8:06 am

Animer un groupe de Christophe Carré

2ème partie : se préparer avant une intervention
Chapitre 5 : être à l'aise

L'aménagement de la salle de travail :
"... En U
Dans cette disposition, l'animateur se distingue clairement du groupe et peut aisément recueillir du feed-back. La disposition en U est recommandée pour des échanges "en étoile" avec l'animateur. Mais si elle favorise les discussions relayées par celui-ci, elle ne permet pas en revanche un réel dialogue entre les membres du groupe.

84raton-liseur
Editado: Abr 1, 2014, 3:33 pm

La page 100 étant vierge, je cite un passage un peu antérieur et, pour une fois, plutôt bien représentatif.

Le Bateau-usine - Takiji Kobayashi
Afin que tout soir irréprochable et que rien ne vienne gripper l’engrenage, ils sélectionnaient des travailleurs dociles qui ne s’intéressaient pas aux syndicats. Mais finalement le « travail » tel qu’il était organisé à bord des bateaux-usines aboutissait au résultat inverse de celui qu’ils recherchaient. Les conditions de travail intolérables poussaient irrémédiablement les travailleurs à se rassembler, à se syndiquer. Les capitalistes tout « irréprochables » qu’ils fussent, n’avaient malheureusement pour eux pas assez de discernement pour comprendre ce paradoxe. C’est presque comique, envisagé de ce point de vue. S’ils avaient voulu faire exprès de mettre ensemble des travailleurs non encore syndiqués et les pires soûlards pour leur donner le mode d’emploi du rassemblement, ils ne s’y seraient pas pris autrement.
( p. 98-99, Chapitre 8).

85greuh
Abr 2, 2014, 8:19 am

Dune
"Your water is ours, Duncan Idaho," Stilgar said. "The body of our friend remains with your Duke. His water is Atreides water. It is a bond between us."

86Dilara86
Abr 2, 2014, 11:12 am

Expecting someone taller de Tom Holt
Fantasy humoristique inspirée par la Chanson des Nibelungen

'Herr Finger,' said the intruder, 'I'm from Customs and Excise. We're making inquiries about illicit gold dealings.'
For a moment, Malcolm forgot who he had become, and his blood froze. Like all respectable people, he knew that he was guilty of something, although what it was he could not say; and the arrival of a representative of the Main Cop only confirmed his suspicions.

87Dilara86
Abr 6, 2014, 8:00 am

A Monster Calls de Patrick Ness
Le monstre de l'if rend visite à Conor, un adolescent dont la mère meurt d'un cancer. Que du joyeux !

"We've been here before, Conor," she said. "So don't worry. I've felt really bad and I've gone in and they've taken care of it. That's what'll happen this time." She patted the duvet cover again. "Won't you come and sit down next to your tired old mum?"

88Dilara86
Abr 6, 2014, 8:16 am

Jamais deux sans trois...
The Princess Bride de William Goldman (ou plutôt de S. Morgenstern ;-))

Pas besoin de présentation, je crois. J'ai choisi la page 100 numérotée comme telle plutôt que la centième page du roman, qui lorsque l'on prend en compte les différentes "introductions" (qui sont un outil narratif), serait à la page 66.

As she rode through woods and streams and heather, her brain was awhirl. The walk through the crowds had moved her, and in a way most strange. For even though she had done nothing for three years now but train to be a princess and a queen, today was the first day she actually understood that it was all soon to be a reality.
And I just don't like Humerdinck, she thought.

89BeaudH
Editado: Abr 12, 2014, 1:02 am

Caroline Preston : Le journal de Frankie Pratt (roman graphique)

Page 100 : Chapitre 3 - Greenwich Village 1924-1925

Je me trouve une chambre.
A louer : 1 chambre meublée - eau froide - réfrigérateur - plaque chauffante. 18 $ / par mois. 14 Washington Mews. Contacter Ms Mc Voy.

Washington Mews : une allée derrière ce qui était autrefois le magnifique Washington Square (penser Catherine Sloper). Ce sont d'anciennes étables converties en maisons/ateliers. Isabelle Mc Voy est une ancienne cantatrice (à en juger par les photos au mur, elle est toujours restée dans les chœurs). Je ne sais pas où est Mr Mc Voy, s'il a jamais existé.

90BeaudH
Editado: Abr 19, 2014, 11:19 am

Daniel Tammet - Je suis né un jour bleu

Daniel, enfant autiste, prend conscience de sa différence :

Progressivement, je devins plus conscient de ma solitude et j'eus très envie d'avoir un ami. Tous mes camarades de classe en avaient au moins un... Et pour la plupart plusieurs. Je passais des heures éveillé la nuit à regarder le plafond et à imaginer ce que ce serait d'avoir un ami. J'étais sûr que d'une manière ou d'une autre, cela me rendrait moins différent. Peut-être alors, pensais-je, les autres enfants ne trouveraient pas que je suis bizarre. Que mon petit frère et ma petite sœur aient des amis, avec qui ils jouaient après l'école ne m'aidait pas. Je ne pouvais pas comprendre pourquoi ces enfants ne parlaient pas entre eux de choses vraiment intéressantes comme les pièces de monnaie, les marrons, les nombres et les coccinelles.

91Dilara86
Abr 19, 2014, 10:20 am

L'extrait en >90 BeaudH: est à vous fendre le cœur...

The Sparrow de Mary Doria Russel

Roman SF sur le thème de l'exploration extraterrestre, avec un soupçon de religion (la moitié des explorateurs sont des jésuites) et une approche de la psychologie pas du tout subtile.

Faced with the Divine, people took refuge in the banal, as though answering a cosmic multiple-choice question: If you saw a burning bush, would you (a) call 911, (b) get the hot dogs, or (c) recognize God ? A vanishingly small number of people would recognize God, Ann had decided years before, and most if them had simply missed a dose of Thorazine.

92BeaudH
Editado: Abr 27, 2014, 1:20 pm

Daniel Pennac - Comme un roman

Tout tourne autour de la lecture, ce maître-mot...
...
- Mademoiselle... Racontez-nous Madame Bovary!
- Non! Non! Racontez-nous plutôt votre roman préféré!
- Oui, la "Ballade du café triste"! Vous qui aimez tant Carson MacCullers, mademoiselle, racontez- nous la Ballade du café triste!
- Et puis vous nous donnerez envie de relire "La Princesse de Cleves". Hein?
- Donnez-nous envie de lire mademoiselle!
- Envie vraiment! ...

Pour une fois que la page 100 fait l'objet d'une réflexion, c'est le bon endroit pour la partager.

"Comptez vos pages, les enfants, comptez...les romanciers en font autant. Il faut les voir, quand ils atteignent la page 100! C'est le cap Horn du romancier, la page 100! Il y débouche une petite bouteille intérieure, danse une discrète gigue, s'ébroue comme un cheval de labour, et, allons-y, replonge dans son encrier pour s'attaquer à la page 101..."

93BeaudH
Editado: Maio 27, 2014, 4:16 pm

Feux croisés : journal de la révolution syrienne par Samar Yazbek

Pendant quinze jours, toute personne qui mettait la tête à la fenêtre était abattue.Ils ont fait de Deraa une grande prison; l'eau, l'électricité et les communications ont été coupées pendant vingt jours. J'ai vu moi-même le camion frigorifique où les jeunes avaient déposé les cadavres afin de les enterrer après la levée du couvre-feu, et d'éviter que les forces de sécurité ne s'en emparent. Quatre-vingts cadavres environ ont passé par notre centre, et au moins deux cent cinquante blessés.

Jeudi 19 mai 2011! Et depuis cela continue, tous les jours amènent leur lot de morts et de blessés dans toute la Syrie qui commence à ressembler à un champ de ruines, c'est déprimant...
Tellement déprimant que je n'ai pas supporté de poursuivre cette lecture. C'est trop difficile...j'abandonne.

94Dilara86
Abr 29, 2014, 8:37 am

Avril brisé de Ismaïl Kadaré

- C'est ce que dit le Kanun, reprit Bessian. Lorsque le meurtre survient au moment d'une querelle de limites, l'emplacement de la tombe sert lui-même de limite."

Diane avait la tête constamment collée à la vitre.

"La tombe qui devient borne ne peut, aux termes du
Kanun, être déplacée par personne jusqu'à la fin des temps, continua Bessian, c'est une limite consacrée par le sang et la mort.

- Que d'occasions de mourir !" dit Diane.

95Dilara86
Abr 30, 2014, 2:42 pm

Les Ennemis intimes de la démocratie de Tzvetan Todorov

Il existe certainement des raisons multiples qui expliquent pourquoi cette intervention a été engagée, alors que, dans des circonstances très comparables, d'autres ne le sont pas : pourquoi la Libye, et non la Syrie, ou le Bahreïn, ou le Yémen ? Ces raisons peuvent être liées aux difficultés éprouvées par les dirigeants des États intervenants, à tel moment de leur carrière, ou encore aux intérêts politiques de ces États. La France a continué pendant longtemps à soutenir les dictatures établies dans les pays voisins, Tunisie et Égypte ; en choisissant d'épauler les insurgés en Libye, elle pouvait espérer se mettre dans le sens de l'histoire. Elle a fait en même temps la démonstration de l'efficacité de ses armes, ce qui la place en position de force dans de futures négociations.

96Cecilturtle
Maio 4, 2014, 6:17 pm

J'haïs les Anglais de François Barcelo

Je triche un peu car la page 100 est une fin de chapitre avec quelques phrases seulement. Voici donc la page 101.

« Pour commencer, est-ce que les types de la Baraque à Poutine vont accepter de me réserver ma franchise pour quelques semaines encore? Sinon, est-ce qu'ils vont accepter de me remettre mes mille dollars en dépôt? Parce que plus j'y pense, plus je doute de pouvoir trouver les soixante mille dollars qu'ils réclament.
Je m'aperçois surtout que mon coup parfaitement planifié est plein de trous.
Par exemple, quelqu'un pourrait faire le lien entre ma disparition dans le bureau de madame Huard et l'heure du braquage à la TCBC. »

97Cecilturtle
Maio 4, 2014, 6:20 pm

Rue Sans-souci de Jo Nesbø

(C'est Ivarssen qui parle)

«J'ai bien peur que les braqueurs moyens ne soient pas très subtils, dans la vraie réalité, Hole. Y a-t-il ici quelqu'un d'autre qui souhaite explique à la Criminelle le trait principal d'un braqueur en série? »

98Dilara86
Maio 9, 2014, 11:31 am

Mes mauvaises pensées de Nina Bouraoui

Je suis une étrangère quand j'arrive à Paris, le cinq octobre mille neuf cent quatre-vingt-un, je ne suis pas une étrangère comme les autres, je suis française, mais je me sens étrangère aux formes qu'on me propose, l'appartement, le collège, les gens, la chambre que je partage avec ma mère, il y a la disparition en moi de l'Algérie. Plus de traces, plus rien, je m'efface de l'intérieur, je suis mon propre parasite, il y a la négation totale en moi de l'Algérie: la renonciation à mon père, à ce qu'il est, à ce qui le précède, c'est d'une grande violence, c'est d'une grande injustice aussi.

