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Sarko Ier (2007) — Illustrations — 7 cópias

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Riss prévient dès l'ouverture de son prologue qu'il est impossible d'écrire quoi que ce soit. "On pourra photographier, interviewer, filmer ou dessiner. Mais enfiler des mots les uns après les autres comme des perles sur un fil, en s'imaginant qu'on obtiendra un ravissant bijou, en vain. Se croire capable de partager cette expérience avec les autres est une entreprises perdue d'avance On ne transmet pas une désagrégation. On ne raconte pas un délitement."
Poutant, courageusement, rageusement, sans aucun misérabilisme, Riss tente de raconter l'indescriptible. L'attentat de Charlie hebdo dont il est sorti blessé mais vivant. Vivant mais mort. La mort rôde à toutes les lignes ou presque dans le livre. A travers les cadavres gisant à la morgue, cotoyés dans ses jeunes années en tant qu'assistant funéraire, les traumatismes de guerre qu'il a interrogés en tant que reporter, le massacre sous ses yeux de ses amis, sa rencontre avec sa propre mort en face. Une minute quarante-neuf secondes est le récit d'une rencontre intime avec la mort. Pourtant, Riss refuse d'être considéré comme une victime. Il préfère le terme "innocent" ; tous ceux qui ont été massacrés le 7 janvier 2015 étaient effectivement des innocents.
Un attentat d'une telle ampleur qui touche pour la première fois un organe de presse en France, en plein coeur de Paris, provoque l'onde de choc médiatique et psychologique que l'on sait. Les manifestations, les hommages, les jours de deuil national. Il provoque aussi le piège d'un oubli impossible pour les survivants du massacre. Y avait-on seulement pensé, nous qui ressentions le besoin de nous réunir partout et exprimer notre sentiment d'horreur et de solidarité ?
Riss profite également de son témoignage pour régler ses comptes avec les survivants peu sourcilleux du journal qui auraient bien aimé profiter du départ des grands, des idéalistes qui ont été l'âme de Charlie Hebdo, pour imposer un nouveau type d'actionnariat et s'enrichir. Il dénonce une certaine presse, trop heureuse la veille de scruter les symptômes d'un journal financièrement mal en point, trop heureuse au lendemain de l'attentat de trouver matière à de gros tirages inespérés.
Survivre à l'épouvante impose une existence qui ne ressemble jamais à celle d'avant. A l'image des rescapés des camps réduits au silence, Riss a la sensation d'évoluer parmi de futurs morts étourdis par l'illusion d'être en vie. Il se réfugie dans ses rêves, seuls espaces où il se sent encore à l'abri. Au moins pour un temps. Le choc post-traumatique est inévitable, à la hauteur de la violence subie.
"Les blessés ont du mal à exister. Ils ne sont pas morts et leurs noms ne sont inscrits nulle part. Mais il ne sont plus les vivants qu'ils étaient avant. Ils errent dans une zone grise, un no man's land où personne ne s'aventure, entre lumière et ténèbres".
Contrairement à Philippe Lançon qui raconte le long travail d'une reconstrution à la fois physique (chirurgicale) et psychologique, Riss s'en tient davantage aux effets de la destruction même s'il le fait avec retenue. A cet égard, il a bien raison de souligner que la violence suggérée (au cinéma, mais comme dans d'autres formes d'art) est bien plus efficace que la violence brute que l'on jette en pâture.
Le livre de Riss est fort, poignant et bien écrit. C'est un hommage sensible aux amis perdus mais aussi à la perte de ce que l'on a été, un témoignage implacable sur la mort en face et en direct.
Et qui continue forcément à nous hanter.
… (mais)
½
 
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biche1968 | Apr 25, 2020 |

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