99Dilara86
Maio 11, 2014, 8:03 am

Jours glacés (Hideg napok en hongrois) de Tibor Cseres

Quatre prisonniers, anciens soldats de l'armée hongroise (alliée aux nazis pendant la seconde guerre mondiale), racontent leurs souvenirs des fameux "jours glacés" de janvier 1942, pendant lesquels ont été massacrés de nombreux Juifs, Serbes et autres personnes au mauvais endroit au mauvais moment.

Dans cet extrait, des soldats hongrois en patrouille se servent à boire et à manger dans les maisons qui sont sur leur chemin. Les habitants qui se plaignent ne font pas long feu... Le caporal est énervé.

Ayant aperçu le fusil à baïonnette dans la main de Dorner, ou peut-être les étoiles sur le revers du col, elle fit demi-tour. Mais, avant même qu'elle eût le temps de refermer la porte derrière elle, le caporal la rattrapa :
- Tu voulais voir, petite curieuse, hein ? Fit-il.
Ensuite, on n'entendit plus qu'un cri. Même pas un bruit de chute. Dorner, sans un mot, avait poussé la femme dans la chambre obscure. Je n'avais vu que son dos. Il revint aussitôt et essuya la baïonnette à la nappe.


100BeaudH
Maio 13, 2014, 3:26 am

Se résoudre aux adieux par Philippe Besson

De Cuba, d'Amérique ou d'Italie, une femme écrit à l'homme qu'elle aime et qui l'a quittée.

"Un jeune italien s'est assis près de moi, au Florian, l'autre jour. J'ai compris tout de suite qu'il s'asseyait là parce que je l'intéressais, il m'avait remarquée derrière les vitres. J'étais seule évidemment, c'est mon état la solitude, je laissais mon chocolat refroidir, tu sais bien que c'est une manie chez moi, cela t'exaspérait, il s'est installé à la table à côté , il a fait mine de ne pas me regarder d'abord mais quand les hommes font semblant de ne pas lorgner le corsage des femmes, les femmes, elles, elles ne voient que ça, leurs efforts, leur maladresse. Il lui a fallu moins d'une minute pour me demander si la fumée de sa cigarette m'importunait."

101Dilara86
Maio 13, 2014, 2:45 pm

Aimer ses enfants ici et ailleurs de Marie Rose Moro

Je triche un peu en recopiant un extrait de la page 97, qui traite du même sujet que la page 100, tout en étant plus parlante hors contexte.

Quels sont, donc, les moments qui peuvent fonctionner comme de possibles effractions psychiques pour les femmes migrantes enceintes ? Reprenons pour les décrire le parcours de Médina {prénom d'une patiente} tel qu'elle le raconte. Traditionnellement, la grossesse doit être cachée le plus longtemps possible ; du moins, doit-on en parler le moins possible pour ne pas éveiller l'envie de la femme stérile, de celle qui n'a pas de garçon, de celle qui a moins d'enfants, de l'étrangère. D'où cette peur que Médina a eue au moment où elle est allée voir l'assistante sociale pour qu'elle remplisse un formulaire de "déclaration de grossesse". Elle se sentait menacée. Tout pouvait lui arriver, même être "attaquée en sorcellerie" et perdre l'enfant qu'elle portait. Cette peur l'a suivie tout au long de sa grossesse et, même lorsque l'enfant est né, elle a continué à être terrorisée : cet enfant n'était pas protégé, il pouvait repartir à chaque moment c'est-à-dire mourir.

Tout s'est poursuivi selon la même logique pour Médina. A l'hôpital, on a fait des "photos" qui montraient ce qu'il y avait à l'intérieur de son ventre, qui "montraient ce que Dieu tenait encore caché", explique-t-elle. Cette échographie, c'était violent ; pourquoi cet acharnement ? D'autant que l'équipe médicale lui montrait des images presque sans commentaires dans la mesure où elle comprenait très peu le français. Ces images sans mots, sans accompagnement, étaient encore plus violentes ! L'échographiste ne comprenant pas son refus de voir, lui parlait, lui disait sans doute de regarder, de ne pas s'inquiéter... Elle fermait les yeux pour tenter de ne pas voir. Lui interprétait son attitude et, en particulier, le fait qu'elle ferme activement les yeux, comme refus d'investissement du bébé. C'était, en réalité, le contraire. Médina fermait les yeux pour protéger son bébé, à sa façon.

102Dilara86
Maio 15, 2014, 11:51 am

Le Dîwân de la poésie arabe classique, poèmes choisis par Adonis et traduits par lui-même et par Houria Abdelouahed

L'extrait sera court, il n'y a qu'une strophe d'un poème d'Al-Akhtal (né en 640, mort en 708) à la page 100...

Chacun de nous passe la nuit avec ses tourments
Comme si le toucher du lit donnait à son corps des
ulcères.

103Cecilturtle
Maio 17, 2014, 2:01 pm

Voici une citation de Tonbo par Aki Shimazaki, dont un des thèmes est l'intimidation :

Il s'est arrêté. J'ai demandé, craintif :
- Qu'est ce que tu veux de moi? De l'argent?
Il a ri :
- De l'argent? J'en ai assez! Je t'en donnerai si tu veux.
J'étais quand même soulagé de réponse. Il me fixait, le sourire toujours en coin. J'ai failli reculer.

104Dilara86
Maio 18, 2014, 9:28 am

Le dossier H. d'Ismaïl Kadaré
Deux étudiants irlandais s'installent dans la deuxième plus vieille auberge d'Albanie pour enregistrer et étudier les chants épiques des rhapsodes albanais, dans le but de prouver un lien entre ces derniers et Homère.

Plus d'un millénaire durant, Albanais et Slaves s'étaient affrontés ici sans relâche. Ils s'étaient heurtés à propos de tout, de terres, de limites, de pâturages, de cascades, et on n'eût pas été étonné d'apprendre que les arcs-en-ciel eux-mêmes eussent figuré parmi les objets de litige. Et comme si cela ne suffisait pas encore, ils se chamaillaient à propos de l'épopée antique, laquelle, comme pour parfaire le cours fatal des choses, existait dans les deux langues, l'albanais et le serbo-croate. Et chacun des deux peuples affirmait obstinément qu'il était, lui, le créateur de l'épopée, ne laissant à l'autre que le choix entre l'avoir dérobée ou, dans la meilleure hypothèse, imitée.

105Dilara86
Maio 23, 2014, 10:21 am

Au risque de flooder...

La Sainte Ignorance d'Olivier Roy

Pour un puritain, la culture des Indiens est un obstacle au salut, car les protestants du XVIIe siècle sont désormais culturally embedded. En fait, après avoir relativisé la question de la culture, sans doute lorsqu'ils se voyaient eux-même minoritaires dans une société culturellement catholique, les protestants triomphants font de leur nouvelle culture la condition d'accès à la religion : John Eliot, un des rares protestants du XVIIe siècle soucieux d'évangéliser les Indiens, déclare que les indigènes "must have visible civility before they can rightly enjoy visible sanctities in ecclesiastical communion", ce qui veut dire qu'ils doivent être physiquement et culturellement des Anglais (d'où l'importance de la question de la race).

106Dilara86
Maio 23, 2014, 10:28 am

Et Le Marchand de Passés de José Eduardo Agualusa

La mémoire est un paysage contemplé depuis un train en mouvement. Nous voyons monter au-dessus des acacias la lumière de l'aube, les oiseaux qui picorent le matin, comme un fruit. Nous voyons, au loin, un fleuve serein et la forêt qui l'enlace. Nous voyons le bétail qui paît lentement, un couple qui court main dans la main, des enfants qui dansent le football, le ballon qui brille dans le soleil (un autre soleil). Nous voyons les lacs tranquilles où nagent les canards, les fleuves aux eaux lourdes où les éléphants étanchent leur soif. Ce sont des choses qui se produisent sous nos yeux, nous savons qu'elles sont réelles, mais elles sont lointaines, nous ne pouvons les toucher. Certaines sont déjà si loin, et le train avance si vite, que nous ne sommes pas sûrs qu'elles se sont réellement produites.

107FlammeSexyComedy
Maio 23, 2014, 10:48 am

Essa mensagem foi considerada abusiva por vários usuários e não mais será mostrada. (mostrar)
"Sexy Comedy" de Flamme, proposé actuellement en lecture dans le cadre du LibraryThing Member Giveaway

Sexy Comedy raconte les aventures de Flamme, célibataire française et apprentie comédienne, qui court après ses rêves… sans se prendre au sérieux !

Nous nous déchaînons comme des furies, Céline siffle à me percer les tympans.
— AAAHHH !
Les DG réapparaissent à poil sur le toit, leur slip roulé dans une main en guise de cache-sexe. Nous applaudissons à tout rompre, braillons à nous péter les cordes vocales. Les copains autour sont cons- ternés et attendent patiemment que les rois de la fête aient fini leur show. Mais il fait très bon ce soir et leurs majestés ne sont pas pressées de se rhabiller. Ils dansent quasi-nus pendant un bon quart d'heure puis nous tournent le dos, s’immobilisent et lancent leurs slips en l’air. Ovation, trépignements, crépitement des flashs, hourras : le strip-tease des DG fait un tabac chez les filles. Quant aux hommes, ils applaudissent poliment ne voulant pas passer pour des pisse-froid.

108BeaudH
Jun 2, 2014, 4:17 pm

Journal d'un apprenti moine zen par Sato Giei

L'homme à tout faire
Dans toute société , il y a des hommes à qui on demande beaucoup plus d'efforts qu'aux autres, et pour quoi? Pour un poste obscur ou un travail d'où sont bannis tout prestige, et même, au premier coup d'œil, tout intérêt. Le "fuzui-ryo" n'échappe pas à la règle, lui qui s'occupe des affaires courantes et des petits travaux dans le monastère.
Sa tâche c'est tout et rien ...

109BeaudH
Jun 7, 2014, 1:11 am

La face cachée de la lune par Martin Suter

C'est peut-être justement à sa faculté de brider ses sentiments qu'il devait d'être allé si loin. Ce qui l'inquiétait à présent, ce n'était pas tant la perte apparente de contrôle sur la bête qui l'habitait et qu'il avait domestiquée depuis bien longtemps : c'est que cette perte lui était indifférente.
Il n'existait rien ni personne à qui il ait dû le moindre égard. Parce que rien ni personne n'existait réellement

110Dilara86
Jun 7, 2014, 3:09 pm

Cuisine amérindienne de Françoise Kayler et André Michel

Un livre de cuisine comme je les aime : avec des explications historiques, géographiques et culturelles, pour une mise en contexte des recettes.

Après le saumon, l'oolachan était, pour les Amérindiens, le plus important des poissons. Des milliers de ces petits poissons remontaient des rivières comme la Nass et la Bella Coola pour frayer à la fin d'avril et au début de mai. Les Amérindiens les attrapaient dans des filets spéciaux placés dans les courants peu profonds à l'embouchure des rivières. Mme Thorne se souvient : "Nous pouvions nous procurer des éperlans de notre côté de l'île de Vancouver. Ils venaient dans les vagues. Quand nous étions enfants, on pouvait courir avec nos épuisettes et les ramener sur la plage. Nous retournions et recommencions avec beaucoup d'excitation.

La partie la plus importante de l'oolachan était son huile ou sa graisse. On laissait pourrir le poisson pendant deux ou trois semaines dans une fosse creusée dans la terre. Cela facilitait l'extraction de l'huile et était censé en améliorer la saveur

111Dilara86
Jun 7, 2014, 3:12 pm

Vacarme pour une lune morte de Vénus Khoury-Ghata

Les bruits de votre guerre nous parviennent avec précision. Tenez, l'explosion survenue hier à l'Est chrétien a dû faire trente morts et soixante blessés. J'ai ma méthode, infaillible. Je multiplie le nombre de hurlements des tués par celui des déflagrations, puis divise le résultat par le nombre de sirènes d'ambulances qui se dirigent sur le lieux.

112BeaudH
Jun 8, 2014, 3:01 pm

Georges Bernanos : Dialogues des Carmélites (théâtre)

Cérémonie clandestine du Vendredi-Saint dans un local dépendant du couvent où sont réunis quelques fidèles. C'est la nuit, des hommes font le guet...les religieuses arrivent sans bruit. L'une d'elles prépare les ornements, le prêtre n'est pas encore là. Au-dehors, un ou deux cris de signal...le prêtre arrive, des enfants lui baisent les mains.

113Cecilturtle
Jun 9, 2014, 6:33 pm

Rouge-Gorge par Jo Nesbo

« L'officier a fait preuve d'initiative dans une situation qui représentait une menace potentielle pour le Président, dit Brandhaug. Si la personne présente dans la guérite avait été un terroriste, ce qu'il était tenu de supposer d'après les instructions données pour la situation qui nous intéresse, le policier aurait sauvé la vie du Président. Le fait, qu'après vérification, la personne ne soit pas terroriste, ne change rien à rien. »

114Cecilturtle
Editado: Jun 9, 2014, 7:27 pm

Les fausses couches par Steph Rivard

Entre les yeux de ma mémère morte dans son cercueil improvisé dans le grenier et les regards hallucinés de ma Catherine adorée qui se transforme en chien-chat, la route n'était pas longue, mais elle a été essentielle à parcourir.

115Cecilturtle
Editado: Jun 21, 2014, 4:52 pm

Le Soleil du Lac qui se couche par JR Léveillé

Au sujet de la traduction que fait la narratrice du poème de son amant :

« - Oui, a-t-il dit, j'ai fait ces deux versions, car je voulais que ce soit absolument clair. Les deux derniers vers qui sont à peu près renversés expliquent, pour ainsi dire, les deux premiers. Je vois que tu as très bien réussi de rendre cela en français. Tu est allée au cœur absolu de la chose avec un jeu de mot qui est différent de l'original, mais qui en saisit l'esprit à la lettre, corps et âme. »

116BeaudH
Jun 22, 2014, 2:11 am

Alexandra de Lassus : Les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle

"Guérir ses ampoules :

Dans l'univers de l'ampoule comme dans celui de l'addiction à l'héroïne, la clé du succès réside dans la prévention."

117BeaudH
Jun 29, 2014, 2:16 am

Yasmine Ghata - La nuit des calligraphes

Rikkat écrit à son fils Nour qu'elle n'a pas vu depuis vingt ans :

Cher fils,
Invitée à Lisbonne en février prochain pour restaurer des miniatures appartenant à la fondation Gulbenkian, je pourrais sur le chemin du retour passer par Paris pour vous voir. Le secrétaire de la fondation à sollicité l'aide de l'académie des Beaux-Arts d'Isanbul pour restaurer une page de manuscrit datée du XVeme siècle...
... L'idée de visiter Paris en votre compagnie m'enchante. J'ai hâte de découvrir les poèmes du célèbre Baki en l'honneur de Soliman le Magnifique conservés à la Bibliothèque Nationale et les dessins du Grand Sah Kulu.

118BeaudH
Editado: Jun 29, 2014, 2:52 am

Georges Berson- Avec Saint Jacques à Compostelle

Je triche un peu et je vous délivre un passage de la page 110 qui, il me semble, est emblématique de ce document.

C'est en parcourant le Camino à pied et seulement dans ce cas que le pèlerin découvre la dimension essentielle de son pèlerinage, et sans doute de sa propre condition humaine. Car pérégriner à Compostelle c'est aussi et surtout affronter la durée.

119Cecilturtle
Jun 29, 2014, 7:03 pm

La Princesse du Burundi par Kjell Eriksson.
C'est un polar suédois. Une enquêtrice en congé de maternité est un peu nostalgique :

« Elle imaginait fort bien le tout, la réunion matinale, les collègues penchés sur leurs bureaux le téléphone à la main ou les yeux fixés à l'écran d'un ordinateur. Haver avec ce visage ouvert qu'elle lui connaissait, Sammy avec son style un peu négligé, Fredriksson en train de regarder devant lui sans rien voir et de passer le bout des doigts sur la pointe de son nez, Lundin certainement aux toilettes les mains pleines de savon, Wende explorant les bases de données, Beatrice parcourant les listes entières de noms et d'adresses, les mâchoires serrées et la mine volontaire, Ryde, le sévère technicien, en train de réfléchir avec sa sagacité habituelle, derrière son air renfrogné. »

120Cecilturtle
Editado: Jul 8, 2014, 6:01 am

La nuit de l'Imoko par Boubacar Diop, une collection de nouvelles. Voici un extrait de la nouvelle Comme une ombre à la page 100

Ce jeune homme est toujours pressé. Ça ne va jamais assez vite pour lui. Alors il bouscule tout le monde, joue des coudes et pardon monsieur, s'il vous plaît madame, j'ai mon train à six heures dix-neuf. C'est ainsi chaque jour, quelques secondes avant son train de six heures dix-neuf et le plus drôle voyez-vous, c'est que ce garçon ne fout même pas la pagaille, le plus drôle c'est que sa fébrilité est un des mystérieux rituels de la horde antique. Je ne vais pas me mêler de leurs affaires, mais celui-là il le fait exprès de rater son train ou alors moi ne je m'appelle pas Seydou Keita, fils de Mouhamadou Keita et de Awa Kanouté.

121Dilara86
Jul 12, 2014, 11:22 am

L'herbe d'or de Pierre Jakez Hélias

- Il m'est arrivé de rencontrer une femme qui parle tranquillement de choses sans importance alors que son mari est déjà porté disparu en mer. Aucune nouvelle de lui et elle va boire son café comme si de rien n'était. Croit-elle qu'une petite chaloupe puisse durer dans une tempête comme celle de la nuit dernière ?

122Dilara86
Jul 18, 2014, 2:56 pm

Les femmes de mon père de José Eduardo Agualusa

Johan a réussi, au bout de presque deux heures, à improviser une solution à la panne et nous avons poursuivi le voyage. Avelina, une grande et très belle femme, est née dans le Huambo. Elle a huit enfants et aucun ne sait parler la langue de leurs parents, ils parlent seulement le portugais. Après une certaine résistance, elle a accepté de nous chanter plusieurs thèmes traditionnels et religieux en umbundo. J'ai été impressionné : elle avait une voix magnifique. Des mélodies simples, contagieuses.

123Cecilturtle
Jul 19, 2014, 6:06 am

La fête au Bouc par Mario Vargas Llosa

Décrivant les combines du tortionnaire Abbes pendant la dictature de Trujillo en République dominicaine :

« Comment s'ingéniait le colonel Abbes pour nouer contact aussi vite, dans des villes qu'il connaissait à peine, avec ces vermines des bas-fonds, tueurs à gages, voyous, trafiquants, assassins, prostituées, maquereaux et délinquants qui intervenaient toujours dans ces opérations criminelles, auxquelles étaient mêlés les ennemis du régime, et qui faisaient les délices de la presse à sensation? »

124Cecilturtle
Jul 27, 2014, 4:03 pm

Je termine ma lecture d'été Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi par Katherine Pancole

« Elles étaient en train de déguster les pâtes au saumon quand on sonna à la porte.
C'était Iphigénie.
Elle s'assit tout essoufflée sur la chaise que lui désignait Joséphine et remit ses cheveux bien en place en les lissant du plat de la main, geste inutile, car ils se redressèrent aussitôt en épis rouges et bleu marine. »

125greuh
Ago 1, 2014, 5:34 am

"Cela n'avait rien de contradictoire en dépit des apparences. Le reniement de ses origines bourgeoises l'intéressait moins que le plaisir de l'éphémère. Un pays où une révolution, plutôt confuse, avait coûté un million de morts, avait aussi besoin de défenseurs pour ses belles de nuit."
Ombre de l'Ombre - Paco Ignacio Taibo II

126greuh
Ago 4, 2014, 9:19 am

"En sortant son tabac et sa feuille de maïs, le vieil Antonio commence son histoire, qui rassemble et confond les temps anciens et nouveaux, exactement comme s'unissent et se confondent les fumées de ma pipe et de sa cigarette."
Ya Basta t.2

127BeaudH
Ago 20, 2014, 3:16 pm

John Green : Nos étoiles contraires

...Il a tendu la main pour me toucher la joue, et l’espace d'une seconde j'ai cru qu'il allait m'embrasser. Je me suis crispée, il a dû s'en apercevoir car il a tout de suite retiré sa main...

128Dilara86
Ago 21, 2014, 8:51 am

La cité des dames de Christine de Pizan

Extrait du chapitre XXXIII Où Christine demande à Raison s'il est jamais arrivé à une femme de créer une science auparavant inconnue.

"Les Italiens ne témoignèrent point d'ingratitude à Carmenta pour ce bienfait, comme on le comprend fort bien ; la découverte leur parut si prodigieuse qu'ils proclamèrent que Nicostrate n'était pas une simple mortelle, mais une déesse. De son vivant même ils lui rendaient le culte de la divinité, et à sa mort, ils élevèrent au pied de la montagne où elle avait vécu un temple qu'ils lui dédièrent. Pour perpétuer sa mémoire, ils désignèrent différentes choses du nom de la science inventée par elle, et donnèrent son propre nom à beaucoup d'autres ; c'est ainsi que les gens de ce pays prirent le nom de Latins, afin d'honorer la découverte faite par cette femme."

129Cecilturtle
Ago 25, 2014, 6:39 pm

Le gardien de phare par Camilla Läckberg

Comme la page 100 est vierge, je vous livre un extrait de la page 101:

« - Qu'est-ce que tu en penses? demanda Paula.
Gösta et elle avait acheté de quoi déjeuner à la Coop, ils étaient en train de manger dans la cuisine du commissariat.
- C'est assez étrange, dit Gösta en goûtant son gratin de poisson. Personne ne semble savoir quoi que ce soit sur la vie privée de Sverin. Pourtant tout le monde l'aimait bien, le trouvait ouvert et sociable. Ça ne colle pas. »

130Cecilturtle
Ago 31, 2014, 11:51 am

Un classique de la psychogénéalogie sur le mode humoristique, Manuel à l'usage des enfants qui ont des parents difficiles par Jeanne Van den Bouck

Au sujet des aînés qui ne veulent pas de frères ou sœurs:

« Il arrive cependant que toutes les méthodes contraceptives usuelles échouent et que l'enfant malencontreusement vienne au monde. Certains enfants considèrent que même alors tout n'est pas perdu et qu'une action peut être envisagée. (...) Elle entreprit une étude approfondie du fonctionnement des bennes à ordures, de leurs horaires et de leurs itinéraires, pour essayer de profiter de la première occasion qui se présenterait. En fait, dans ce cas, l'occasion ne se présenta jamais. »

131Dilara86
Set 7, 2014, 11:50 am

Asteraï d'Omri Teg'Amlak Avera, un auteur israélien d'origine éthiopienne

"Combat de bœufs !" s'écria soudain un des garçons. Tout le monde suivit la direction du doigt pointé, et ils virent Kendu se jeter sur un bœuf inconnu.
Ils s'approchèrent des animaux en fureur. Le bœuf étranger était aussi fort et impressionnant que Kendu et le combat était équilibré. Il avait une fourrure noire, une tache blanche sur le front, un poitrail aussi large que celui de Kendu mais incliné vers la droite, et des cornes très épaisses et très longues. Les deux animaux s'élançaient l'un vers l'autre, le choc des cornes faisait un bruit de rochers roulant dans un précipice.

132Dilara86
Set 14, 2014, 5:02 am

Histoire des femmes en Occident I. L'Antiquité, sous la direction de Pauline Schmitt Pantel, avec les noms de Georges Duby et Michelle Perrot bien en évidence sur la couverture, même s'ils ne signent aucun des gros articles du livre.

La page 100 tombe en plein dans le chapitre 2, Philosophie du genre - Platon, Aristote et la différence des sexes, écrit par Giulia Sissa

Le discours platonicien aboutit à une véritable redistribution logique. Au lieu d'un genre humain coupé en deux parties contraires, caractérisées par des attributs et des fonctions opposées, dans la cité, on observe un genre humain qu'il faut surtout ne pas diviser en deux et qui se compose d'individus doués d'aptitudes personnelles, idépendantes du genre sexuel.

133Cecilturtle
Set 21, 2014, 1:20 pm

L’élixir d'amour par Éric-Emmanuel Schmitt

« En quelques heures, Paris a mûri : il est devenu une ville effrontée, enjôleuse, excitante, prodiguant des porches pour s'enlacer, des bancs pour s'embrasser, des quais pour promener nos rêveries. Adieu le bruit, le trafic, le stress, le labeur, la surpopulation : Lily et moi marchions dans un sublime décor silencieux, aussi romantique que nous. »

134Cecilturtle
Editado: Out 8, 2014, 8:57 pm

Un joli petit coin pour mourir par Charles Exbrayat

« Curtil grogna :
- Vous êtes certain qu'il s'agit d'un accident?
- Absolument, Brigadier. Le jour où Malcolm McNamara voudra tuer quelqu'un, il n'aura nul besoin de prendre une arme... D'autre part, il m'est très dévoué et me traite un peu comme une nourrice son bébé. »

135Cecilturtle
Out 8, 2014, 8:57 pm

La tête en friche par Marie-Sabine Roger

« Le jour où j'ai dit à ma mère que j'allais m'installer au fond du terrain, dans la caravane, elle m'a regardé comme si j'étais fou. Elle a fait :
- T'as rien trouvé de mieux, pour nous faire mal voir des voisins?
J'ai répondu sans m'énerver :
- Les voisins, j'en ai rien à cirer! Et je vois pas pourquoi ça les dérangerait! Le jardin, c'est chez nous... »

136Dilara86
Out 11, 2014, 10:15 am

La mécanique raciste de Pierre Tevanian

En effet, si l'on admet que la discrimination s'enracine dans une peur de la différence inhérente à la nature humaine, la responsabilité revient à toutes celles et ceux qui sont perçus comme "différents" de se défaire de leurs différences, ou au moins de les refouler ou de les dissimuler. On ne leur demandera certes pas explicitement de se blanchir la peau - même si l'injonction existe implicitement, sous la forme d'une pression sociale, avec des effets dévastateurs en termes de santé publique - mais qu'ils fassent au moins l'effort de s'habiller "comme nous", de ne pas trop parler leur langue d'origine, ou pas trop fort, et bien entendu de ne pas "manifester ostensiblement leur appartenance religieuse". On leur proposera même, lors des procédures de naturalisation, de changer de prénom.

137BeaudH
Editado: Out 11, 2014, 10:58 am

>> 135 Cecilturtle
Cette lecture me "titille" depuis que j'ai vu le film avec Gérard Depardieu. Elle risque bien de faire partie de mes prochaines lectures.

138BeaudH
Editado: Out 12, 2014, 3:33 am

Jean-Luc Luciani - Fugue traversière (la vie dans la rue ne s'improvise pas)

Contexte : Julien, après une fugue, se trouve à Marseille en compagnie d'Abdallah et vit comme un SDF.

Nous arrivons au pied de la gare Saint-Charles. Nos ombres s'étirent sur le marbre des statues qui bordent les escaliers. Une centaine de marchés à gravir. Nous progressons en cadence.
- Abdallah je peux te demander quelque chose ?
- Demande toujours...
- Ça fait combien de temps que tu vis ici ?

139Cecilturtle
Out 14, 2014, 7:56 am

#137 BeadH - je suis tombée dessus par hasard et je n'ai vraiment pas regretté. Ça m'a donné envie de voir le film avec Depardieu, qui doit être parfait dans le rôle de Germain. Je vais voir si je ne peux pas trouver le DVD à la bibliothèque!

140Dilara86
Out 25, 2014, 9:31 am

Les paradis aveugles de Duong Thu Huong

Je lui obéis. Ma mère comprit alors qu'elle était de trop et se porta à quelques dizaines de pas devant nous. Tante Tâm la suivit du regard et, quand elle fut assez loin, me dit : "Maintenant tu es la dernière goutte de sang de la famille Trân. La maison, l'autel des ancêtres, les rizières, les jardins, c'est pour toi que je les garde, tu comprends ?"

141BeaudH
Nov 5, 2014, 11:28 am

Romain Mazenod - L'évangile à l'heure des femmes

Sylvie confesse une tendresse particulière pour François d'Assise : "Il a mis en pratique le commandement évangélique de renoncer au monde." J'aime aussi son rapport aux animaux. Il y a de très beaux textes à ce sujet qui font partie du patrimoine européen.

142Dilara86
Nov 6, 2014, 11:20 am

Les groseilles de novembre d'Andrus Kivirähk

L'intendant changé en loup fit tout d'abord quelques tours dans le village, se demandant dans quelle étable il pourrait s'introduire pour attraper un animal. Il passa mentalement en revue les bêtes que les uns et les autres possédaient, mais rien ne lui sembla très appétissant. Peut-être pourrait-il aller au manoir ? Il y avait là-bas des cochons et des vaches. Mais pas plus tard que la semaine dernière, il en avait déjà rapporté une délicieuse génisse, et il fallait bien diversifier son alimentation. Ils ne pouvaient pas toujours manger de la nourriture venue du manoir, cela aurait été un peu monotone. Il se dirigea plutôt vers la forêt, ayant décidé de goûter cette fois-ci la viande d'un animal sauvage.

143BeaudH
Nov 19, 2014, 10:42 am

Autobiographie d'une courgette de Gilles Paris

Après une bagarre Courgette et Ahmed se trouvent à l'infirmerie :

... Voilà, le lapin va mieux, et vous aussi, allez oust, retournez dans vos chambres.
Et on part super vite parce que ça sent bizarre chez Yvonne et y a que Jujube pour rester aussi longtemps à l'infirmerie alors qu'il a rien de rien, moins que le doudou lapin.

144BeaudH
Nov 26, 2014, 7:18 am

Amour et silence par un chartreux

...il chemina toujours sous les yeux du Tres-Haut, pour faire sentir la clarté et la beauté d'une vie vraiment offerte à Dieu.
Mais nous aussi, nous le regardons; il nous révèle son vrai visage, qui est celui de l'amour. Nous n'avons plus peur, nous ne sommes plus obligés de détourner les yeux...

145greuh
Dez 3, 2014, 6:32 am

Mexique calendrier de la résistance par le sous-commandant Marcos
La pierre s'en va, retenant la leçon.
En chemin, sur la paroi d'une colline d'argile, protégée par les heures pâles de la nuit, elle croise une vérité qui luit sous la forme d'un graffiti : la "Rébellion" y est écrite avec un "X" (celui de MeXico et d'"El MeXe").

146Dilara86
Jun 12, 2019, 2:22 pm

Friday et Friday de Antonythasan Jesuthasan

Friday acheta du camphre, un paquet de bâtons d'encens et une bouteille d'huile.
-- Gardez-moi la lampe. Je vais faire un tour et je reviens. Puis, après un demi-tour alors qu'il était déjà dehors : Vous fermez à quelle heure ?

147raton-liseur
Jun 13, 2019, 6:23 am

Une deuxième liste de discussion qui s'anime dans ce groupe francophone, super! Allons-nous faire boule de neige?

J'aime beaucoup ce principe de citation prise au hasard, alors si tu reprends cette tradition, je vais peut-être essayer de faire de même et d'alimenter ce fil de discussion (mauvais calcul si je veux passer plus de temps à lire et moins de temps sur BiblioChose, mais on n'est pas à une contradiction près!).

148raton-liseur
Jun 13, 2019, 6:31 am

Et je me suis aperçue en remontant le fil de discussion que nous avions déjà toutes les deux participé, en 2014. Tu avais tenu plus longtemps que moi! Mais déjà des convergences d'intérêt, comme quoi, on ne se refait pas...

149Dilara86
Jun 13, 2019, 7:52 am

J'espère que nous allons faire boule de neige ! C'est un bon moyen de découvrir de nouveaux titres, surtout quand on peut compter sur les convergences d'intérêts que tu as mentionnées...

Quand je vois ce que que je lisais il y a cinq ans, je me rends compte que mes goûts n'ont pas bougé... Je lis beaucoup plus en français depuis deux ans, par contre, tout simplement parce que j'ai fait le choix de privilégier la bibliothèque municipale, et comme j'habite en France, elle propose principalement des livres en français. Du coup, ça donne plus d'occasions de copier un extrait dans le forum francophone.

Je suis en train de lire Les métèques de Denis Lachaud. La page 100 étant blanche, j'ai opté pour un passage de la page 97.

Je regrette tout ce que j'ai fait qui a pu vous décevoir, tout ce que j'ai dit qui a pu vous irriter. Je n'ai rien vu venir. Certes je me suis inquiété quand la lettre de la préfecture est entrée dans notre maison, mais j'ai bien vite relâché mon attention, j'ai sous-estimé le danger, j'ai ignoré vos regards alarmés, Monia et Paul, si clairvoyants, préparés par vos parents à sentir le vent tourner. Je regrette que vous n'ayez pas jugé impératif de me transmettre cette vigilance. Je me suis laissé bercer par le quotidien paisible et prospère. Je me suis laissé couver, confire dans mon enfance privilégiée, préserver de toute crainte à travers les jours légers.

150raton-liseur
Jun 13, 2019, 10:51 am

Pareil, peu de changement, même si j'ai l'impression que certains genres ont un peu disparu de mes lectures, comme les récits de voyage. Mais c'est plus un manque de temps et d'opportunités qu'un changement dans mes gouts de lectrice. Plus de classiques cependant, du fait des livres électroniques sans DRM que je télécharge, et par goût aussi. Je suis de plus en plus sensible à la prose et au phrasé d'un livre.

151raton-liseur
Editado: Jun 19, 2019, 8:36 am

Je me lance avec le livre que je lis en ce moment, et dont j'ai passé la page 100 il y a peu. La page est assez représentative, tant du fond que de la forme. J'aurais pu citer toute la page, mais j'ai choisi la première phrase de la page, qui est aussi le début du chapitre 6.

Le Monarque des ombres - Javier Cercas; traduit de l’espagnol par Aleksandar Grujičić
Le 20 juillet 1936, trois jours après que les troupes de Franco se furent soulevées dans leurs garnisons africaines contre le gouvernement légitime de la République, et que presque simultanément les insurgés eurent pris le pouvoir à Cáceres et déclaré l'état de guerre dans toute la province, la droite d'Ibahernando se joignait à la rébellion et s'emparait du pouvoir sans rencontrer la moindre résistance.
( p. 100, Chapitre 6).

152raton-liseur
Jun 19, 2019, 8:36 am

On peut aussi mettre des mangas?... Pas de citation intéressante à la page 100, c'est une bagarre, donc que des onomatopées. Je cite donc un passage de la page 98, représentatif du syncrétisme culturel qui est au cœur de cette histoire en images.

Sky Hawk - Jirô Taniguchi ; traduit du japonais par Corinne Quentin
Je pense qu’ici, [dans le Wyoming, sur le territoire des Sioux Oglala], nous allons pouvoir à nouveau vivre en samouraïs.
(p. 98, Chapitre 4, “Le Rituel”).

153raton-liseur
Jul 8, 2019, 12:03 pm

Une citation pas tout à fait représentative, mais je respecte la contrainte de la page 100. Et il est question de recherche d'un trésor, qui est un des principaux ressorts de l'intrigue (mais ce n'est pas l'histoire qui est le principal intérêt de ce court roman).

Sucre noir - Miguel Bonnefoy
Lui connaissait sa forêt. Il l'avait parcourue comme un chien fou, authentifiant chaque feuille, chaque colline, chaque berge. Il avait sondé tous les arbres creux, dressé des relevés de terrain. Il n'était pas né sur cette terre, mais il avait passé tant d'années à la retourner qu'il la considérait comme sienne. Et de tout ce temps, il n'avait rien trouvé d'autre qu'une femme de marbre.
(p. 100, Chapitre 8).

154Dilara86
Ago 1, 2019, 11:58 am

Page 100 de Cuisiniers et ouvrages culinaires du Moyen Age de Josy Marty-Dufaut, quelques lignes qui font étonnamment écho au titre de >153 raton-liseur: :

Sucre
Considéré au Moyen Age comme une épice, il entre dans la réalisation de la plupart des plats destinés aux malades. En outre, il est un moyen de conservation des légumes et des fruits, le cuisinier les faisant confire dans du sucre. Mais, étant onéreux, il y a assez peu de recettes d'entremets sucrés dans les ouvrages culinaires, sauf dans les textes anglais et méridionaux.
Provenant de la canne à sucre dont les lieux de production sont éloignés, le sucre n'est pas encore un produit de consommation courante. Il se présente sous forme de pains, sortes de pyramides placées dans les cuisines des châteaux.

155Dilara86
Ago 6, 2019, 2:03 pm

Le ministre est enceinte de Bernard Cerquiglini, éminent linguiste dont j'ai assisté à une conférence l'année dernière (https://www.librarything.com/topic/279594#6344777). Je démarre la citation page 99 pour faire sens.

Mais nous osons l'avouer : la cafetière nous laisse de marbre.* Pourquoi devrait-on sourire ou se défier d'un terme qui n'est en rien un néologisme ? Attesté dès 1782 :


On courtise les cafetières : toujours environnées d'hommes, il leur faut un plus haut degré de vertu pour résister aux tentations fréquentes qui les sollicitent.


Il est relevé cinq ans plus tard par le Dictionnaire critique de la langue française de l'Abbé Féraud, qui reste prudent étant donné le silence académique sur ce mot (ainsi, il est vrai, que sur son masculin :


Cafetière (...) On le dit aussi de celle qui vend du café. On peut douter que ce mot soit du bel usage en ce second sens. L'Académie ne dit ni cafetier ni cafetière dans ce sens-là.


Si, au siècle suivant, Pierre Larousse et Emile Littré ignorent la cafetière (ils ne sortent pas assez), leurs successeurs, au XXe siècle, l'accueillent dans tous les grands dictionnaires (Larousse, Robert, Trésor de la langue française), à commencer par celui de l'Académie française, pour sa 8e édition, de 1932-1935.


* Ce passage répond aux détracteurs de la féminisation des noms de métier qui ont donné en exemple de fémininisation ridicule le couple cafetier > cafetière : une cafetière, c'est un objet, pas une personne. Ce qui en passant, invalide par exemple le couple cuisinier > cuisinière, comme le fait remarquer Cerquiglini plus loin dans le texte...

156raton-liseur
Ago 9, 2019, 2:11 pm

>154 Dilara86: Coïncidence amusante!

>155 Dilara86: Je crois que j'ai entendu ce monsieur à la radio. Il a une telle passion pour la langue française que c'en est communicatif.
Le regretté Michel Serres était paraît-il pessimiste quant à notre capacité à sauvegarder notre langue. Bernard Cerquiglini donne, lui, envie de s'y mettre tout de suite!

157Dilara86
Ago 17, 2019, 5:40 am

>156 raton-liseur: Je crois que j'ai entendu ce monsieur à la radio. Il a une telle passion pour la langue française que c'en est communicatif.

France Culture il y a quelques semaines un samedi matin, avec le généralement mal embouché Alain Finkielkraut ? C'était particulièrement savoureux d'entendre Finkielkraut faire l'éloge du Ministre est enceinte, laisser entendre qu'il est du côté de la féminisation des noms, qui semble aller de soi pour lui, alors qu'il est cité parmi ses réfractaires dans ce même ouvrage ! Comme quoi, avec le passage du temps, ce qui nous semblait inconcevable devient normal...

Avant de le rendre à la bibliothèque, je copie ici un extrait de La vie secrète des arbres de Peter Wohllenben, encore un auteur découvert à la radio et dont l'enthousiasme était communicatif, alors qu'il s'exprimait en allemand avec interprétation simultanée en français :

Une poignée de terre forestière contient plus d'organismes vivants qu'il y a d'êtres humains sur terre. Une cuillerée à café contient déjà à elle seule un kilomètre de filaments de champignons. Tous ces organismes ont une action sur le sol ; ils le modifient, l'amendent, lui donnent sa valeur pour les arbres.

158raton-liseur
Out 16, 2019, 4:45 pm

Ah là là, je pense à ce fil de discussion de temps en temps, à laquelle j'aimerais tellement participer. Mais le temps me manque et je suis obligée de sélectionner les fils de discussion que je suis. Je ne vais pas réussir à continuer à participer ici, mais avec un peu de chance (est-ce un vœu pieux?), cela voudra rien moins de retard dans mes notes de lecture???

159Dilara86
Nov 11, 2022, 3:55 am

Allez, ressuscitons le fil de la page 100, dont j'aime beaucoup le concept, avec La Survivance de Claudie Hunzinger. L'autrice vient d'ailleurs de recevoir le Femina pour Un chien à ma table, que j'aimerais bien lire aussi, quand un exemplaire sera à nouveau disponible à la bibliothèque !

Ca se passe sur le Brézouard (j'ai commencé par écrire Bézoard!), une montagne des Vosges, et le "ils" du passage suivant désigne des cerfs.


Eux aussi savaient que nous n’étions pas une menace : leur odorat infinitésimal et surpuissant perçoit à trois cent mètres toutes les ondes y compris celles de nos âmes. Cela devait faire un temps qu’ils nous observaient. Ils étaient parfaitement au courant de nos habitudes. Ce soir, ils venaient officiellement nous prévenir de leur présence, de l’antériorité de celle-ci, et donc de leur souveraineté : Nous sommes ici chez nous. D’ancêtre en ancêtre, nous nous sommes transmis l’emplacement de ces rochers, de ces herbages, et celui, souterrain, des sources réglé sur celui des étoiles, un assemblage savant qui vous est étranger.
Et c’était dit.

160raton-liseur
Nov 12, 2022, 5:01 am

>159 Dilara86: Mmm... Un peu trop mystique pour moi. Je dois bientôt lire une bd adaptée d'un de ses livres, Les Grands Cerfs (lien vers la bd). Je suis curieuse de voir ce que ça va donner...

161Cecilturtle
Nov 12, 2022, 10:29 am

p. 100 des Poèmes saturniens de Verlaine dans l'édition Le Livre de Poche classique (c'est ma veine que ce ne soit pas un de ses petits sonnets). C'est pas le poème le plus gai!

Nocturne parisien
Roule, roule ton flot indolent, norme Seine. -
Sous tes ponts qu'environne une vapeur malsaine
Bien des corps ont passé, morts, horribles, pourris,
Dont les âmes avaient pour meurtrier Paris
Mais tu n'en traînes pas, en tes ondes glacées,
Autant que ton aspect m'inspire de pensées!

162Dilara86
Editado: Nov 14, 2022, 6:25 am

>160 raton-liseur: Je lirai avec intérêt ton billet : contrairement à toi, j'aime bien le côté mystique de ce roman, mais il y a d'autres choses qui m'ont dérangée et je suis curieuse de savoir ce que donnent ses autres livres, de préférence sans avoir à les lire !
Oh, et la couverture de cette BD est magnifique.

>161 Cecilturtle: Quel boute-en-train, ce Verlaine...

Tiré de Cher connard, le dernier Virginie Despentes

(...) il y en a pour tous les goûts, dans ce mouvement ; des chiantes, des connes, des idiotes et des meufs géniales. Je recherche la compagnie de celles que je comprends et qui m'ont à la bonne. Tout le monde est content avec ça. J'ai toujours été la créature la plus individualiste qui soit, et la plus élitiste. Mais j'ai vérifié qu'individuellement je ne pouvais rien faire contre mon âge dans mon métier. Je ne pouvais pas obliger les producteurs et les chaînes de télé et les distributeurs et les exploitants de salle à me donner du travail. C'est humiliant de disparaître au seul motif que j'ai vieilli. Mais je n'ai pas honte, parce que je vois bien que je n'y suis pour rien.
Zoé Katana parle un langage que j'ai appris à écouter. Le langage des filles en colère/. Il y a encore cinq ans, je n'aurais pas lu dix lignes de ses déclarations, j'aurais tout de suite pensé -- elle doit être faible, il n'y a que les faibles qui se victimisent. Mais aujourd'hui, la ménopause m'a emportée ailleurs et je sais que quand tu te retrouves dans une situation de merde à laquelle tu ne peux rien changer individuellement, il faut le dire. Pour que d'autres puissent répondre -- "moi aussi" et "je t'entends".

163Cecilturtle
Nov 15, 2022, 7:44 pm

Tiré de Des bleus à l’âme par Françoise Sagan:

N'importe qui peut perdre des figurants en cours de route, mais celui-ci, par politesse avant de le rayer à jamais de mes papiers, je lui donnerai un nom : Jean-Pierre Bouldot, il est employé de banque depuis vingt ans, fort mal payé et, comme on dit, bon citoyen.

164LolaWalser
Nov 16, 2022, 1:04 pm

>162 Dilara86:

J'enrageais à chaque page, je ne peux pas articuler combien je la déteste. L'idée qu'on la voie comme une féministe me fait désespérer des gens. Et quelle choquante homophobie--lesbophobie pour être précise--j'ai eu du mal à comprendre qu'on a laissé passer ça...

165Dilara86
Editado: Nov 16, 2022, 1:39 pm

>164 LolaWalser: Tu parles de Cher connard ou d'un autre livre d'elle ? Parce que je ne vois pas d'homophobie ou de lesbophobie dans ce roman-ci. Et même si on peut tout à fait être lesbienne et haïr les autres lesbiennes, il est quand-même intéressant de noter que ça fait 15 ans que Virginie Despentes a fait son coming-out lesbien maintenant.

166LolaWalser
Editado: Nov 16, 2022, 5:14 pm

Non, je parle du Cher connard. La lesbienne Corinne n'est pas seulement un cliché total, elle n'est du tout authentique. Il n'y a pas de lesbienne qui en "real life" se décrit comme étant trop moche pour les hommes mais qu'elle fait "Sharon Stone" parmi les gouines. On se fout de Sharon Stone et de toutes ces idées "esthetiques" hétérosexistes et hétéronormatives. Mais d'abord, on se fout des hommes et de ce qu'ILS pensent, de ce qu'ILS valorisent!

Despentes lesbienne me fait rire, c'est tout à fait comme Paglia ou quelques autres que je pourrais nommer, elles adorent le pêne dans tous les sens mais vers l'âge "d'infoutabilité" se trouvent (on dit...) un goût pour les femmes. Ou, le plus souvent, espèrent que quelques femmes auront du goût pour eux... "Sharon Stone", ce cadeau pour les épouvantails lesbiens, ne serait-il pas Despentes elle-même? LOL! Ce sont des emblèmes de la misogynie internalisée. Mais cette fois j'ai remarqué qu'elle semble au moins avoir entendu quelques critiques et qu'elle reconnait d'appartenir à une autre époque, de laquelle elle ne peut pas sortir sa tête. Le commencement d'une réalisation, peut-être...

Je demande pardon si mon expression heurte, j'ai le langage aussi grossier que celui de Despentes et peut être pour la même raison (au moins en partie): que la rage qui nous dévore s'éxprime mieux comme ça.

167Dilara86
Nov 18, 2022, 10:04 am

Ok, je comprends maintenant. Ce passage m'a fait tiqué aussi. D'ailleurs, tous les discours autour de la beauté, notamment la liste sans fin de ceux tenus par l'actrice, m'ont semblé assez improbables aussi. Et puis après, je me suis dit que dans cette galerie de personnages jamais sincères (ou jamais lucides sur eux-mêmes !), toujours dans la projection d'une image, ça se tenait.

168Dilara86
Nov 18, 2022, 10:12 am

Quad et Trio du Fantôme, ... que nuages..., Nacht und Träume : suivi de L'épuisé par Gilles Deleuze par Samuel Beckett et Gilles Deleuze

Je ne peux pas dire que le livre m'ait passionnée ni semblé limpide, mais voici un passage tiré de l'essai de Deleuze ajouté en postface des quatre courtes pièces de Beckett dans cette version publiée par Les éditions de minuit :

C'est un nouvel épurement, "plus mèche moins. Plus mèche pire. Plus mèche néant. Plus mèche encore." C'est la nuit, et il va rêver. Faut-il croire qu'il s'endort ? Plutôt croire Blanchot quand il déclare que le sommeil trahit la nuit, parce qu'il en fait une interruption entre deux jours, permettant au suivant de succéder au précédent. On se contente souvent de distinguer la rêverie diurne, ou rêve éveillé, et le rêve de sommeil. Mais c'est question de fatigue et de repos. On rate ainsi le troisième état, le plus important peut-être : l'insomnie, seule adéquate à la nuit, et le rêve d'insomnie, qui est affaire d'épuisement. L'épuisé, c'est l'écarquillé.

169Dilara86
Nov 18, 2022, 10:21 am

Ces petits messieurs de Louise Colet comprenant un poème sur les notaires, suivi d'un long essai sur les "petits messieurs" - c'est à dire pour Colet le pendant masculin des "petites dames" (cocottes ou prostituées) vénales -, et enfin une nouvelle mettant en scène deux de ces petits messieurs. La page 100 est un extrait de la nouvelle intitulée "Danaé mâle".

Si vous voulez être député aux élections prochaines, il faut épurer nos relations, ne voir que des libéraux purs et intègres. Je porte votre nom, j'ai donc le droit de veiller sur votre carrière si vous oubliez d'y veiller vous-même ; je m'y suis associée de coeur et d'esprit, vous le savez bien.
Et, sous un flux de paroles et de déductions déliées, elle égara l'époux ébahi dans le labyrinthe des ruses féminines dont les fils conducteurs s'embrouillent toujours dans la main des hommes.


170Dilara86
Nov 20, 2022, 9:49 am

Oiseau, un court roman d'anticipation de l'auteur norvégien same Sibjørn Skåden

Pendant qu'ils marchent, le soleil ne cesse de briller, de réchauffer le paysage, de l'adoucir, alors que les nuits sont froides, claires et silencieuses, tel un sas qui endurcit la terre.
Le quatrième jour au soir, ils approchent de la vallée. Mais au lieu de descendre, d'emprunter le même chemin qu'à l'aller, l'homme les mène sur la crête. Ils longent la montagne, vont d'un pas tranquille dans le sable rouge, avec la roche noire, la rivière et les deux dômes en contrebas, jusqu'à surplomber Montifringilla.


Le français n'est pas folichon...

171Cecilturtle
Nov 21, 2022, 5:33 pm

Une Femme par Annie Ernaux

Au sujet de la mère d'Ernaux qui souffre d'Alzheimer:

L'été suivant, elle s'est fêlé le col du fémur. On ne l'a pas opérée. Lui poser une prothèse de hanche, comme le reste - lui refaire des lunettes, des dents - n'était plus la peine. Elle ne se levait plus de son fauteuil roulant auquel on l'attachait par une bande de drap serrée autour de la taille. On l'installait dans la salle à manger avec les autres femmes, face à la télévision.

172Dilara86
Nov 27, 2022, 2:53 pm

>171 Cecilturtle: Des mots terribles.

Tiré de L'Écuyère, un court roman de l'autrice slovaque Uršula Kovalyk

Le jour de l’exhibition, nous sommes sorties par derrière avec Cecil pour nous faufiler dans la prairie voisine. Les tables du buffet scintillaient près du parcours de sauts d’obstacle et des notables sirotaient du whisky en s’amusant divinement. La voix du haut-parleur a annoncé le programme de l’équipe de voltige qui allait représenter la firme Equus aux championnats d’Europe. De timides applaudissements ont retenti. Un bruit de techno saturée de synthétiseurs a pris possession de l’air. Matilda a fait claquer sa cravache et l’équipe des cadettes s’est inclinée pour saluer. La première à entrer en piste était Tamara.
Nous avons alors surgi sur le parcours, accompagnées de Cecil en tenue d’apparat, et avons commencé à réaliser des figures – parallèlement à l’équipe titulaire. Je longeais tandis que Romana présentait son programme. Toutes deux en ballerines blanches et jupette rouge. Ma coéquipière a enchaîné les acrobaties tandis que le rythme de la techno donnait l’impression de regarder un film en accéléré. Romana a fait mine d’être effrayée avant de tomber volontairement à plusieurs reprises – boitant exagérément avant de ressauter. On aurait dit un clown mutilé et cela a bien fait rire les notables qui n’avaient d’yeux que pour nous deux. Matilda peinait à retrouver son souffle et Tamara semblait encore plus blême sur son étalon noir.
Nous avons ensuite échangé les rôles : j’ai sauté sur le dos de Cecil et ai fait décélérer le temps. Forçant sur mes pointes, j’ai remonté ma jambe le plus lente- ment possible, étalant ainsi la figure sur une éternité. Les spectateurs ont pu apprécier chaque renversement et chaque lever de bras comme au ralenti. De temps en temps, j’ai aussi répété certains gestes, comme si quelqu’un me rembobinait à l’aide d’une télécommande. Le clou de mon programme – la vire-tourne la plus lente du monde – a même récolté un sifflement enthousiaste. J’ai savouré tout cela, fière de mon art de la voltige.

173Dilara86
Nov 30, 2022, 10:16 am

Toinon l'espiègle de Penelope S. Delta, une autrice grecque du siècle dernier ayant beaucoup écrit pour les enfants

... elle prit Alice dans ses bras et l'embrassa. Celle-ci rougit. Contente, elle lui rendit l'embrassade.
"Pourquoi tu restes au soleil ? Ta tête brûle. Allons nous mettre à l'ombre."
Ensemble, elles allèrent s'asseoir sous l'acacia. Pour changer de conversation et faire oublier sa peine à Georgette, Alice lui dit :
"Tu sais pourquoi je ne suis pas venue pendant tous ces jours? J'étais chez mas tante à la campagne ; dans la montagne, dans la verdure et les pins. Si tu voulais, nous irions ensemble..."


Que de prénoms en "ette" dans ce livre: Georgette, Henriette, Mariette...

174Dilara86
Nov 30, 2022, 10:28 am

Passage de la page 27 de Géologies de Pierre Bergounioux, court récit de 47 pages

Il se pourrait que l'endroit où j'ai vu le jour soit sans équivalent sur terre. Il suffit, pour s'en convaincre, de déplier la carte au 1/50 000 du BRGM. Les ingénieurs chargés des relevés ont mobilisé quarante-cinq teintes, pas moins, pour répertorier les diverses sortes de roches rencontrées dans un quadrilatère de vingt sur vingt-cinq kilomètres. On dirait un jardin de Vuillard, en avril, une marine nuageuse de Derain, au couchant.

175raton-liseur
Nov 30, 2022, 11:25 am

>174 Dilara86: Oh... J'aime beaucoup cette citation, d'autant que j'ai une fascination pour les cartes géologiques...
Je n'avais jamais entendu parler de cet auteur, comment l'as-tu découvert?
Et le conseillerais-tu? En commençant par quoi?

176Dilara86
Nov 30, 2022, 11:59 am

>175 raton-liseur: C'est mon premier livre de cet auteur, et c'est probablement une oeuvre mineure, un petit récit mi-méditatif mi-documentaire, trouvé par hasard sur les rayons de la bibliothèque. Je ne sais pas si le style d'écriture te plairait (je n'ai pas décidé ce que j'en pensais moi !) : il a un côté "courant de conscience" pas toujours très clair. Mais comme il ne fait que 47 pages, le risque est minime !
J'ai Miette, son roman le plus connu, dans ma wishlist, mais je n'ai pas encore sauté le pas. Je pense l'avoir découvert dans une émission de radio.

177raton-liseur
Dez 1, 2022, 6:32 am

>176 Dilara86: Ce n'est pas tout à fait encourageant, et je doute que ma bibliothèque ait quoi que ce soit de cet auteur, donc ça va être difficile de me faire une idée... En tout cas, j'attendrai de voir ton verdict à la fin de la lecture.

178Dilara86
Dez 1, 2022, 8:50 am

>176 Dilara86: ça n'était pas déplaisant, mais sauf passion pour la géologie, il est probablement plus intéressant de livre un de ses romans. Perso, j'ai le problème inverse : ma bibliothèque a 24 de ses oeuvres, mais pas Miette ! Je subodore qu'il a dû être emprunté, jamais rendu et pas (encore ?) remplacé... A l'occasion, je regarderai les quatrièmes de couverture des autres livre pour voir si l'un d'entre eux m'attire.

179Dilara86
Editado: Dez 1, 2022, 9:00 am

Tiré de Elégie de Marienbad et autres poèmes de Goethe, traduits ("transposés" dit la présentation) par Jean Tardieu

Première strophe de L'un et le tout (Eins und alles)


Afin de se trouver parmi l'Illimité
L'être isolé voudra fuir dans l'inexistence
Là où s'évanouit toute satiété ;
Ce n'est point toi, désir, ni toi, lourde exigence
Mais vous, profond Vouloir, dure Nécessité
Qui donnez notre joie à notre obéissance.

180Dilara86
Dez 2, 2022, 9:23 am

Et on continue avec la poésie romantique allemande, cette fois du Hölderlin "librement adapté" par Michel Butor dans un petit recueil intitulé L'aède en exil

page 16 : A mi-vie, un court poème bien connu


Croulant de poires jaunes
et de roses sauvages
le pays du lac
vous fiers cygnes
saouls de baisers
plongez-vous le chef
dans la fraîcheur sainte

Hélas où cueillir
des fleurs en hiver
où trouver la terre
de soleil et d'ombres
restent les murs froids
et muets dans le vent
cliquent les girouettes

181Dilara86
Dez 6, 2022, 6:13 am

Tiré de L'Ultime Question de Juli Zeh


Le pire, c'était la crainte de provoquer d'autres malheurs à cause de cette peur même. Le nom de Liam l'empêchait d'agir. Sebastian devait éviter à tout prix de penser à son fils. Il entreprit de mettre de l'ordre dans ses idées pour s'y retrouver. Liam n'était pas là parce qu'il était au camp. Sebastian allait profiter de l'absence de sa famille pour se débarrasser d'un rival. C'est le mobile qu'on voulait lui prêter, et il était disposé à se conformer au plan des ravisseurs. L'obéissance, pensait-il, représentait sa seule liberté et donc son unique chance. Il adhérait ainsi à une erreur très répandue, mais cela ne le dérangeait pas le moins du monde, au contraire. Il ne s'en sentait que mieux.

182Cecilturtle
Dez 17, 2022, 10:37 am

Une étincelle de vie par Jodi Picoult

La page 100 indique: 15 HEURES

C'est un compte à rebours où un tueur fou a pris d'assaut un centre d'IVG.

La page 101:

Hugh observe les vitres du centre médical, fumées comme ds lunettes d'aviateur. Elles ont sûrement été installées plus tard, lorsque le nombre de manifestants s'est mis à grossir. Dès qu'elles franchissent le seuil du bâtiment, les femmes ont l'impression d'être dans une bulle, à l'abri du monde extérieur. Mais aujourd'hui, ces vitres prétendument protectrices sont des obstacles. Personne ne peut voir ce qui se passe entre ces murs.

183Dilara86
Dez 26, 2022, 10:24 am

>182 Cecilturtle: Ca fait un peu peur ! L'action se situe aux États-Unis ?

184Dilara86
Editado: Dez 26, 2022, 10:34 am

Tiré d'un livre documentaire d'Olivier Jandot : Les délices du feu ; L'homme, le chaud et le froid à l'époque moderne


Il n'est pas rare non plus d'y (dans les enluminures) croiser des personnages issus de toutes conditions sociales en train de se déchausser pour exposer leurs pieds frigorifiés aux délices de la flamme.

(illustrations médiévales de personnages présentant leurs pieds à un âtre)

Loin d'être propres aux paysans, tels qu'ils nous sont donnés à voir dans les
Très Riches Heures du duc de Berry, ces gestes et ces attitudes corporelles semblent universels. Les personnages représentés dans ces enluminures appartiennent à toutes les catégories sociales et même les bon bourgeois ne résistent pas à la tentation de déchausser leurs pieds pour les approcher au plus près du foyer.

185Cecilturtle
Dez 26, 2022, 1:30 pm

>183 Dilara86: eh oui, dans le Mississippi où les mentalités sont très conservatrices...

186Cecilturtle
Dez 31, 2022, 1:58 pm

Je termine un polar islandais, Hiver arctique par Arnaldur Indridason. L'histoire est assez lugubre (un petit garçon est assassiné et on estime que c'est un crime raciste), et la traduction un peu boiteuse, surtout dans les dialogues, mais c'est une bonne lecture de vacances.

- Vous venez me voir évidemment pour ce garçon? consentit enfin à dire Egill. C'était un homme grand, corpulent et âgé d'une cinquantaine d'année, qui n'était pas très à l'aise dans la place du conducteur. Complètement chauve, il avait une stature massive, un grand nez, une barbe, des pommettes hautes et saillantes. Quand il portait la cigarette à la bouche, elle disparaissait presque dans sa main imposante. À l'avant de sa tête, il avait une grosse bosse rose clair qu'Erlendur regardait parfois à la dérobée quand il pensait qu'Egill ne le voyait pas. Il ne savait pas pourquoi mais cette bosse attirait son attention.

187Dilara86
Jan 6, 2023, 5:26 am

>186 Cecilturtle: C'est frustrant : l'histoire me dit quelque chose mais trop vaguement pour que je sois sûre d'avoir lu ce livre :-D

Sinon, tiré de Meurtres à la pomme d’or, un "roman noir gastronomique" de Michèle Barrière


- J’ai tout entendu. Je ne veux pas le croire. Que vont-ils faire de mon mari, Anicette ?
- Éléonor, je vous jure solennellement que nous allons tout faire pour le sortir de geôle. Je vais réunir tous nos amis et…
- Tu verras que tu n’en trouveras plus guère ! Tous vont nous abandonner. Ils n’oseront pas se mettre en travers du chemin du Prévôt. Tu sais bien que cet homme se croit chargé d’une mission divine.

Je vous laisse entre les mains de Béatrix qui prendra soin de vous et de votre fils. Je reviendrai dès que j’en saurai plus.

La première chose à faire était de courir jusqu’à la « Treille Blanche », la maison des champs de Catalan pour prévenir François, Félix et les autres.


L'extrait donne une petite idée du niveau d'originalité, d'écriture et de ponctuation du livre...

188Cecilturtle
Jan 7, 2023, 3:56 pm

La page 100 de La civilisation, ma Mère!... par Driss Chraïbi est vierge car elle est la transition du récit de deux frères (on passe d'un frère à l'autre) qui racontent l'éveil et l'épanouissement de leur mère.

Voici donc la page 103:

C'est Nagib. Ton frère d'hier, d'aujourd'hui et de demain. C'est comme ça, mon petit. Impossible de te débarrasser de moi. Même père, même mère, même sang - une seule et même famille. Ensemble, nous ferons le voyage de la vie, jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus une goutte de carburant.
(...)
Je me fais l'interprète de maman : c'est la seule mère que tu aies au monde. Elle est ici derrière moi, lisant par-dessus de mon épaule. Elle te pose une question: veux-tu que je t'envoie une demi-douzaine de babouches? Réponds. C'est urgent pour tes pieds.


C'est un roman lumineux et rebelle.

189Cecilturtle
Jan 10, 2023, 12:53 pm

Dominique Demers est une auteure franco-ontarienne que j'aime beaucoup. Elle a notamment écrit de nombreux roman jeunesse, dont une série bien connue des Canadien·nes, Mademoiselle Charlotte. Dans Le Pari, elle s'adresse aux adultes. C'est l'histoire de Maximilienne Laforest, urgentiste, qui recueille Ala, mourante et sans abri. Cet acte de charité fait déferler chez Max tout un tas de souvenirs, de plus en plus douloureux.

Page 100:

En caressant doucement les doigts fins d'Ala ce jour-là, j'eus soudain conscience de la tendresse particulière dans mon geste. Je lui murmurais quelques phrases d'encouragement - "ça va aller mieux, vous allez voir, faut pas lâcher, vous allez finir par remonter la pente..." - comme si ces paroles auraient pu l'arracher à l'état de semi-conscience dans lequel je craignais qu'elle ne s'enfonce. Au moment de lui dire au revoir, alors même que je me demandais si elle m'avait reconnue et si même j'existais pour elle, Ala pressa légèrement ma main de ses maigres doigts et j'en conçu une grande joie.

190Dilara86
Jan 14, 2023, 1:57 am

J'ai fini d'une seule traite Arrête avec tes mensonges de Philippe Besson. C'est une autofiction sur le premier amour - homosexuel, caché et malheureux, évidemment - entre l'auteur et un camarade de lycée à Barbezieux dans le Cognaçais. Sobre et tragique.


A la place, nous achèterons des billets pour Scarface de Brian de Palma. J’ai pourtant fait observer que la critique est épouvantable : on déplore de la violence gratuite, un langage inutilement grossier, une esthétique tapageuse. Mais c’est Thomas qui a raison, bien sûr. Le film est un chef-d’œuvre, peut-être d’abord une fable féroce sur l’argent qui corrompt. Tandis que défile le générique, il dit : géniale, la scène de la tronçonneuse, hein ? Je le regarde et je lui réponds, avec ironie : j’ai failli me serrer contre toi, à ce moment-là. Il sourit en retour. Je reçois ce sourire comme un cadeau. Il n’y a pas eu tant d’occasions où Thomas m’a souri. Ce n’était pas son genre.

191Dilara86
Editado: Jan 20, 2023, 2:22 am

Ambatomanga, le silence et la douleur de l'autrice malgache Michèle Rakotoson


Le dieu qu'on les incitait à prier était maintenant blanc. Les divinités ancestrales étaient des idoles, enfants du Diable, qui était noir. Et eux, les Malgaches, étaient noirs, même s'ils se voulaient clairs. Le savaient-ils ? Mais comment sentir et dire son malaise quand on était touché au plus profond de soi ? Comment le faire quand il fallait prier à l'intérieur de ces temples qui ressemblaient à des caveaux mortuaires ? Ces
memorial churches en pierre qui ressemblaient à des tombes, construites sur les lieux où des martyrs avaient été tués.

192Cecilturtle
Jan 25, 2023, 10:55 am

La fille de papier par Guillaume Musso

Un écrivain est le héros de ce roman, et son personnage atterrit sur sa terrasse :

Page 100 :

Soit cette femme était folle et s'était identifiée au personnage de Bille avec un mimétisme étonnant, soit elle était vraiment Billie et alors c'était moi qui étais fou.
- Alors? me nargua-t-elle
- Vos réponses prouvent seulement que vous avez bien étudié mes romans, dis-je en essayant tant bien que mal de masquer ma surprise.
- Dans ce cas, posez-moi d'autres questions.

193Dilara86
Jan 26, 2023, 8:26 am

>192 Cecilturtle: Rigolo, ce passage de métafiction

Requiem de l'écrivain islandais Gyrðir Elíasson


En remontant à pied la côte vers la maison, je me demande si mon annonce ramènera quelque chose, ou si j’aurais dû promettre une récompense en bas de page. Quelle serait la récompense appropriée pour un carnet à la fois inestimable et sans valeur. Devrais-je peut-être allouer ma voiture en guise de récompense ? Elle est vieille, certes, et ce n’est qu’une Mitsubishi. Je coterais sans hésiter le carnet plus haut qu’elle. Au bout de quelques centaines de pas, je me retourne et vois que la caissière est sortie sur le trottoir pour lire mon annonce en entier.

194Cecilturtle
Fev 18, 2023, 10:00 am

En février, en Amérique du Nord, nous célébrons l'histoire des Noir·es, et tous les ans je prends donc un livre d'un·e auteur·e noir·e.
Cette année, j'ai choisi Petit traité sur le racisme par Dany Laferrière que j'admire beaucoup.

La page 100 n'est pas très représentative du livre qui est un mélange de poésie, de prose et d'histoire, mais en voici un extrait. Il parle d'une rencontre avec le biographe, Quincy Troupe :

Page 100 :

Et Miles, qu'en pense-t-il (Quincy Troupe)? J'ai l'impression que s'il avait cette tendresse pour Baldwin, Miles Davis l'intimidait. Évidemment, il l'admirait follement, surtout l'artiste intraitable, mais il était impressionné du fait que "Miles n'avait jamais arrêter d'inventer de nouvelles formes".

195Cecilturtle
Abr 5, 2023, 1:58 pm

Manger Bambi frôle l'épouvante alors qu'une adolescente, abandonnée par sa mère, violée par son beau-père, tente de faire sa place par la violence.

Page 100 :

Et sa voix ne sonnera plus pareil, sa voix habite maintenant dans une cave creuse, au fond d'une gorge creusée, d'une tombe vide, "Maman, il s'est passé quoi, après l'escalier, il s'est passé quoi", comme si quelque chose allait lui répondre, mais plus rien ne lui répondra jamais.

196Dilara86
Jun 20, 2023, 2:24 am

Je chante et la montagne danse d'Irene Solà

Évidemment, la page 100 tombe dans un chapitre un peu à part... Il est écrit dans la voix d'une jeune adolescente espagnole (d'une famille républicaine qui tente de passer la frontière pour se réfugier en France après la guerre civile) : le style et le fond sont plus simplets que le reste du livre ET elle s'exprime en espagnol plutôt qu'en catalan. Mais comme la règle du jeu est de donner un extrait de la page 100, voici :

Le second bassin est plus loin. Il faut continuer à marcher un long moment après être passée par le premier. Le deuxième bassin, il est toujours au soleil. Et l'eau est plus calme et il y a des poissons qui volent et c'est mieux pour pêcher. Il est moins profond, mais il y a de la place pour nager et l'eau est plus calme. Je ne sais pas nager mais j'apprends toute seule. On arrive au bassin depuis le haut d'une colline et il y a des rochers. Je jette les béquilles sur les rochers et parfois elles tombent dans l'eau et ensuite je rampe comme un lézard pour descendre.

197raton-liseur
Jun 21, 2023, 10:37 am

>184 Dilara86: J'aime beaucoup le titre. Je suis impatiente de savoir ce que tu auras pensé de cette lecture!

198Cecilturtle
Editado: Jul 17, 2023, 7:33 pm

Le Cahier bleu se situe dans les rues de Montréal. La Main est le nom donné au réseau de prostitution qui a élu la fameuse rue Sainte-Catherine comme lieu de travail.

Page 100 :

La légende madame Veuve est une des plus ancrée sur la Main, qui a bien besoin de récits mémorables comme celui-ci pour survivre, et d'icônes à glorifier. L'histoire se transforme avec le temps, grossit, prend de l'importance, et le souvenir de madame Veuve ne mourra jamais, nourri par l'imaginaire populaire et le besoin d'admirer des personnages plus grands que nature.
On dit même que beaucoup de filles, des deux sexes et aux spécialités diversifiées, vouent un culte inébranlable à une certaine sainte Veuve-des-Congères qui veille sur elles en compagnie de Gipsy Rose Lee et de Lili Saint-Cyr, là-haut, au paradis des effeuilleuses.

199Cecilturtle
Jul 17, 2023, 7:33 pm

Sur la dalle par Fred Vargas

Page 100 :

- Parce que tu pêches maintenant? dit Veyrenc en marquant un temps d'arrêt.
- Mais non. Je n'ai même pas apporté d'appâts, d'hameçons, juste un petit morceau de plomb pour enfiler la ligne, dans le cas où je serai vu. Il faut être crédible.
- Qu'est-ce que vous tramez, commissaire? demanda Mercadet qui avait suivi la conversation.
- Des échappées, lieutenant, des échappées. Dans un petit village comme Louviec, on ne disparaît pas comme cela. Au lieu que si vous prétextez une partie de pêche, tout le monde comprend qu'il vous faut du silence et on vous fout la paix.
Tous connaissaient le besoin d'Adamsberg d'aller marcher et de s'isoler, en quête de pensées hasardeuses.

200Cecilturtle
Editado: Ago 7, 2023, 5:17 pm

Un café avec Marie by Serge Bouchard, une série de vignettes sur la vie et les réflexions de l'auteur

p. 100

À dix-sept ans, dans ce Pointe-aux-Trembles perdu du Bout-de-l'Île, j'ai eu, le temps d'un été, une blonde originaire de Calgary. Elle était la fille d'un grand patron d'une des nombreuses raffineries de pétrole de l'est de la ville. Elle s'appelait Randy, comme bien des filles de l'Ouest, j'imagine. En l'espace de trois mois, j'ai vécu un amour de jeunesse, un amour interculturel, aussi bref qu'intense. J'ai appris l'anglais en un temps de le dire et j'ai aussi appris moult choses fascinantes, sur les Rocheuses, sur la vie d'une enfant d'une famille pétrolière nomadisant entre le Texas, Calgary, Edmonton et Montréal. À la fin de l'été, Randy est repartie pour l'Alberta sans jamais avoir appris un mot de français, sans jamais non plus avoir posé une seule question à propos de mon monde. Nos deux solitudes suivaient les lignes du pouvoir, elles suivaient les lignes de fracture définissant si bien le Canada.

201Dilara86
Ago 28, 2023, 6:25 am

La puissance des mères de Fatima Ouassak

Les pouvoirs publics ne songent pas à qualifier ces parents de communautaristes ou de fraudeurs. Ils sont indulgents, ferment les yeux. Tel enfant habite à dix mètres de l'école de secteur, on signe une dérogation pour l'école située à l'autre bout de la ville. On signe parce qu'on considère que ces parents aiment leurs enfants et qu'ils ne veulent pas les sacrifier. Le système de fraude à la carte scolaire s'explique tout simplement par le fait que les parents de classes moyennes ne veulent pas que leurs petites têtes blondes étudient dans la même école que des enfants de classes populaires, en particulier des enfants noirs, arabes ou rroms. Il n'y a aujourd'hui aucune gêne à demander une dérogation pour éviter l'école de secteur. Évidemment, on assume rarement de dire qu'on participe activement à la ségrégation spatiale, sociale et raciale de la société, et à la reproduction des inégalités et des privilèges. On va préférer parler du niveau général de l'école qui est vraiment trop bas.

202Cecilturtle
Set 17, 2023, 9:18 am

Niré par Aki Shimazaki. La mère de Nabuki perd la mémoire.

p. 100

Quant à son journal, je n'en ai pas encore terminé la lecture. Trop occupé, je ne l'ai pas ouvert depuis juillet dernier. Je poursuivrai un de ces jours.
Le temps passe vraiment vite. J'aurai trente-huit ans l'année prochaine. Mes parents en auront soixante-dix-huit et fêteront leurs noces d'or. Ma mère sera certainement encore de ce monde lors de la naissance de mon troisième enfant. J'espère qu'elle l'accueillera avec bonheur. Le bébé de "monsieur".

203Dilara86
Mar 28, 2:46 am

Les ingénieurs du chaos de Giuliano da Empoli

p 99 (la p 100 est blanche)

Derrière les principales évolutions géopolitiques de ces dernières années, il y a le rire moqueur de Waldo*, l'ours bleu qui semblait être une blague et est devenu l'acteur qui est en train de changer la face du monde. Si pour Lénine le communisme c'était les Soviets et l'électricité, pour les ingénieurs du chaos le populisme naît de l'union de la colère avec les algorithmes.

* référence à un épisode de Black Mirror

204Cecilturtle
Editado: Abr 1, 10:14 am

Quand tu écouteras cette chanson par Lola Lafon (parlant d'Anne Frank)

p. 100

Elle se joue des identités, immigrée allemande et ardemment hollandaise. À peine pose-t-elle une affirmation qu'elle la raye d'un pourquoi, à peine dit-elle je qu'elle parle de nous, à peine a-t-elle douze ans qu'elle en a déjà quinze, à peine une adolescente, elle ne vivra pas assez longtemps pour être une femme.

La Faiseuse d'étoiles par Mélissa Da Costa

p. 100
Je collectionnais chacune de ces anecdotes comme autant de pierres précieuses à enfermer dans un joli coffret en bois. C'était notre rendez-vous au quotidien, à Maman et à moi, dans la douceur de la matinée. Maman lisait, se relevait et, chaque jour, sans exception, je réclamais la page du dessin de la cerise. Maman s'exécutait.

Junte-se para postar Junte-se para postar